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Bernal (Egan)

Comme quelques autres sportifs à l’état-civil ‘résumé’ (Neymar, par exemple) il s’appelle en fait Egan Arley Bernal Gomez -c’est plus fatigant à dire sans bafouiller sur les plateaux télé- et c’est un pur produit (étymologique) évidemment européen. Normal, allez-vous penser, c’est le cas -hors vestiges autochtones- de la majorité des noms de famille émigrés sur le continent américain, qu’ils se soient implantés dans le nord anglo-saxon ou le sud hispanique. Sauf que là, notre cycliste au teint mat et à la tignasse noir de jais descend de (ou remonte à, s’il préfère la pente) une histoire typiquement germanique et…basque!

« Oh, Gloire impérissable (1) de la Colombie », tel est l’hymne national et sans doute le thème de l’accueil qui sera réservé au premier vainqueur du Tour de France venu du pays sinon ‘de’ du moins dédié (par des…Vénézuéliens) à Christophe Colomb, d’où le nom. Il faut dire que les explorateurs n’avaient pas encore bouclé toutes les étapes de cette région qui mord également à l’époque sur les actuels Pérou, Equateur, Brésil et même Panama, vraiment une grande boucle!

Le vainqueur 2019 dont les médias (français) prétendent « qu’il (r)entre dans l’Histoire par la grande porte de la plus belle course du monde » en oubliant juste qu’il vient de gagner le Tour de Suisse et Paris-Nice (rien, quoi) a désormais des chances de conserver ce nom à rallonge pour l’éternité et nous oblige donc à passer en revue chaque élément d’identité du bonhomme.

Le basque, c’est ce prénom Egan de lointaine ascendance, fusion des deux mots exclusifs que sont hegi (qui perdra le ‘h’) + gain (qui perdra le ‘i’), toponyme de facture classique dans ce pays de collines et de montagnes qui situe -probablement- la demeure ancestrale sur une crête (gain) forcément en hauteur (hegi). En forçant un tout petit peu le pourcentage de la pente, on arrive à la même idée avec l’actuel Etchegaray (etxe-garai, maison-montagne).

** Notez que la citation hâtive par certains médias d’une origine gaëlique (celte) d’un prénom homonyme qui signifie ‘le petit feu’ ne tient pas du tout compte de l’histoire familiale (ni de la logique!) et est donc fantaisiste. Dommage pour le sens figuré de ‘jeune combattant’ qui aurait si bien collé à la situation!

D’ailleurs, pourquoi ne pas imaginer une implantation géographique proprement colombienne, la diaspora basque étant l’une des plus larges et anciennes dans le monde (2). La racine a donc eu le temps de faire partie du répertoire local, sans pour autant toujours garder consciemment son sens originel. Ce qui est sans doute également le cas de ce Arley franchement inattendu car britannique, forme archaïque du copain d’Arthur Davidson qui prendra un jour un ‘h’ pour devenir William Harley et fabriquer des motos. A l’époque de Shakespeare, un ‘arley’ désignait une ‘prairie aux lièvres’, un terrain de chasse sans doute mais aussi un coéquipier bien utile pour se laisser aspirer dans le peloton…

Et c’est la grande bascule sur deux termes carrément plus nordiques (y compris Gomez!), à commencer par ce Bernal peu familier aux Français mais plus connus en…Espagne – toujours le même circuit – patronyme catalan de source germanique construit sur les sons ‘bern’ (l’ours) et ‘wald’ (commander), les quelques ‘ours qui gouvernent’ connus dans le sud de la France s’étant très logiquement transformés en Bernaud après vocalisation (passage du L en U). Il est vrai qu’on connait davantage ici les ‘ours forts’ (bern-hardt), le concept est juste un peu plus inhabituel mais désignait sans doute comme d’habitude un chef d’armée connu pour son caractère grognon.

Même trajectoire étonnante pour ce Gomez bien madrilène, ou pour la variante portugaise Gomes, Gomis en Galice et même parfois Gomiz, toutes issues d’un ‘gomo’ nettement plus guttural qualifiant tout simplement un homme, probablement au sens d’un être libre, esclave insoumis ou délivré d’un envahisseur, idée déjà notée ici pour parler de ‘pays des Hommes Libres’, Roumanie ou Burkina-Fasso! Signalons aussi que quelques linguistes rattachent ce terme à une racine…arabe (passée par le sultanat d’Espagne?), avec un sens à peu près identique.

Finalement, même s’il a probablement sué sang et eau pour passer certains cols, Egan n’a pas eu besoin de faire couler « le sang qui baigne la terre de Colomb » (3) sauf peut-être en chantant son hymne national. De quoi monter sur la crête des sondages de son pays dans les temps prochains, y compris donc étymologiquement.

(1) En v.o: ‘immarcesible’ (idem en français avec un ’c’ de plus après le ’s’), à sortir lors d’un diner en ville si vous voulez frimer académique…

(2) Principalement en Argentine, Chili et…Colombie; ne dit-on pas également que les plus grands clubs de pelote sont ceux de Miami ou de Los Angelès?`

(3) « Qu’un sang impur abreuve nos sillons », c’est pas du pur romantisme non plus…


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