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Barjot (Frigide)

Il serait bien malvenu de faire le moindre commentaire sur la sonorité du nom de la passionaria des clubs gays parisiens (!) des années 90, une chroniqueuse mondaine (je n’ai pas trouvé la rubrique professionnelle au répertoire des métiers) qui s’est choisie un pseudonyme avec un prénom pour le moins…réfrigérant, dans un jeu de mots un peu ‘barge’ qui renvoie directement à une autre blonde, pas forcément moins allumée à certains moments. Il n’empêche, l’objet de cette rubrique étant de vous faire partager le plus linguistiquement -et donc objectivement- possible l’étymologie des noms, il est stupéfiant, une fois de plus, de constater à quel point le vrai sens des patronymes réserve des surprises, même cachés derrière un pseudonyme.

Pour l’Etat-Civil, elle s’appelle en effet Virginie Tellenne (c’est moins spectaculaire pour les medias), du nom de son mari Bruno (qui ‘opère’, lui, sous le pseudo de Basile de Koch!); Tellenne, c’est un mot qui a fait souche dans la région lyonnaise, ou plutôt devrait-on dire, dans le lit du Rhône, puisque cette racine est d’origine…néerlandaise. Il s’agit en effet de la francisation d’un verbe flamand, probablement ‘descendu’ du Nord de l’Europe à la faveur des avancées germaines pré-moyennâgeuses, qui est  »tellen », ce qui signifie ‘dire’ ou ‘raconter’. On retrouve le même concept en saxon (qui deviendra anglo-) avec le verbe ‘to tell’. Pour quelqu’un qui la ramène en permanence…Or, ‘tellen’ a un second sens (plus fréquent, même) qui est ‘compter’ ou ‘décompter’, que ce soit pour compter les points d’un match ou dénombrer les participants à une manifestation, si vous voyez ce que je veux dire…

Par ailleurs, avant son mariage, Mlle Virginie portait le nom de son papa, Mr Merle, surnom traditionnel et systématique que nos ancêtres donnaient à un homme qui chantait en permanence, et plutôt bien. (D’où l’expression «Chante, beau merle…»). Il faut donc croire que la lointaine descendante du citoyen Merle continue à (per?)siffler avec adresse et sans compter. Ce qui fait d’elle la cousine linguistique des Lemerle, Merlet, Merlot (rien à voir avec le cépage) ou le diminutif féminin Lamerlette…A ceux qui trouveraient le procédé un peu surprenant, voyez combien de milliers de familles, pour des raisons parallèles, s’appellent Rossignol (là encore, un beau chanteur), Loiseau (no comment), Lecoq (en général, un petit amateur de poules), Colomb (comme Christophe, le pigeon des Amériques), ou enfin Lagache (variante de Lagasse, à décomposer en l’agasse, appellation originelle de la pie). Pour ne prendre qu’un exemple étranger, le célèbre compositeur Piotr Illitch Tchaïkowsky portait le nom russe de la mouette (ou du vanneau, il y a équivoque), soit ‘(t)chaïka’. Incroyable mais vrai: la version abrégée de Tchaïkowsky est donc Tchekov, comme Anton, l’auteur de…’La Mouette’!

Tant qu’on est dans les plumes diverses, il faut également noter que l’autre nom de la grive ‘mauvis’, que l’on appelle parfois ‘le petit barge’, a pour diminutif le bargeot ou barjot, ce qui est quand même assez inattendu! Du coup, on peut terminer en se demandant comment on en est arrivé à cet adjectif ‘barjot’ qui a pris le sens de cinglé, farfelu, parfois téméraire. Barjot est un mot très récent (début du 20è siècle) qui est le verlan (la prononciation inversée) de ‘jobard’, à savoir ‘fou comme Job’, personnage biblique qui continuait à garder foi en Dieu malgré toutes les catastrophes qui lui tombaient dessus. Ce qui a fait de jobard le surnom de quelqu’un de niais et sans intelligence, définition identique à barjot, même inversé.

Certains prétendent qu’on doit le mot (tenez-vous bien) à l’amiral Pierre Barjot, commandant en chef des forces aéronavales françaises lors de la crise du Canal de Suez en 1956. Il aurait ordonné à ses unités une action risquée (mais néanmoins réussie) qui aurait inspiré à ses pairs cet épithète désormais peu flatteur…Finalement, au vu de l’ambiance des défilés actuels, l’Histoire ne se répète-t-elle pas toujours un peu? En tous cas, étymologiquement.


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