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Le français, c’est pas facile / 5

Week-end d’adoubement pour l’ex-impétrant désormais récipiendaire de la candidature socialiste à l’élection présidentielle. Les media en profitent pour patauger dans le néologisme, dans des efforts désespérés pour créer un nom commun ou/et un adjectif qui puisse qualifier les partisans de telle ou telle personnalité politique. Y-a-t-il des règles en la matière, ou, par défaut, des traditions linguistiques? Jetons nous à l’eau.

Le point de départ de cette question appartient donc à François Hollande, dont les amis sont qualifiés de «hollandais». Or, le patronyme entre déjà en rivalité avec «l’autre pays du fromage» (1), voilà donc que ses habitants sont mis à contribution involontaire, ces hollandais de circonstance pouvant être perçus comme ‘étrangers’ (néerlandais, en v.o), parfois même comme particulièrement légers pour les mélomanes (chez Wagner, le Hollandais est Volant, puisqu’il renvoie à la légende du Vaisseau Fantôme). Il n’y a guère qu’au nord de la Gascogne qu’on apprécie des haut-landais, mais ceci est une autre histoire.

Quelques journalistes ont donc osé le ‘hollandiste’, sinon plus agréable à l’oreille, peut-être plus logique; en effet, nous avons en général trois façons de marquer une appartenance, en utilisant trois suffixes différents: -ais ou -ois, -iste, ou -ien. Après, c’est une question de racines et de sonorités à créer, et la syllabe (ou la lettre) finale n’y fait rien! En effet, à côté de ‘français’, ‘polonais’, ‘anglais’, ‘portugais’, ‘japonais’ ou…’néerlandais’, on trouve ‘suédois’, ‘danois’, ‘chinois’, mais aussi ‘norvégien’, ‘italien’, ‘autrichien’, ‘algérien’, ‘ukrainien’, ‘ivoirien’, ‘brésilien’, etc. Mais, quand le mot est trop ‘sec’, on le raccourcit: l’Allemagne donne ‘allemand’, la Belgique ‘belge’, la Russie ‘russe’, et la Suisse…

Tout dépend donc de l’imagination (si ce n’est parfois de l’imaginaire) des premiers qualificatifs que l’on a trouvés pour définir tel ou tel peuple, et c’est surtout une question de phonétique. Par exemple, ce qui est assez évident, c’est le caractère combattif voire militaire du suffixe -iste. L’Histoire fourmille de trostkystes (obligatoire à cause du ‘i’ final) mais aussi de titistes (Tito), de carlistes (Juan ou d’autres), de bonapartistes, de pétainistes, de…royalistes, légitimistes, voire séparatistes; tout cela a une connotation infiniment plus agressive, au moins d’un point de vue linguistique. On a dit aussi Juppéiste (et pas Juppéen), Aubriste (et pas Aubrien -O’Brien?- ou Aubrais), Mitterrandiste (parfois mitterrandien, comme adjectif plus ‘neutre’, alors que le mitterandiste est perçu comme le militant), Gaulliste (et donc parfois gaullien, avec le même raisonnement), et forcément…Sarkozyste (comme Trotskyste, enfin, d’un point de vue étymologique). Par contre, on a dit Pompidolien (à cause d’un pompidouiste certainement trop proche d’un pompiste?) et Chiraquien (parce que Chira-kyste…).

Voilà sans doute pourquoi le ‘hollandiste’ est plus souhaitable, nous verrons bien dans les mois à venir. Remarquez qu’on a plutôt eu de la chance, parce qu’un patronyme comme Valls aurait sans doute posé quelques problèmes (Vallsois? Vallseurs?), tout comme Baylet (Bayletteurs? Bayleyeurs?), sans oublier l’équivoque regrettable (pour une socialiste) d’avoir des Royalistes dans son camp; tout de même, le plus évident eût été le montebourgeois (par ailleurs gentilé des habitants de la commune de Montebourg, dans la Manche), terme tout à fait élégant sauf dans certains milieux nocturnes du début du 20è siècle, où ‘faire monter le bourgeois’ ne faisait pas spécialement allusion à la courbe des sondages…

(1)voir l’étymologie dans l’article consacré à François.


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