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Loukachenko (Alexander)

…à chaque élection depuis trente ans. Or, le « dernier dictateur d’Europe », comme le surnomment un certain nombre de ses homologues, suscite actuellement une réaction de contestation. L’homme restera-t-il pour longtemps ‘la lumière de Minsk’ (la capitale)? Peut-être, en tous cas étymologiquement.

Tel que les Européens de l’Ouest (et la majorité du monde) l’écrivent, le nom du-dit président est orthographié à la mode russe, pour ne pas dire soviétique, du temps où nombre de républiques socialistes aujourd’hui dissidentes obéissaient aux règles moscovites. Loukachenko est donc la graphie (l’écriture) occidentale de la version russe ‘Lukasenko’ (son prénom devenant alors Aleksandr), alors qu’en biélorusse il s’appelle Lukachenka (Aliaksandr) mais en réalité son vrai nom est celui de la terre de ses ancêtres (paternels), l’Ukraine, où il est dit Loukachenko (Oleksandr!).

Tout ça pour simplifier (hum…) les choses et en arriver à dire que son patronyme est composé d’une racine ‘louka-‘, suivie du suffixe traditionnel ‘-chenko’, qui dénote clairement une provenance ukrainienne (1). Selon la sonorité de votre état-civil, un Russe percevra donc immédiatement votre origine familiale (2), et éventuellement, à une certaine époque, votre rang social dans la Grande Russie. Bref…

Reste donc à faire toute la lumière sur ‘louka’; on ne peut pas mieux dire puisqu’on considère qu’il s’agit ici d’une variante du prénom Lukas ou Lucas, qui a donné Luc en français. A l’origine, il y a le mot grec ‘leukê’ qui signifie…blanc: les leuko(leuco)-cytes, ce sont les globules blancs, et la leukê(leucé)mie, la maladie éponyme; Leucate (ou Port Leucate), c’est la ville blanche (couleur de la falaise locale), etc…

Or, tous les Loukas ou les Luc (saints ou pas) n’étaient pas forcément des gens blanc-blanc mais qui avaient un rapport avec la lumière, une lumière éclatante (d’où le blanc) comme celle du soleil ou…de leur vie intérieure. Le ‘leukos’ grec va d’ailleurs être récupéré par les Latins avec ‘lux’, qui désigne non pas la richesse mais aussi bien la lumière éternelle (le « fiat lux »  de la Genèse) que le ‘savon de beauté des stars’ (réclame des années 1980), celui qui…illumine votre visage!

Une fois francisé, ce ‘lux’ va alors donner naissance à tous les Luc, surtout sous l’impulsion d’un évangéliste du 1er siècle après JC qui lui aussi voudra rédiger son -Nouveau- Testament; et donc par conséquent à la famille des Lucas (grecs), des Lucio (espagnols), Luciano (italiens) ou encore des Lucien (le petit Luc)…Côté filles, on a d’abord Lucie (la sainte scandinave qui ramène la lumière en hiver), Lucille (la petite Lucie) et aussi Lucette (une petite lumière).

Les Loukachenko devraient donc être particulièrement éclairés; mais quelques linguistes jouent sur le son ‘ou’ contenu dans la première syllabe pour rapprocher (à tort) le nom d’une forme dialectale de la racine grecque ‘loukas’ (‘lykos’, en version académique) qui veut dire le loup; c’est ainsi qu’on appelle les hommes-loups dans les dictionnaires, les ‘lycanthropes’ (lykos-anthropos, loup-homme).

Autre hypothèse (également erronée mais proche d’un point de vue sonore), les Loucaniens, les habitants de la Loucanie (ou Lucanie, aujourd’hui), une région du sud de l’Italie ainsi appelée parce que particulièrement boisée, d’après le terme celte ‘lucus’ (la petite forêt). Rien ne prouve donc que ces Loukaniens aient été des hommes-loups, et pourtant la curiosité locale a concerné pendant longtemps un monstre très particulier, le ‘louka-bos’ (ou bous) soit, littéralement, le ‘boeuf de Lucanie’, autre nom de…l’éléphant.

Défense d’y voir une raison de faire les cornes à Loukachenko, dans un Bélarus qui est l’un des rares pays au monde à n’avoir aucune devise (sur le blason) venue éclairer son peuple. Mais il faudra sans doute faire un jour toute la lumière sur son président; y compris étymologiquement!

  1. Voir les différentes connotations des suffixes d’(ex) influence russe dans l’article sur Matzneff.
  2. En français, bien que le ‘marquage’ se soit atténué, on comprend aisément que Jaouen, Martinez, Etcheverry, Giudicelli ou Zimmermann n’habit(ai)ent pas la même province. 

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