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Arsène

…Arsène, prénom dont quasiment plus personne ne voudrait  baptiser son rejeton au début du 21ème siècle. Dans les cours d’école, la finale particulièrement sonore est perçue comme étrange (art-scène, are saine) et même carrément ironique dans les années 1950 car assimilée à ‘arsouille’ (soûlard, ivre), totalement à tort bien sûr. C’est juste au moment où décline la circulation du mot que naissent les derniers Arsène connus (tous deux alsaciens), un joueur de football devenu entraineur (Wenger) et un certain Heitz (Henri, en français), peintre (mé)connu qui aurait eu l’idée et dessiné la maquette du drapeau européen en s’inspirant de la perfection graphique des douze étoiles posées sur la tête de la Vierge.

En voilà des mecs, des vrais. Car, concurrençant le traditionnel prénom viril hérité des grecs, André, formé sur l’adjectif ‘anèr’ (l’homme, par opposition à la femme ou au jeune homme, c’est-à-dire celui qui a fait ses preuves de vigueur ou d’honneur), voici l’Arsène, le mâle, ce qui n’est pas tout à fait pareil : celui-là est un violent, un pervers, pour ne pas dire parfois un tueur. Et pour cause, c’est le voisin (de dictionnaire) de…l’arsenic! 

Bon, à l’origine, pas de quoi déclencher une enquête criminelle immédiatement, d’autant que le mot grec ‘arsèn’ (en fait ‘arrèn’, avant que l’un des ‘r’ ne se transforme en sifflante) vient du vocabulaire technique de la construction et désigne très précisément un tenon, la partie mâle qui pénètre dans la mortaise -suivez mon regard- ou, plus généralement une languette.

Je ne vous fais pas l’injure de vous forcer à imaginer quelle languette peut être caractéristique du corps masculin, laquelle apparait dans le théâtre des comédies grecques (pas toujours très fines) dès le 5ème siècle avant JC. Du coup, ‘arsène’ ou ‘arsénique’ (l’adjectif) prend le sens d’énergique, puissant (dans tous les sens), y compris pour qualifier la voix tonitruante d’un mec, forcément masculin.

L’idée de puissance va se retourner contre la racine même du mot, puisqu’on va attribuer une action fulgurante (plus ou moins selon la variété, mais donc ..virile!) au métalloïde toxique qui s’illustrera plusieurs fois au cours de l’Histoire dans des affaires d’empoisonnement. Seul un auteur de théâtre américain (1) du milieu du 20ème siècle en fera un argument dramatique en l’associant à des « vieilles dentelles » définitivement immortalisées au cinéma (2).

Par contre, même si le-dit poison fait partie de tout un…arsenal de produits, ce dernier mot n’a rien à voir avec notre Arsène puisque, depuis le 13ème siècle, il concerne un dépôt de matériel, d’équipements ou de machines (en général militaires), d’après l’italien ‘arsenale’, lui-même emprunté à l’arabe ‘al-sina’a (l’art de la mécanique). 

Quoi qu’il en soit, avec ce qui s’attache au caractère énergique et efficace des Arsène, l’arsenic est donc en quelque sorte « le perturbateur neurologique qui agit de façon musclée et forte comme un homme ». Depuis le début, le message était donc clair. Y compris étymologiquement.

(1) Joseph Kesselring

(2) Frank Capra, id. (1944)


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