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Bedos (Guy)

Pas de panique, ceci n’est pas une chronique d’hommage, et l’humoriste est toujours parmi nous;  la raison de ce coup de projecteur étymologique est simple: Guy ne nous a pas quittés, il nous quitte; je veux dire qu’il fait ses adieux à la scène, en débutant ces jours-ci une tournée nommée «Rideau», on ne peut pas faire plus clair. Or, si le personnage est connu, le patronyme qu’il porte semble tout à fait simple mais pas évident (1) pour autant. Que diriez-vous d’une petite plongée dans les racines linguistiques de ce mot?

Première étape: contrairement à la généalogie notoire de notre homme, Bedos n’a rien d’un mot arabe, pas même mâtiné d’influence coloniale, et ce, pour deux raisons majeures: Quand les patronymes prennent forme et commencent à se ‘figer’ pour désigner les uns et les autres, nous ne sommes encore qu’au Moyen-Age, et il faudra attendre largement cinq siècles pour que les français mettent le pied en Algérie; un aïeul de Guy ne peut donc être ‘arrivé’ au mieux que dans les années 1830. Le nom est donc typiquement ‘métropolitain’, sauf à imaginer un ancêtre parti pour les Croisades et ayant fait le choix de rester en Afrique du Nord, ce qui semble peu probable, les rares occidentaux restant chez les «Sarrazins» de l’époque n’étant plus en état de revenir et encore moins de le raconter.

L’autre argument est strictement linguistique: même s’il ne faut pas en faire une règle prioritaire, le vocable a toutes les apparences d’un mot occitan (du sud de la France), avec une terminaison ‘-os’, qui peut être un très ancien héritage gaulois (faux, ici) ou une influence languedocienne.

De fait, les Bedos ont laissé des traces dans la région du Roussillon principalement, en tant que surnom désignant des gens…qui ont des difficultés d’élocution (sic!), ou une particularité vocale, type bégaiement, cheveu sur la langue ou zozotement (2). Voilà donc un patronyme ‘exporté’ par quelque famille du sud dont un lointain géniteur bafouillait un peu, et qui a fait souche pendant quelques générations de l’autre côté de la Méditerranée.

Comme tout mot occitan, il convient de bien faire sonner le ‘s’ final de Bedos (bedosse), car il est hors de question de faire équivoque «à la parisienne» en prononçant Bedo, que l’on pourrait comprendre… Bedeau, un nom qui par ailleurs existe bien (surtout en Ile de France, justement), et qui désigne à l’origine un simple officier de justice, souvent chargé de porter des plis d’une administration à l’autre. Plus tard, tour à tour sergent de ville ou huissier d’Université, il faut attendre le 17è siècle (donc «très tard») pour que le bedeau entre non pas en religion mais seulement à l’église: en fait, contrairement à ce que l’on croit parfois, il reste un agent laïc, uniquement chargé d’ouvrir le passage (avec une canne) à un prêtre ou à un dignitaire au milieu des fidèles. La connotation religieuse apparaîtra plus tard via la littérature, au fil de romans, contes ou nouvelles, que l’on doit -entre autres- à Alexandre Dumas, Gustave Flaubert ou Alphonse Daudet (3).

On conçoit aisément que notre Guy n’ait pas beaucoup d’affinités avec ce bedau-là, surtout qu’il a existé une forme ‘non vocalisée’ de ce mot, c’est à dire que le ‘u’ ou ‘au’ final n’avait pas encore remplacé un ‘L’ antérieur. Il existe donc une variante ‘bedel’, qui qualifiait, au Moyen-Age, des fonctionnaires chargés de la surveillance extérieure des villes. Or, comme ces gens-là étaient parfois mal (ou pas) payés, ils vendaient leurs services ‘de sécurité’ aux plus offrants, sans oublier quelques pillages aux alentours, devenant ainsi dans l’inconscient collectif synonymes de « soldats mercenaires ».

Enfin, on ne peut pas passer sous silence que ‘Bedel’ fut l’un des noms du bien nommé Jean Bokassa, ex-sergent (!) de l’armée française et feu empereur africain aux pratiques largement décriées par beaucoup d’instances internationales, pour soupçons de cannibalisme et de…pillages. Décidément, voilà un mot qui bégaie sous toutes ses formes!

(1) Adjectif utilisé sciemment, ici au sens (théorique) de «qui se voit du premier coup d’oeil» (é-vid-ent: comme vidéo, voir), et non pas celui de «facile ou simple» comme on l’emploie au général.
(2) Si çà, ce n’est pas preuve qu’il n’y a aucun rapport entre un nom de famille et celui qui le porte de nos jours…
(3) Egalement: réécoutez la chanson de J.Brel «Les Flamandes»


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Un commentaire au sujet de Bedos (Guy)

  1. L’oeuvre de F. Mistral « Lou tresor dou felibrige » dictionnaire des parlers languedocien et provençal nous donne de nombreuses explications et détails et on peut considérer comme référence son contenu. Vous trouverez pour « bedos » les explications que vous recherchez. Il s’agit d’un mot languedocien mais également utilisé en franco-provençal, la prononciation du « s » final est de règle coté languedocien mais pas du coté provençal ou franco provençal. Le surnom donné aux gens du Vivarais (actuellement Ardèche) les bedos du Vivarais en atteste, dans ce cas le « s » final ne se prononce pas. Une association de supporteurs venant de l’Ardèche du club de foot de St Etienne porte le nom de « Les bedos au coeur vert » en référence à cette dénomination ancienne.
    Le nom de famille est présent encore dans tous les départements de la sphère languedocienne malgré les émigrations, de la Lozère jusqu’à l’Aude en passant par l’Aveyron, l’Hérault, le Gard et les Fenouillèdes, partie languedocienne des Pyrénées Orientales.
    Ce nom de famille a été porté par quelques personnages qui se sont rendus célèbres au cours de l’histoire, Raymond Bedos qui fut capitoul en 1438 à Toulouse, Bedos de Celles, facteur d’orgue, Jean Bedos, maire d »Agde en 1900,…et bien d’autres

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