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CIZERON / PAPADAKIS

Les voici quadruples champions d’Europe depuis la récente compétition à Moscou. « De bon augure pour les prochains Jeux Olympiques d’hiver en Corée », comme disent tous les médias spécialisés ou pas, le couple de patineur(-euse) français a séduit le jury sur le thème de la « Sonate au clair de lune » de Beethoven, en accomplissant un magistral duo sur glace (six secondes en fin de journal, pourtant): un seigneur possesseur de châteaux et une petite-fille de prêtre crétois!

Enfin…prenez cet état-civil au sens étymologique, parce que Guillaume Cizeron et Gabriella Papadakis sont nés en Auvergne, assez loin du foyer sémantique de leur patronyme, en tout cas pour elle. En effet, vous ne trouverez pas étonnant de confirmer que Papadakis est un nom d’origine grecque, ou plus précisément crétoise; c’est ce suffixe en ‘-akis’ qui signe généralement la provenance géographique des ancêtres de la patineuse. Au cours de l’Histoire, ce ou ces crétois ont pu quitter leur île et ‘émigrer’ vers le Péloponnèse (la partie continentale proprement athénienne du pays), et, de là, essaimer tout autour de la Méditerranée (souvent vers la future…Algérie).

Papadakis se compose de deux parties, ‘papa-‘ + ‘-dakis’, comme vous vous en doutiez. Le second élément est une sorte de génitif, un complément de nom qui a souvent fonction de filiation (le fils ou la fille de); vous vous dites alors que tout cela est très logique: on comprend immédiatement que papadakis est donc tout simplement une ‘fille de papa’ (à défaut de fille à papa). Or, les choses ne sont pas si simples, du moins à l’origine. Ce ‘papa’ (en fait pappas, orthographe grecque) est en réalité le (sur)nom d’un prêtre; mais il est vrai que, tout comme les Leprêtre ou les Lévêque en France, cela ne signifie pas forcément que le ministre du culte en question est le géniteur propre de sa descendance (encore que…).

Pour ces patronymes français, il est fait question de comparaison entre le comportement (ou le vêtement) d’une personne et celui de l’ecclésiatique visé; un Leprêtre était donc quelqu’un de grave, cérémonieux, ou même hautain; parfois habillé de noir ou de la couleur d’un officiant. Rien de plus…Le cas du ‘papa’ grec est un peu différent: on est parti de la fonction propre de prêtre en tant qu’autorité morale s’exerçant sur la ‘famille paroissiale’; d’où, très rapidement, le sens de ‘patriarche’, l’âge respectable et la barbe blanche aidant parfois au transfert dans la famille au sens génétique. C’est évidemment ce qui donnera le terme ‘papa’ (l’ennemi préféré de maman), repris à quelques variantes sonores près dans quasiment toutes les langues du monde.

Le vrai fils à papa, c’est (c’était) peut-être le cizeron, un terme de la fin du Moyen-Age, dont la fréquente orthographe ‘sizeron’ laisse à penser qu’il est à rattacher au ‘suzerain’, l’homme qui représentait l’autorité de l’Etat dans un territoire donné, celui qui avait la possibilité d’allouer terres et/ou châteaux à des vassaux.
Suzerain étant l’étymon (le mot ‘de base’), suzeron ou sizeron devient alors une forme de diminutif, avec le suffixe ‘-on’, exactement comme garçon est le diminutif de gars, ou moucheron est celui de mouche! De fait, on trouve dans toute la vallée de la Loire des Ciseron, Siseron et autre Sizeran(ne) qui sont probablement le titre de fonction d’un lointain ancêtre de notre patineur…

Sachez que quelques linguistes invoquent également un phénomène linguistique appelé métathèse (une inversion de sons ou de syllabes tout à fait classique mais parfois un peu tirée par la queue des cerises) pour faire l’hypothèse que ce ‘ciseron’ pourrait être une transformation de…cerison, autrement dit, justement, l’homme qui possède des cerisiers ou le vendeur de cerises! Mais ça, ce serait plutôt sur le gâteau que je la verrais. Au moins étymologiquement.


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4 commentaires au sujet de CIZERON / PAPADAKIS

  1. Pour avoir fait pas mal de recherches, le patronyme CIZERON vient beaucoup plus vraisemblablement de 6 Hérons que l’on retrouve sur les blasons de la famille au Puy en Velay et en Bourgogne.
    Le Héron étant la symbole du courage en héraldique, cela correspondrait bien à Guillaume.

  2. Bonjour,

    Je salue vos efforts de recherche, qui vous ont peut-être conduit à généraliser une coïncidence héraldique dont je doute pas (la présence de 6 hérons sur le blason de sa famille). La question est quand même de savoir si c’est le cas des autres familles homonymes; et surtout pourquoi on aurait fait -pour une fois!- une liaison bien peu opportune en oubliant le ‘h aspiré; et aussi l’accent aigu! Avez-vous d’autres éléments dans vos recherches?

    Mais il est vrai que de nombreux patronymes, comme des lieux, sont parfois retranscrits à un moment donné par des personnes qui ont tendance à ‘forcer’ le sens via un jeu de mots qui entre plus ou moins vite dans ce que l’on appelle « le roman familial ».

    Je pense qu’un article ne suffirait pas à citer tous les vraies-fausses étymologies dans ce domaine; une série pourrait être intéressante à l’avenir.

    Merci de votre intérêt pour ce blog et pour votre intervention.

  3. Bonsoir,
    La généalogie et l’héraldique sont la source de mon hypothèse quand à l’origine du nom CIZERON. Je me suis tout d’abord intéressé à la branche ardéchoise de laquelle je suis issu. Aucun blason, aucune noblesse. et là, un blocage au 17 eme siècle plus aucune trace du patronyme dans les villages alentours.
    En élargissant, je retrouve un notaire Royal dans une autre partie de l’Ardèche, puis la branche la plus « prolifique » dans la Loire.
    Mais les plus anciennes données sont apparemment au Puy en Velay au 13 et 14 eme siècle. Hélas, le manque de temps et le manque de compétences pour déchiffrer ces documents sont venus à bout de ma ténacité. La retraite approchant, je tenterai peut être de reprendre ces recherches avec le temps libre dégagé.
    Une « maison » du 13eme siècle classée au patrimoine des Monuments Historiques s’appelle la maison Cizeron. Au pied de la cathédrale, elle est hélas en triste état.
    L’anoblissement d’un ancêtre date de cette période. Il s’agit très probablement d’une noblesse d’armes dont est issu le patronyme sachant que c’est à cette époque que les patronymes sont apparus.
    Puis l’essaimage s’est fait principalement le long de la voie commerciale Le Puy – Feurs pour les Ligériens et le Puy Saint Agrève- Lalouvesc pour les ardéchois.
    Un autre monument porte également ce nom : il s’agit de la résidence du préfet de la Loire située dans le hameau Landuzière-Cizeron à Saint Genest Lerpt près de Saint Etienne. Mais ce château, qui a brulé en 2014, est du 19eme siecle.

    Voilà donc l’étayage de mon hypothèse sur l’origine du Patronyme que je partage avec notre maintenant célèbre patineur

    « Toute théorie est toujours provisoire en ce sens qu’elle n’est qu’une hypothèse : vous ne pourrez jamais la prouver » Stéphane Hawking

  4. Cher Monsieur,

    J’ai pris le temps de lire et relire avec attention votre dernier message pour réfléchir à la meilleure façon possible de vous répondre. Pas besoin en fait d’attendre bien longtemps pour trouver ce qui va guider (et confirmer) mon analyse: vous commencez votre texte par « la généalogie et l’héraldique sont la source de mon hypothèse »…Tout est dit!

    Car, contrairement à ce que laissait croire votre toute première réponse et la citation finale de ce dernier envoi, ce n’est pas une hypothèse que vous avez en mains mais un bien véritable travail de recherche et de documentation. Il doit donc être apprécié et respecté en tant que tel, et, encore une fois, je ne doute pas de l’attention et de l’énergie que vous avez portées à ces recherches. Tous les détails « historiques » que vous citez l’attestent, et…c’est précisément ce qui ne plaide pas en faveur du calembour (au sens noble) qui ferait de « six hérons » la provenance de Cizeron.

    Y compris dans les références chronologiques que vous citez (13è & 14è siècle, et…ce ‘blocage’ au 17ème siècle!), tout prouve que vous avez recueilli de nombreux éléments très probablement objectifs mais « archéologiques » (généalogie + héraldique), je ne sais pas comment les qualifier autrement pour les distinguer des hypothèses et théories (réelles, cette fois) de l’étymologie. Autrement dit, les détails que vous citez sont concrets et (a-priori) incontestables car issus d’écrits ou de « matière » concrète.

    Exemple: (je vous cite) « …la maison du 13è siècle classée aux Monuments Historiques s’appelle Cizeron… ». Certes. Du coup, la vraie question (à laquelle personne ne vous a fourni de réponse) est: mais pourquoi donc porte-t-elle ce nom? Là est le rôle (parfois la réponse) de l’étymologie; d’où le contenu de mon article initial dont le but n’était « que » de donner des pistes linguistiques, qui remontent en général bien plus loin (à tout le moins quelques siècles) que les informations historiques disponibles et que vous avez minutieusement répertoriées. Mais, si elles sont ‘réelles’, elles n’en sont pas forcément…exactes.

    Mon intention et ma compétence (!) n’étaient donc pas de présenter « les plus anciennes données » que vous citez et que vous connaissez bien mieux que moi, mais d’analyser la formation du mot Cizeron, certainement déjà présent sous une forme plus ‘brute’ dès les 8è ou 9è siècles, ce qui me semble exclure tout rapport avec des hérons (à vérifier aussi pourquoi il y aurait eu de type d’oiseaux dans les parages!) mais être plutôt une sorte de clin d’oeil plus ou moins volontaire de la part d’un ancêtre facétieux (ça arrive!) à la recherche d’un blason original à créer.

    Cela étant, l’étymologie que je vous propose d’après le titre de suzerain n’est pas mal non plus quand même! Qu’en pensez-vous?

    Cordialement, Dominique

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