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Bielsa (Marcelo)

Que vous soyez amateur de football ou pas, vous avez été obligés de connaitre (et peut-être de suivre, selon votre favori) le récent match au sommet entre les équipes de Marseille et de Paris, autrement dit l’OM et le PSG (*). Sur le banc de touche,  »El Loco (le fou) Bielsa », flamboyant entraineur argentin et manager des marseilais dont certains redoutent les coups de gueule ou, dit autrement, le coulage de bielle; pourtant, rien ne serait plus logique, en tout cas étymologiquement, et voici pourquoi…

Quelle est l’origine, linguistique et géographique, de ce nom pas forcément très parlant (sauf si vous avez la chance d’être né du côté des Pyrénées)? Premier indice: sa famille argentine, sauf à être de souche amérindienne, est forcément arrivée, un jour, du vieux continent. Et, contrairement à ce que certains s’imaginent parfois, Marcelo n’est pas Marcello, donc aucune provenance italienne mais bien espagnole. Comme des milliers d’autres migrants à travers les siècles (y compris jusqu’au 20ème; il n’y a pas eu que les colons de Christophe ou de Fernando -Magellan-). D’un certain point de vue historique donc culturel, l’Argentine a été ‘espagnole’ comme le Brésil a été ‘portugais’, au moins pendant un certain temps.

Or, parmi ces exilés en Amérique du Sud, il y avait un (ou des) descendant(s) d’un ancêtre qui portait un toponyme, définition que vous connaissez bien maintenant pour signifier un nom de lieu, celui de sa naissance, du village ou de région dont il venait, ou encore la vallée où il s’était installé. Voilà qui tombe bien: il y a, quelque part dans les montagnes d’Aragon (province basque du nord de l’Espagne, tout près de la frontière française), une petite ville qui s’appelle…Bielsa, forcément bielsa!

Car on ne peut pas faire plus clair en matière de racine étymologique: ‘bielsa’ est une variante de ‘vielsa’, en vertu de la traditionnelle alternance sonore que l’on a déjà trouvé très souvent ici, entre le ‘v’ et le ‘b’ (vino, prononcé bino; vida, prononcé bida, etc). Et si vous laissez en Espagne la terminaison ‘-sa’, typique d’un locatif (un nom de lieu), vous trouvez, de ce côté-ci de la frontière, des Vielle (et non pas Vieille) comme dans Vielle-Aure (Hautes-Pyrénées), formées sur le gascon ‘vièla’, lui-même issu du latin ‘villa’, au sens habituel de domaine agricole (et non pas de résidence secondaire sur la Côte).

(petit rappel) Ce qui était perçu comme un seul corps de bâtiment chez les Romains regroupait en fait plusieurs dépendances (logements des esclaves, hangars, écuries, silos et autres constructions annexes); l’idée de ‘ferme’ a donc évolué au cours des siècles vers celle de groupe de maisons, donc de hameau puis de…villa-ge, et enfin de vill-e dès qu’il y a eu beaucoup de maisons.

C’est ainsi que vous trouvez tant de ‘vielle’ en France, à commencer par une Bielle encore d’influence espagnole (Pyrénées-Atlantiques, au sud de Pau, dans la vallée d’Ossau, tout près de Bilhères, variante de…Vilhères, ‘les petites villas’); ainsi que toutes les Viella (Htes-Pyrénées, Gers), Vielle-Aure ou Vielle-Adour (Htes-Pyrénées), jusque dans les Landes où; chaque année, les touristes parisiens cherchent où est la vie(i)lle de St-Girons.

Mais au fait, cette histoire de bielle? Aucun rapport évidemment entre la pièce du moteur de votre voiture, laquelle vient d’une histoire de…ventilateur, ou du moins de ventilation! On doit en effet l’idée encore aux Romains, lesquels désignaient ainsi une simple fourche en bois qui servait à vanner le blé ou à aérer le foin. Quinze siècles plus tard, la forme de l’outil va inspirer (dit-on) à des ‘mécaniciens’ allemands un système de manivelles (longtemps associées à ‘bielle’) à destination des moulins à vent (pour récupérer l’énergie), système qui sera progressivement amélioré puis intégré dans des moteurs, avec le succès -et les risques- que vous savez.

Alors, si un jour vous rencontrez un monsieur ou une madame Bielle (ça existe), vous saurez qu’ils n’ont rien à voir avec un garage mais très probablement avec un village gascon. En tout cas, voilà qui prouve bien pourquoi Marcelo ne peut en aucun cas couler une bielle. Y compris étymologiquement.

(*) encore dans cet ordre-là sur le tableau de la Ligue, après un match disputé…


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