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Bourriquette

Comme il l’a souvent été mentionné dans ces chroniques, le français doit beaucoup à l’arabe, y compris linguistiquement parlant. C’est le cas de ce ‘surnom’, diminutif forcément affectueux, dont la presse nous apprend que c’est celui dont l’ex-président Chirac gratifie sa Bernadette d’épouse. Certes, cette version féminine du personnage larmoyant du film de Walt Disney  »Winnie l’Ourson » évoque un petit âne attendrissant dont on n’est pas tout à fait certain de trouver l’écho dans la détermination obstinée de Mme Chirac, sauf peut-être étymologiquement.

Commençons donc par regrouper tous les termes homonymes qui tournent autour de l’étymon (1) espagnol de ‘burro’, sans tenir compte de l’orthographe. Cela nous donne un petit troupeau de bourro, burrico, bourrico, bourricot ou bourriquot; puis, avec un suffixe plus académique, des bourriquet et donc bourriquette…Fidèle au sens original d’âne, voilà qui évoque une traduction française du style ‘mon petit âne’ ou ‘ma petite ânesse’, le problème étant de distinguer (ou pas!) ce qui tient là-dedans du mot tendre ou au contraire moqueur, et pis si inimitiés. Car traiter quelqu’un d’âne n’est pas tout à fait neutre.

Si peu d’ailleurs qu’il s’agit bien d’une expression nettement marquée par un colonialisme ‘récent’ (la fin du 19ème siècle) dont l’argot s’est développé principalement lors des campagnes d’Afrique du Nord. Le fait est que le mot fait son apparition dans le contexte très particulier des chantiers industriels algériens, largement repris dans les casernes militaires pour qualifier un homme qui a à se plaindre de sa situation ou de ses conditions de travail; un ‘fayot’, quoi…

Est-ce par allusion avec justement une charge de travail exagérée (chargé comme une…mule), une comparaison avec l’animal de bât le plus répandu dans le pays, ou encore -disent certains- en raison de la tenue grise et noire (comme les ânes) des ouvriers? Toujours est-il que l’idée d’un travailleur pas très fûté (2) va se répandre dans la culture colonial(ist)e, jusqu’à désigner un élève de bas niveau scolaire, puis n’importe quelle personne qui ne comprend pas ce qu’on lui dit ou qui n’obéit pas rapidement.

Ultime connotation méprisante: si le bourricot s’adresse le plus souvent à des hommes, il n’empêche que l’original espagnol ‘borrico’ concerne en fait moins un diminutif que le féminin (3), une ânesse! Vous allez me dire, un âne ou une ânesse, c’est…’kif-kif bourricot’ justement, littéralement en arabe, ‘du pareil au même comme deux ânes’; ou bien encore, selon une traduction un rien (involontairement?) humoristique que l’on trouve dans certains dictionnaires, c’est ‘bonnet blanc et blanc bonnet’. Sans aucun doute, un bonnet d’âne…

Heureusement, le petit dernier de la famille étymologique vient surprendre tout le monde, puisqu’on trouve une version encore plus péjorative que ‘bourricot’ formé sur la même racine, c’est un ‘bourrin’, qui ne manque pas lui aussi de qualifier un homme pas très ouvert intellectuellement, ou qui a tendance à foncer sans réfléchir. Enfin ça, c’était le sens initial parce que, paradoxalement, en restant dans le monde animal, le bourrin a pris du galon -et surtout du garrot- pour désigner un cheval! Oh, bien sûr, pas un pur-sang, ni même un cheval…arabe; sauf étymologiquement peut-être.

(1) le mot initial.
(2) contrairement à ce qu’on croit, les ânes ne sont pas (si) bêtes.
(3) voire pire, comme tous les animaux ‘trans-genre’ issus de croisements bâtards, comme un hémione, un onagre ou un baudet.


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