Palmade (Pierre)

…à entendre son nom une centaine de fois par jour, toutes éditions presse ou audio-visuel confondues. Le ‘simple’ fait-divers d’un accident sur une route départementale sous emprise de stupéfiant devient une affaire médiatique nationale inespérée pour ‘tenir’ des heures d’antenne sans avoir toutes les conclusions des enquêtes. On peut aimer ou pas l’humoriste (ou le comédien, ça dépend de l’angle du reportage), l’étymologie de son nom évoque en fait ses succès au théâtre (coïncidence) mais surtout une situation d’ »Affaire conclue »!

Commençons par le plus évident (ce n’est pas toujours le cas): oui, oui, Palmade a un rapport avec ‘palme’, la palme ou les palmes du palmier comme vous voulez, et ce sous toutes ses formes; le mot est formé de la racine ‘palm-‘ (indispensable) et d’un suffixe ‘-ade’ assez classique qui exprime une abondance ou une multitude. Comme déjà évoqué ici dans d’autres chroniques, une rigol-ade est une suite de rires ou de moments joyeux, une pétar-ade une suite de bruits explosifs, une déband-ade la fuite de plusieurs personnes dans tous les sens, une fusill-ade une série de coups de feu, une anchoï-ade un plat avec un mélange d’anchois, une marmel-ade une confiture de…coings (d’après l’ancien espagnol ‘mermel’), etc…  

Bref la palmade, à l’origine, c’est une chose qui a à voir avec la main, dont la partie la plus large s’appelle une palme mais vous connaissez mieux la version ‘vocalisée’ (1) en…paume. La paume de la main, c’est ce qui ressemble le plus (sur une radiographie) à une branche de…palmier, c’est-à-dire un écartement de rameaux à partir d’un tronc ou d’une tige centrale. Chez l’homme, cet à-plat permet non seulement de balancer une gifle à un gamin (2) mais aussi de frapper une balle pour la renvoyer contre un mur, spécialement si vous habitez (enfin si vous êtes né) en Pays Basque (3)…

Dans un contexte plus général, la ‘palmada’ (sous sa forme occitane) définissait le mouvement de frappe que se donnaient deux parties pour conclure un marché ou une vente (4). En ‘français parisien’, la palmée ou la « paumée » (!) est devenue la façon dont on concluait une enchère, non pas pour acheter un bijou ou du bétail mais spécialement un terrain. Et vous savez quoi? Plutôt une surface de grande dimension ou plantée de nombreux arbres (forcément une forêt de feuillus parce que les plantations de palmiers, dans la France du Moyen-Age…) Nous revoilà donc avec le sens complet de palm-ade!

Notez que nos voisins européens utilisent également des variantes de ‘Palmade’ comme noms propres: on parle de Palm, de Palmans ou de Van der Palme en flamand, ou de Palmer en saxon (germanique, avant de devenir anglo) mais pour eux, il s’agit bien d’une allusion directe à l’arbre à palmes, en tous cas symboliquement. En effet, les familles qui portent ce nom sont souvent des descendants de pèlerins qui sont allés autrefois en terre Sainte et que l’on reconnaissait à leur retour car ils portaient l’insigne de la palme (de Jérusalem) sur leurs vêtements!

Gardons pour en finir avec les palmes non pas le symbole du mérite académique (les Palmes de l’Université), ni le bibelot en or décerné au Festival de Cannes mais le tout premier sens des paumes de la main, celles que l’on frappe l’une contre l’autre quand on a apprécié le spectacle d’un humoriste. Au moins étymologiquement…

(1) Pour des raisons phonétiques, le L s’est transformé en voyelle U, très normalement comme dans chevaL/chevaUx, canaL/canaUx, etc…

(2) Jusqu’à la fin du 20è siècle…

(3) Pour jouer en intérieur dans les salles de gym du Palais des Tuileries, ce sera évidemment ‘le Jeu de Paume’… 

(4) En v.o marseillaise moderne « Tope-là, con… »

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