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Néchin (Belgique)

Tout au bout de la rue de Néchin à Toufflers (ça, c’est du côté français), on arrive sur la rue de la Reine Astrid (du côté belge) qui nous mène jusqu’à Néchin, insignifiante commune de l’agglomération d’Estaimpuis. En quelques heures, l’endroit sera devenu très signifiant, car symptômatique d’une volonté d’évasion fiscale. Après la ville qui vit tomber D’Artagnan (Maastricht), celle qui vit monter Blücher (Waterloo), voici donc une autre cité belge qui suscite un scandale historique. Néchin, vous avez dit Néchin? Comme c’est mesquin! Or Néchin, ce n’est pas minable, c’est seulement… nouveau.

Dans le patois local, Néchin est en effet l’équivalent du français Villeneuve (Villenave, en Gascogne) ou Neuville, ce qui revient au même puisqu’on inverse simplement les deux éléments qui composent ce mot: l’adjectif ‘neu’ (ou neuve, ou néo, ou new) et le nom commun ‘ville’, qu’il faut prendre non pas au sens de cité mais de domaine, tel qu’on l’entendait à l’époque (gallo)romaine. Ce Né-chin wallon est donc un nouveau domaine, que l’on peut comprendre comme la nouvelle propriété, ou le nouveau territoire, voire la nouvelle ‘patrie’ du Gégé en rogne. Pas de quoi pour autant se jeter du haut du puits, encore que…

Car Néchin est donc l’un des ‘quartiers’ ou arrondissements -dirait-on en France- de la commune d’Estaimpuis, mot à l’aspect aussi engageant pour une langue parisienne qu’un ciel bas à faire pendre un canard. Et pourtant, l’exercice d’analyse est facile, et illustre parfaitement le mécanisme de la toponymie, la technique qui permet de nommer un lieu. Disons d’abord que nous allons oublier les frontières actuelles, pour considérer la région dans ses dimensions les plus larges, à savoir une zone ouverte où se côtoient (et parfois s’affrontent) le ‘français de France’, le ‘français du Nord’ (le picard) et le néerlandais du sud, le flamand.

Ce qui nous donne Estaimpuis en français, Timpu (abréviation de Es-timpu-is) en picard, et Steenput en flamand. Or, pour une fois, c’est sans doute cette dernière version qui est la plus facile à comprendre: dans ‘steenput’, il y a steen-put, soit d’abord l’ancienne racine germanique ‘staina’ qui va donner ‘stein’ (en allemand), ‘stone’ (en anglais) et autre ‘steen’ (en nerlandais, donc); steen signigie ‘la pierre’. Vient ensuite le ‘put’ si évocateur aux oreilles francophones*, que l’on peut ici immédiatement mélanger au ‘-puis’ de ‘Estampuis’, pour obtenir le…puits. Le steenput désigne dont l’endroit où il y avait un puits en pierre, terme inventé pour différencier un ouvrage maçonné d’un simple trou dans la terre pour puiser l’eau.

Je ne sais pas si cette double localisation apportera de l’eau au moulin de l’illustre Gérard, mais on sait ce qui arrive quand on se penche trop au bord du puits…

* C’est ainsi que l’on comprend aisément l’étymologie de Mme Van de Put (ou Putte, dans certaines communes du Hainaut): il s’agit tout simplement de…Mme Du-puis, celle qui vient du (van de) puits (Putte), comme vous l’aviez toujours imaginé.

**Ironie de l’actualité: Si Néchin signifie nouveau domaine (puis nouvelle ville, comme le français Villeneuve), c’est exactement la définition de…Newtown, le lieu de la fusillade dans l’école américaine!


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