Mac Lessgy

…de l’animateur de la chaine M6 qui, depuis des années, rend faciles à comprendre des centaines de sujets concernant aussi bien la vie quotidienne que des domaines plus techniques. Clairement identifié par des paires de lunettes au style parfois psychédélique, il l’est aussi par un patronyme qui se passe de prénom apparent et qui sent bon les landes écossaises. Or, si Landes il y a, c’est plutôt du côté de Mont-de-Marsan (il est né à Biarritz) qu’il faut les chercher. Etonnant, non?

Ne cherchez pas non plus à résoudre la question avec la célèbre équation d’Einstein qui a inspiré le titre de son émission (E=M6), il s’agit évidemment d’un pseudo total…enfin, pas tout à fait : commençons par éclaircir ce ’Mac’ qui date de l’époque où le jeune Olivier Lesgourgues (son véritable état-civil!) commence à faire de la télé, en tous cas devant les caméras. Impossible de garder ce nom à l’antenne (1), il faut trouver quelque chose qui soit à la fois original mais surtout le plus possible ‘euphonique’, c’est-à-dire qui ‘sonne’ bien et qui soit suffisamment court pour être mémorisable, même si on n’en comprend pas d’emblée le sens.

Olivier aime l’Ecosse; il raconte lui-même que, dans la précipitation de sa prestation, c’est la raison pour laquelle il a choisi cette syllabe si emblématique des patronymes (pas tous) du nord du Royaume (encore) Uni. Quant à Lessgy, pas difficile maintenant de croire que c’est le surnom donné par des copains qui, comme beaucoup de gens, préfèrent abréger la prononciation d’un mot pour parler plus rapidement ou pour l’adapter à une sonorité peut-être plus familière…

Lessgy (prononcer…Laisse, Guy) a donc simplement le petit goût anglo-saxon (ou américain) d’une contraction de Lesgourgues (je ne sais pas non plus ce que donnerait le mot dans une cour d’école, les gourdes?). Ce qui nous oblige maintenant à chercher (et à trouver) le véritable sens de cette racine qui est plantée précisément dans le Sud-ouest. Une fois désagglutiné (décomposé), comme vous vous en doutez, en ‘les-gourgues’, on obtient donc l’article défini au pluriel (les) suivi par un mot occitan (gourgues). Ce mot est formé sur la syllabe ‘gourc’ (2) d’après le latin ‘gurges’, que l’on pourrait presque transposer presque directement dans le français ‘gorges’ à condition qu’elles soient profondes, comme celles du Verdon par exemple. Il s’agit en effet de désigner très précisément un gouffre et il a permis de qualifier plusieurs sites de ces régions, appelés Gourgon ou Le Gourgeon qui décrivent ainsi la topographie des lieux, à savoir un territoire où se trouvait une large excavation naturelle.

Dans les régions de langue d’Oc, en Haute-Garonne par exemple et jusque dans les Pyrénées-Orientales, on trouve également des Gourgot et même le diminutif Gourgottes (l’endroit des ‘petites profondeurs’); l’origine du mot est la même…Dans les Landes, le Gers ou le Lot & Garonne, où les dénivellations sont moins importantes, la gourgue va souvent désigner un simple ‘trou’ dans une rivière, puis par comparaison une réserve d’eau ou une dépression de terrain où stagne de l’eau. Conséquence: comme l’on connait peu de gorges montagneuses dans la région dacquoise, le sens initial va complètement se réduire.

Finalement, puisqu’on trouve de nombreux Lesgourgues et Gourgues en version simplifiée dans les Landes et en Gironde (2), on pense en général que ces variantes locales tiennent davantage leur nom d’un bourbier (au sens premier), c’est-à-dire d’un terrain boueux où se trouvait de l’eau dans des trous (une mare, une source peut-être) qui, initialement, devaient représenter un ‘gouffre’ (3). « C’est pas Marseille ici », mais quand même…en tous cas, étymologiquement!

(1) Trop long, trop compliqué à respecter et surtout trop « province » (presque du patois!).

(2) Et ‘gourg-‘ dès qu’il y a une voyelle derrière, par exemple.

(3) Voir la chronique sur Hossego(u)r !

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