Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

Otage(s)

C’est le mot que vous avez souvent entendu sur toutes les antennes radio et tv pendant 24 heures, et il est en général prononcé par des (non)usagers déçus de la SNCF en raison d’un mouvement social spontané; il ne s’agit pas de « grève » d’ailleurs, comme l’ont répété à l’envi et à tort les media en question, mais de « droit de retrait », disposition d’urgence destinée à garantir la sécurité d’un salarié, quel qu’il soit. Or, les « otages » de la compagnie ferroviaire eussent dû être contents: étymologiquement, ils vont être reçus par le prince et hébergés gratuitement!

En effet, le sens du mot ‘otage’ est à la fois très ancien et très ambigu, pour ne pas dire ambivalent. A l’origine, il y a une racine d’origine germanique, qui est « ghis » (qu’on retrouve dans le -age’ de otage); cette racine signifie…l’héritier. C’est d’ailleurs sur cette racine que vont se former toute la famille de ce que nous appelons aujourd’hui les prénoms tels que Ghislain, Gisèle, Guilain, Gilles, Gilbert, etc. Bref, que vient faire ici cette histoire de filiation? C’est tout simplement que le premier sens d’otage est en quelque sorte celui d’un…invité. Forcé? Pas du tout (ou presque). L’héritier dont il est question, c’est le fils d’un roi ou d’un prince, qui était l’hôte (même racine que otage!) du vainqueur d’un combat ou du bénéficiaire d’un traité; le fiston royal était pris en charge et honoré par son…hôte (dont il était l’hôte, vous suivez?), le temps que le père de l’otage donne des garanties ou exécute les clauses du traité.

Ce qui explique largement, même en sautant dix siècles d’un coup, cette équivoque permanente autour du terme. Car, si on comprend bien que ‘otage’ a un aspect coercitif, les autres mots français formés sur la même racine sont totalement ambivalents: On commence par ‘hôte’ donc, qui peut être, selon la personne qui parle, autant celui qui vous reçoit à diner que celui qui est reçu à sa table; idem pour « l’endroit où l’on reçoit ses hôtes », un…hôtel (hostel en vieux-français, comme il existe encore hostage en anglais); on peut continuer avec une autre « maison d’hôtes », un peu plus spéciaux ceux-là puisqu’il s’agit de malades: on va l’appeler (en latin) ‘hospitalis domus’ (mot à mot: la maison des hôtes), dont on va ne conserver que le premier mot qui est un adjectif, ‘hospitalem’ devenant évidemment hôpital, lequel ne rime pas toujours avec son ‘déverbal’ (un mot découlant d’un autre), à savoir…hospitalier!

Petite remarque au passage : le grand établissement parisien l’Hôtel-Dieu est donc bien un « hospital sous la protection de Dieu » et non un Campanile réservé aux bonnes-soeurs…Autre remarque: selon les régions et les patois, vous trouverez une foule de mots (ost, oust, et leurs composés) évoquant un lieu d’accueil, que ce soit en montagne (Pyrénées), en campagne (une auberge), ou dans d’autres pays d’influence romane (Espagne, Italie). Même démarche pour toutes les familles Lhote, Lhostis et bien sûr Lhotelier (avec ou sans ‘h’), tous ces mots faisant allusion à un ancêtre qui pouvait aller de l’aubergiste à l’infirmier (des Croisades souvent, comme l’ordre des Hospitaliers -qui l’étaient fort peu d’ailleurs-).

Avant de vous libérer, revenons à nos otages, dont vous comprenez maintenant que, étymologiquement, ils correspondent peu à la situation généralement constatée lors de grèves dans les services publics: en effet, les usagers, passagers, touristes ou voyageurs quels qu’ils soient, sont rarement accueillis dans la ‘maison du patron’ et nourris à ses frais jusqu’à règlement du conflit; d’autre part, même côté ‘otage’, il y a abus de langage, car un otage est retenu prisonnier par son ‘preneur’; or, en l’occurrence, il y défaut de prestation de service, mais on vous force rarement à monter dans les trains (au contraire); ensuite, le terme concerne essentiellement des revendications politiques (sinon, on parle d’enlèvement ou de rapt); et enfin, être otage suppose que la vie de la personne retenue soit en danger et sous condition d’une exigence à remplir (une rançon). Eh bien, croyez-moi si vous voulez, mais quand il m’est arrivé d’être bloqué en pleine voie dans un TGV, personne n’a fait monter les enchères pour venir me chercher!


N'hésitez pas à soutenir ce site ! Il vous est possible de faire un don libre pour assurer un contenu régulier et sans publicité. Votre participation serait grandement appréciée !

 
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.