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Alaphilippe (Julian)

Beaucoup de questions au sujet du patronyme de la révélation de ce Tour de France 2019, quel que soit le nombre d’étapes que le coureur aura effectuées en jaune. Notre « n°1 un mondial », après avoir participé à quasiment toutes les courses possibles sur la planète, aura en effet saisi l’occasion de la Grande Boucle pour se tailler une notoriété qui laisse parfois perplexes certains fans; si, si, c’est bien Alaphilippe, en un seul mot.

On connaissait bien les Philippe tout court, le plus souvent comme prénom mais aussi comme nom (un Premier Ministre, par exemple), dont on sait depuis longtemps l’étymologie facile bien qu’un peu simpliste: la réunion de deux syllabes issues de mots d’origine grecque, phil + (h)ippe, la première en rapport avec le verbe aimer; la seconde, avec un ‘h’ devenu muet dans la combinaison et qui aura disparu, concernant les chevaux, comme tout ce qui est hipp-ique, hippo-potame (le cheval du fleuve) ou hippo-campe (le cheval ‘monstrueux’ parce que marin, dans l’esprit des Grecs).

Cela n’empêche pas Julian d’aimer les chevaux bien sûr, mais son nom actuel n’est en fait qu’une conséquence dérivée de ces racines. Car dans Alaphilippe, il y a ‘a-la-philippe’ (l’eussiez-vous cru?) pour ne pas dire ‘à la Philippe’, ce qui nous met assez nettement sur la piste d’un toponyme, un nom de lieu. Il n’est donc pas question d’une comparaison par exemple (à la manière de Philippe) ni d’un lien quelconque (l’horrible barbarisme « c’est le frère à Philippe »), mais d’un endroit où habitait ou d’où venait ‘la’ Philippe…

C’est justement là que se trouve la perplexité, puisque Philippe n’est pas Philippine (ni Philippa, éventuellement), il est bien perçu comme -et c’est réellement- un prénom masculin. ‘La’ Philippe était donc la femme-de-Philippe, un matronyme formé pour assurer la continuité d’une lignée en l’absence du mâle, pour cause de mort par maladie (les grandes épidémies de l’Histoire), de mort à la guerre (faites votre choix) ou tout simplement parfois par ‘absence conjugale’…

Le procédé n’est pas fréquent certes, mais on trouve, plus spécifiquement dans la région Centre, des Laclémence (le fils de) et même des…Alaclémence, des Lalaurence, et des Lamartine (comme l’auteur Alphonse de, dont la forme première était d’ailleurs Alamartine!). La majorité des patronymes utilisant ce procédé ont fait souche dans la région du Berry (Indre, Cher) et périphérie (Loir-et-Cher, Allier), ça tombe bien c’est celle du cycliste saintamandois (*).

Si les Alamartine ont eu l’honneur de prendre directement le prénom de la mère abandonnée et/ou supposée veuve, il se peut également que, pour des raisons un peu plus ‘sexistes’, ce ne soit ‘que’ la femme de Martin’, question qui ne se pose même pas pour celle de Philippe qui a hérité directement du transfert masculin.

Mais ne mettez pas tous les ‘Ala…’ dans le même sac, comme les Alaric (version contractée Alric) qui viennent, eux, de deux racines germaniques qui signifient (dans l’ordre) ‘tout-puissant’. Idem pour les Alavoine, pour désigner ceux ‘qui ont de’ ou qui travaillent à l’avoine (comme à l’usine) avant de confier la récolte aux batteurs, les Balavoine (celui qui bat l’avoine) comme le chanteur Daniel.

Restera donc dans les mémoires ce vêtement jaune hérité en 1919 de la couleur des pages du journal L’Auto (et non l’Equipe qui a repris le principe), une teinte qui se remarque dans le peloton autant que dans un oeuf. La seule obligation est de ne pas confondre les coutures: dans le jaune, il ne faut pas mélanger les gilets et les maillots.

(*) Comment vous ne connaissez pas les habitants de St-Amand-Montrond, capitale du Boischaut-sud, entre Bourges et Montluçon?


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