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Marmotte (jour de la)

L’Amérique a des traditions bien curieuses: outre le fait de sauver de la guillotine tous les mois de décembre une pauvre dinde qui finira peut-être quand même sa vie dans les casseroles de la Maison-Blanche (depuis le temps, vous imaginez le nombre de vieilles dindes dans les poulaillers présidentiels?), les descendants de nos ancêtres transatlantiques se font un devoir, tous les 2 février, de perturber le sommeil d’une marmotte, histoire de voir quelle sera sa réaction…

Outre la peur de voir à son réveil forcé la jaune fourrure délavée et crânienne du maitre de la-dite Maison, la pauvre bestiole n’a évidemment qu’une hâte, c’est de rentrer se cacher dans son carton d’expédition, en foi de quoi nos oracles se mettent dans tous leurs états(unis) pour proclamer que la belle à la peluche dormante prédit un hiver long et rigoureux si elle repique à l’oreiller, ou un printemps précoce et doux si elle garde les yeux ouverts plus de trente secondes, les gratifiant au passage d’un coup de sifflet (*) du type ‘carton-rouge-laissez-moi-pioncer’.

Or, savez-vous que la marmotte, outre son terrier des montagnes, vient d’une onomatopée largement répandue dans plusieurs langues européennes, le son ‘marm-‘, qui évoque un murmure, pour ne pas dire un…marmonnement. Marmonner, marmotter, c’est d’ailleurs le même mot (si, si), l’un et l’autre illustrant la production d’une suite de bruits de gorge incompréhensibles, comme peut le faire un…marmot qui ne sait pas encore bien parler. Et s’il fait partie d’un groupe, c’est de la marmaille !

Vous allez me dire, mais puisqu’on vient de dire que le cri de la marmotte est le sifflet, elle ne ‘marmonne’ pas! D’un point de vue sonore, sans doute; mais regardez bien le mouvement de ses babines (même en silence), on dirait qu’elle parle en agitant les joues (ou alors, c’est qu’elle parle la bouche pleine); nos anciens ont pris l’image à la place du son, et le tour est joué. Du coup, le verbe marmotter, en usage ordinaire au 15ème siècle, est définitivement devenu marmonner, alors que le nom commun de la bestiole est resté pour qualifier, outre l’animal, toute chose qui pourrait ressembler à une touffe de fourrure, devenant ainsi, dans les années 1830, le mot idéal pour qualifier la coiffure féminine à la mode.

Alors ne vaut-il pas mieux éviter de chercher la petite bête au fond de son trou et faire davantage confiance aux météorologues? Ou alors, si vous tenez à faire preuve d’audace messieurs les américains, regardez plutôt au fond de la caverne si un ours ne peut pas vous renseigner davantage. Mais là, il ne va peut-être pas marmonner aussi facilement…

(*) oui, la marmotte siffle; c’est même son nom officiel dans la langue de Molière de Montréal, la ‘siffleuse’.


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