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Morin (Hervé)

«Comment, m’a écrit un lecteur assidu, vous parlez de Dupont-Aignan (Nicolas) et vous oubliez Morin (Hervé)?!». Certes, certes, j’allais oublier le dernier grand candidat à l’élection présidentielle, nous allons donc réparer cette erreur immédiatement, pour éviter de laisser le président du Nouveau Centre dans une obscurité médiatique que pourrait pourtant expliquer une ‘sombritude’ étymologique, comme dirait qui vous savez. A nom connu, explication simple, mais pas forcément claire, pour ne pas dire carrément…foncée!

En effet, comme le savent ou le supposent beaucoup de personnes intéressées par la linguistique, Morin est tout simplement une variante de Maurin, terme quasi-générique qui renvoie à tout ce qui, historiquement, pouvait être qualifié de…’maure’. La version qui nous intéresse est surtout fréquente en Normandie (on ne peut pas faire plus régionaliste qu’Hervé), mais aussi en Touraine, ou encore, sous une forme un peu plus longue, en Poitou (Morinaud) et Charentes (Morineau). Rajoutons des Morain et les très classiques Moreau, et voilà la grande famille de ceux qui ont le teint basané.

On a souvent fait une confusion avec une idée d’influence « arabe » (le type de gens à la peau mate, qui frappait le plus nos ancêtres), puisque les Maures ont longtemps servi de substantif unique aux peuples d’Afrique du Nord (la preuve, le ‘pays des Maures’, s’appelle la…Mauritanie); or, dans la langue française du Moyen-Age, le maurin (ou morin, donc) est tout simplement celui qui est ‘bronzé par le soleil’, pas forcément des gens du sud mais d’un statut quasi-social qui classe les gens tannés parmi les paysans, au contraire des nobles qui ont les moyens de s’abriter des rayons et de cultiver leur pâleur (rehaussée pendant des siècles, y compris pour les hommes, par des couches de fard et de poudre).

Dans le Midi, le Maurin n’a rien d’un étranger, comme le prouve le célèbre ‘Maurin des Maures’ (celui qui habite le massif de roches…brunes de la Méditerranée), pas plus que les Corses, dont le drapeau est entièrement consacré à une tête de  maure, ne sont des ‘africains’. Dans la partie supérieure de la France, le (désormais) Morin n’a même pas besoin de se protéger du soleil: en effet, au nord de la Loire, un morin est un…fabricant ou un vendeur d’étoffes, car il négocie ce que l’on appelait du ‘moré’, tissu de couleur sombre évidemment; en l’occurrence l’étymologie ne porte donc pas sur la peau de la personne mais sur l’objet qu’il manipule. Les Morin de Normandie pouvaient donc être blonds avec des taches de rousseur sans aucune équivoque avec d’hypothétiques ancêtres qui auraient croisé quelque sarrazin sur une branche de leur arbre généalogique.

Il faut croire que la famille de notre Hervé est large, car il faut également raccorder à ce patronyme les More (tout simplement), les Morel (comme l’acteur Jacques), Morelle, Morelon (comme le cycliste Daniel, diminutif des précédents), les Morand (comme Paul), les Morandini (comme Jean-Marc -oui, je sais, on trouve de tout), voilà pour les drapiers de tissu foncé, version en langue d’oïl (nord).

Si l’on garde la diphtongue ‘au’, qui évoquent pluôt des gens foncés, il faut rajouter à la suite des Maurin (comme l’actrice Mado, mère de Patrick Dewaere), les Maurel, les Maurant, les Mauras (ou Maurras, comme l’homme politique Charles), les Maurois (comme l’auteur André (1) et les Mauriac (comme François), sans oublier les Mauroy (comme Pierre, ex-premier ministre)…

On pourrait même en trouver d’autres, car cette racine a poussé comme des champignons, la preuve: à cause de ses alvéoles de couleurs brunes et noires (donc maures), c’est également l’étymologie des…morilles (maurilles)! A déguster sans doute avec un confit de morillon (ce canard au plumage sombre) cuisiné aux…morillons (le raisin noir), tout en caressant votre moricaud (le chien de poil brun) assis à vos côtés, en attendant un galop digestif sur votre cheval moreau (à robe foncée). Finalement, avec une racine pareille, voilà qui fait beaucoup de monde autour d’Hervé Morin, ce dont il ne se plaindra probablement pas…

(1)pseudonyme d’Émile Salomon Wilhelm Herzog, çà ne s’invente pas!


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