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Beltrame (Arnaud)

Petite -et modeste- contribution à la mémoire du désormais promu colonel auquel la France rend un hommage national pour fait de bravoure et dont le nom pose question à de nombreux internautes qui m’ont sollicité à ce sujet…De fait, si, en première lecture, le mot semble quelque peu énigmatique, il livre pourtant rapidement son étymologie grâce à quelques phénomènes linguistiques que vous avez déjà rencontrés plusieurs fois dans ces colonnes.

Parmi les premières remarques reçues, la recommandation simple (voire simpliste) maintes fois affirmée ici: ‘ne cherchez pas la complication, la clé de l’énigme se trouve souvent dans la prononciation, soit le son le plus primaire possible’…J’ai donc reçu des propositions de ‘belle trame’, et même ‘bel drame’ (orthographe médiévale possible pour beau, évidemment), avec peut-être une petite lacune du côté ‘logique’ (trame de quoi? De tissu, d’où l’évocation d’un tisserand? Drame, au sens ancien d’action? Oui, mais laquelle?). En fait, rien de tout cela ici, mais ce n’est pas compliqué pour autant.

Ce Beltrame, que l’on trouve aussi sous la forme Beltram et Beltran dans le sud de la France (et même Beltrà en Catalogne), en Beltrami ou Beltramo en Italie (plus leurs diminutifs Beltramini et Beltramino), est une transformation de Bertram, que l’on trouve cette fois en région Nord, et pour cause: le nom est d’origine germanique, et associe deux racines clairement nordiques, ‘berth’ + (h)ramm, soit l’adjectif ‘brillant’ + l’idée d’un corbeau.

Le ‘berth’ en question donnera plus tard tous les noms qualifiant des gens autrefois brillants, c’est-à-dire célèbres de par leur fonction (Berthe de Laon, dite Berthe-aux-grands-pieds, rien moins que la femme de Pépin le bref et donc la mère de Charlemagne), ou pour des raisons plus guerrières, plus tard déclinées dans tous les composés dont Albert (adal, noble+berth), Robert (hrod, la gloire + berth), et autres plus rares Aldebert ou Sigisbert.

Selon les régions où le son s’est diffusé, et donc les habitudes de prononciations locales, ‘berth-hramm’ a parfois subi une influence linguistique dite ‘liquide’, souvent portée sur les consonnes ‘l, m, n, r’; vous connaissez peut-être des gens qui rrrroulent tellement les ‘r’ qu’on a l’impression qu’ils disent ‘l’, c’est exactement cela. Le montage des deux syllabes a donc donné finalement Beltram(e) et toutes ses variantes, pour surnommer un ancêtre dont la première appellation a bien sûr gardé le son initial soit…Bertrand en français.

Les Bertrand, Beltrame et compagnie (c’est le cas de le dire, pour des oiseaux) évoquent donc -probablement- des gens à la plume (de vêtement, de casque?) brillante, avec une connotation à laquelle vous ne vous attendez peut-être pas, qui est celle de la…lumière. En effet, contrairement à l’image ‘moderne’ et surtout occidentale que l’on a donnée au corbeau à cause de sa couleur (la noirceur, y compris morale, du dénonciateur), toutes les mythologies attestent au contraire du caractère solaire du volatile.

En Chine, au Japon, en Inde, et jusqu’en Grèce où il est associé au soleil d’Apollon, il est un assistant fidèle des dieux, tout comme en Scandinavie (animal de compagnie d’Odin) ou en Afrique où il sert de guide -y compris spirituel- aux élus, tout comme dans la Bible, lorsque Noé le charge de vérifier le décrue des eaux avant de libérer les êtres vivant à son bord!

Logiquement donc, dans toutes ces traditions et pendant des siècles, le corbeau est…blanc. Il semble que l’inversion de couleur soit intervenue à l’apparition du christianisme, à cause de son cri strident qui le fait classer, avec la hyène par exemple, dans les ‘animaux du diable’, d’où sa mauvaise réputation. Et pour justifier sa couleur, on dit que le dieu Lug (corbeau, en celte), un jour furieux de son infidélité, le transforma en oiseau noir avant de le jeter sur une colline où il proliféra, marquant ainsi l’emplacement de la ville de Lug-dunum (future Lyon).

Je ne garantis pas les informations de ce dernier paragraphe, sauf à insister sur le ‘berth’ du nom de notre Arnaud, dont l’esprit devrait planer définitivement parmi les personnes célèbres. Y compris étymologiquement.

ps: sur le même patronyme, tapez le prénom pour lire ‘’la Fable du Bertrand’’, consacrée en août 2015 à Xavier, ex-ministre et aujourd’hui président de la Région Hauts-de-France.


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