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Malnoue (la)

…a dit le voisin du champ où s’est déroulé le « Woodstock-en-Indre » interdit mais autorisé par la force des choses et les forces de l’ordre (on ne peut pas mieux dire) pour fêter le trentenaire du Teknival. Quelque trente mille ‘teufeurs’ ont donc croisé avec plus ou moins d’attention le petit panneau vicinal signalant le lit de la Malnoue sur le route de Villegongis, un site on ne peut mieux choisi, en tous cas étymologiquement et peut-être même historiquement.

Dans les vertes mais parfois obscures régions de France, il fut une époque où tout pouvait faire sens, surtout quand l’homme se retrouvait face à une Nature dont il ne comprenait pas le sens et, a-fortiori, ne maitrisait pas les effets. C’est ainsi qu’à la sortie du Moyen-Age, de forêts sacrées en sources divines, existent dans les territoires (et surtout l’esprit des habitants) des forces parfois diaboliques dont la Malnoue, la « fille du diable ».

Etymologiquement, le mot est composé de deux parties, en mal-noue; la première ne pose pas question, il s’agit bien de la racine latine ‘mal(us)’ qui a donné en français mal (au singulier) et maux (au pluriel, après ‘vocalisation’) et par conséquent tout ce qui commence par ‘mau-’ soit mauvais, maudit, etc…bref, tout ça n’est pas très enthousiasmant.

D’autant que la ‘noue’ est un ancien terme médiéval encore existant (la preuve) mais peu usité qui désigne un endroit marécageux; on le trouve encore sous la forme ‘noë’ (le tréma atteste de l’ancienne présence du ‘u’) en composition dans certains noms propres comme Delanoë (1). Si l’on cumule les deux éléments, cela nous fait un ‘mauvais marécage’ ou, dit autrement, une ‘méchante eau stagnante’ rarement appréciée par nos ancêtres car porteuse de toutes les brumes, brouillards et autres bruits inquiétants propices aux fantasmes effrayants.

De fait, la Malnoue de Sologne doit son nom à une nappe phréatique aux multiples résurgences ayant régulièrement entrainé des inondations donc la perte de récoltes et quelques noyades spectaculaires forcément provoquées par des créatures plongées dans les profondeurs des remous. Sans savoir que des sonos du diable viendraient les y réveiller un jour, les Malnoues habitaient les méandres lascifs des petits cours d’eau, des mares et des étangs, abondamment racontées par les légendes locales.

Chaque région ou presque ayant son Malin ou sa sorcière, l’autre célèbre Malnoue a jailli sous la plume de Marcel Aymé en 1943 sous le nom de « La Vouivre », également appelée le « Dragon du Jura», créature mythique et dangereuse qui attire le paysan alanguie sur les roseaux; on retrouve la même idée de l’autre côté du pays en Vendée, où la Vouivre locale ‘se meut comme un serpent entre les eaux’…Ne dit-on pas que les rivières ‘serpentent’ dans les prairies, la forme paresseuse des boucles semble toujours avoir posé problème à nos ancêtres.

A Villegongis (2), personne n’a vu passer d’autre vouivre devant les enceintes assourdissantes des DJ que quelques pâles post-adolescentes à la marche rendue épileptique par le beat des basses empilées sur l’herbe. Peut-être eût-il fallu une pluie battante pour arriver à creuser le sillon de quelques malnoues; en tous cas, s’il y a eu apparition de bouts de racines dans l’herbe, elles n’avaient rien d’étymologique.

(1) Voir la chronique consacrée à l’ancien maire de Paris, Bertrand D. (octobre 2012!)

(2) La commune où se trouvait le terrain occupé, arrondissement de Châteauroux.


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