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Bobet (Louison)

Si le maillot jaune du moment appartient au ‘btitannique’ Mark Cavendish (*), l’étape bretonne de ce jour permet de donner un coup de chapeau (ou de casquette) au célèbre triple vainqueur du Tour de France Louis (Pierre-Marie, dit Louison) Bobet; ses successeurs vont en effet traverser son territoire rennais de naissance, la commune de St Méen (Le Grand). Mais quelle est donc la signification de ce patronyme qui ne sonne pas tellement armoricain? Bobo ou bobard?

Eh bien les deux, en tout cas après analyse linguistique, mais ce n’est pas forcément ce que vous croyez…Bobet se compose d’une racine (bob-) et d’un suffixe (-et); si le second a sa fonction habituelle de diminutif (le petit, ou le fils de), la première partie est plus étonnante, et plus inattendue aussi puisqu’il s’agit d’une simple onomatopée, comme bébé ou baba! Le bruit de cette syllabe très sonore se retrouve dans toute une famille de noms, généralement assez courts, et qui ont tous eu, au fil des siècles, une connotation plus ou moins péjorative de…tromperie, duperie, présomption ou orgueil.

A côté des Bobet, c’est en effet le cas des Bobey, Bobin, Bobel ou Bobeau (que l’on a parfois écrit Bobo justement, ou encore Baubeau ou Baubet); la majeure partie de ces patronymes ont fait souche dans la région normando-bretonne (actuels départements de la Mayenne, de la Sarthe ou de l’Ille & Vilaine par exemple) sans toutefois appartenir à l’un ou à l’autre des dialectes locaux, puisque le mot est emprunté au latin ‘balbus’, qui signifie…bègue. Pour être plus précis, chez les Romains, l’adjectif désigne quelqu’un qui a des difficultés à parler, soit ‘physiologiquement’ (le bégaiement), soit ‘psychologiquement’ (un trouble qui cache le mensonge), ce qui n’est pas tout à fait pareil!

Bon, sans perdre de vue le principe de base de l’onomastique, qui fait d’un patronyme le surnom de votre (lointain) ancêtre, il ne saurait être question d’en déduire quoi que ce soit sur l’honnêteté sportive ou les qualités d’élocution de notre champion français. D’autant que la relation entre ce ‘balbus’ (pas barbus) latin et le ‘bobet’ moderne ne semble pas aller de soi, au moins du point de vue de l’orthographe…En fait si, car l’évolution -tout à fait normale- du mot a été la suivante: ‘balbus’ a subi une vocalisation (le L s’est transformé en U, donnant ‘baubus’ comme ‘calvus’ a donné c(h)auve, ou cheval, chevau(x). Puis de ‘baubus’ à bobus puis bobet, le son reste le même, mais va être écrit différemment selon les époques, jusqu’à notre graphie actuelle.

Mais alors, pourquoi ce double sens un brin malicieux? Parce que les Latins pensaient que les gens qui étaient ‘balbus’ avaient forcément les pensées en vrac; d’où cette double orientation de bégaiement (les idées ne sont pas bien connectées avec la parole) et de roublardise (il faut trouver les mots pour cacher ses pensées). Ca vaut ce que ça vaut question pédagogie, mais le résultat est le même, de façon plus ou moins pathologique.

La même équivoque va rester dans le vocabulaire français, via deux mots de même racine qui vont clairement exprimer (si j’ose dire) cette dualité: d’un côté, hésiter en parlant va se dire ‘balbu-tier’ (on ne peut pas faire plus précis); de l’autre, celui qui cherche à tromper quelqu’un va lui raconter un ‘bobard’! Difficile de faire la part des choses, même étymologiquement.

(*) en fait, il est mannois (Ile de Man, nuance pour les historiens et les géographes); retrouvez l’étymologie de son nom dans la chronique qui lui est consacrée depuis une victoire d’étape en 2011 (tapez Cavendish dans le champ de recherche en haut à droite de cette page)


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