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Malherbe (Apolline de)

…dont les interventions ne manquent pas de piquant (surtout en période électorale), au grand dam parfois de certains hommes et femmes politiques qui l’arracheraient volontiers de son siège. La question n’est pourtant pas si symbolique à en croire ce patronyme qu’elle a largement contribué à médiatiser (et pour cause) et dont la racine est assez facile à extraire, même s’il s’agit parfois de chiendent. 

Tout le monde pense en effet que ce nom ‘propre’ est formé de deux éléments communs, soit mal + herbe et pour une fois…c’est effectivement le cas, ce ‘mal’ ayant le sens de mauvais(e), avec un ‘L’ conservé tel quel puisque, le ‘h’ étant muet’, on se serait retrouvé avec un hiatus de deux voyelles si on avait gardé mau(pour mauvaise)-(h)erbe; alors que, dans Maucourt ou Mauvoisin par exemple, la question ne se pose pas (et le sens est le même).

Bref, il s’agit donc réellement d’une histoire de mauvaise herbe, dont l’origine semble -historiquement et linguistiquement- se situer dans une région plutôt connue aujourd’hui pour la qualité de ses pâturages, la Normandie. Au fil du temps, la malherbe a désigné au singulier une plante indésirable ou toxique, différemment identifiée selon les régions. Chiendent, chardon, pissenlit ou…malherbe (en Provence), la plante ainsi visée pouvait être soit un simple végétal qui envahissait un pré et dont la consommation pouvait être nocive pour les vaches par exemple; ou carrément une herbe malodorante, parfois utilisée en teinturerie.

Tout ça ne faisait donc pas les affaires de nos ancêtres, très sensibles à la qualité des terrains et de leurs qualités de culture éventuelle, d’où l’importance que pouvait prendre la malheureuse propriété d’une Malherbe(s), un domaine dont les prés étaient également de moins bonne qualité pour les animaux. Et de fait, dès le 12ème siècle, leur propriétaire avait pu écoper non seulement du surnom mais aussi, de par leur naissance, de la mention d’une particule nobiliaire, d’où les familles De Malherbe.

Il n’empêche que celui qui fit connaitre le nom le premier est un certain François (1555-1628), né à Caen (ça tombe plutôt bien), poète français généralement moins connu que ses contemporains tels Pierre de Ronsard ou Joachim du Bellay. Il faut dire que la littérature -populaire- n’a pas retenu beaucoup de ses écrits, en tout cas de jeunesse puisque, de son propre aveu, il ‘ronsardisait’, c’est-à-dire qu’il écrivait à la manière de ses aînés.

On dirait aujourd’hui qu’il composait des vers ‘ringards’ dans l’air du temps, comme un musicien moderne qui ferait de la variété par exemple; et pourtant, l’image qu’il laissera est celle d’un réformateur un poil sectaire, qui entreprendra de ‘dégasconiser’ la langue d’Henri IV alors pratiquée à la Cour, n’hésitant pas à ‘casser’ ceux qui ne suivaient pas ses exigences: à un confrère poète chez qui il était invité à diner et qui lui apportait ses compositions, il déclara: « Ne vous dérangez pas, je les connais et j’aime mieux votre potage »…

Dernier retournement de la postérité à l’égard de ce caractère entier: on attribue en général à son concurrent Ronsard la paternité des rares vers qu’il a réellement écrits dans une strophe de sa ‘Consolation à du Périer’: « …Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, l’espace d’un matin » (*). Ce qui ne saurait évidemment être le cas de celle dont le prénom (plus facile à porter de nos jours au féminin qu’au masculin!) évoque le dieu grec de la lumière, des arts et…de la poésie, une beauté qualifiée de ‘brillant’, ‘célèbre’ et ‘séduisant’ dans la mythologie.

Et pourtant, certains linguistes font remarquer que ‘Apollon’ (un ‘p’ et deux ‘l’) viendrait de la réunion de deux éléments soit ‘a+pollon’; comme souvent en grec, un ‘a’ devant un mot est dit privatif, c’est-à-dire qu’il supprime ou en enlève quelque chose; et ‘pollon’ est l’une des orthographes de l’adverbe ‘polus’ qui veut dire beaucoup. Du coup, Apollon signifierait plus ou moins… « Celui qui n’en fout pas une rame »! Au moins étymologiquement.

(*) Ronsard, c’est « Mignonne, allons voir si la rose… », d’où la confusion.


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