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Perdriau (Gaël)

…trop forte, c’est de s’organiser pour qu’elle arrive dans l’actualité fortuitement (ou pas). Exemple : pendant que les supporteurs (en français) soutiennent (idem) leur équipe et se demandent s’il faut dénoncer (ou pas) certaines pratiques dans le football, d’autres tentent de faire taire (ou pas) des médias qui continuent à s’intéresser à « l’affaire de la sex-tape » dont est victime l’adjoint au maire de la ville de St-Etienne (Loire), filmé à l’insu de son plein gré et en bonne (?) compagnie dans une chambre d’hôtel. Soupçonné d’être lui-même impliqué dans l’histoire, le maire n’est pourtant pas un « perdreau de l’année », bien que…

Cette expression très courante n’a rien ici de désobligeant ni de gratuit puisque l’origine du mot renvoie très exactement à l’oiseau de nos campagnes ! Très répandu en région Poitou-Charentes voire un peu plus haut (1), le patronyme Perdriau ou Pertriaux (en version un peu plus ‘sèche’) se trouve également en Perdriaud, Perdriault et Perdriaux, autres variantes régionales plus ou moins patoisantes de la façon de prononcer…perdrix (2).

Selon les habitudes générales de l’onomastique (la ‘science’ des noms de famille) que vous connaissez sans doute si vous lisez ces chroniques depuis quelque temps, on se dit qu’il n’y a là rien de bien compliqué et qu’on se trouve très probablement devant un cas de métonymie (le transfert d’un détail sur une généralité ou inversement); les Perdriau seraient donc des chasseurs de perdrix «…avançant dans les marais couverts de brume à cinq heures du matin avec leur fusil dans les mains… » (3). Possible effectivement mais pas obligatoire du tout, sinon la ‘règle’ voudrait alors que nos ancêtres chasseurs, pour mériter ce surnom, ne tuassent que cette espèce, ce qu’on peut difficilement imaginer (4)!

Attachons-nous d’abord à cette perdrix dont le diminutif ‘perdriseau’ a perdu son ’s’ au fil du temps pour arriver à perdrieau puis ce perdriau qui nous intéresse; le nom signifie donc exactement « petite-perdrix », nuance que l’on ne peut pas rayer ici d’un trait (de plume, évidemment): il semble que cette nuance lui a même valu pendant quelque temps le sens de « homme peureux comme une perdrix »…Or, après quelques soubresauts au fil du temps pour créer une ‘perdriz’ (12è s) puis une ‘perdris’ (16è s), c’est en fait le latin ‘perdix’ qui était le véritable nid de toute cette couvée. 

Encore une fois, les Romains avaient emprunté et transféré tel quel ce terme ornithologique très spécialisé d’après le grec…’perdix’ (l’un et l’autre rajouteront un ‘r’ derrière le ‘d’ par un effet de phonétique classique); et c’est là que cela devient plein de surprises…

En effet, dans de nombreuses traditions et légendes anciennes – à commencer par la mythologie grecque – la perdrix est un oiseau sacré (qui ne l’est pas, à l’époque?) mais aussi très équivoque, symbole de « l’amour qui se fait remarquer » (par son cri inimitable); cet appel à la copulation (aviaire, bien sûr) fait de lui une créature « lascive », aux yeux d’une beauté inégalée (dans la tradition indienne) et qui attire les mâles en se dandinant (comportement réel de l’oiseau).

De plus, coïncidence troublante (et vérifiée): la ‘structure préhistorique’ de la racine ‘perdrix’ s’appuie sur les deux sons  « ps-ch »; or, circule pendant des siècles dans tout le bassin méditerranéen un mot arabe équivalent qui décrit quelque chose ou quelqu’un qui ‘claudique’, qui se dandine d’un pied ou d’une patte sur l’autre, stratégie de fuite que les chasseurs modernes prendront pour une ruse de l’oiseau qui veut faire croire qu’il est blessé avant de s’envoler à nouveau sous le nez de l’homme…Plus fort encore, on retrouve le même sens dans la tradition juive pour qualifier des « danses boitillantes » traditionnelles de la fête de Pâques, le mot hébreu ‘pessah’ (la pâque) s’inspirant de la même formule du base ps-ch!.

Je m’en voudrais de ne pas signaler pour terminer que, chez plusieurs poètes grecs anciens (avant l’époque dite classique), la perdrix femelle est reconnue comme l’image de la grande tentatrice sexuelle, allant, pendant la couvaison, jusqu’à rejeter les mâles alors obligés de s’accoupler entre eux (sic). Et cette fois, loin des micros et caméras en usage au 21è siècle…

(1) Pour une fois ça tombe bien, Gaël est né à Cholet (Maine & Loire)

(2) Et même Perdriel,  comme Claude journaliste et patron de presse (« Le Nouvel Obs »)

(3) In « Le chasseur » (Michel Delpech, 1974)

(4) Un chasseur, ça chasse, même les promeneurs dans les bois ou les campagnards dans leur jardin.


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