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Cotilllard (Marion)

Cannes, le Festival, les marches, les stars…Celle qui a ‘hypnotisé les objectifs des photographes’ (dixit la presse locale) s’appelle Marion Cotillard. Voilà une Môme qui ne peut pas être plus à sa place sur un écran, étymologiquement parlant: en effet, son patronyme fait partie d’une grande famille de gens ayant un rapport avec une…toile, avec une définition qui va traverser les époques et les matières de façon surprenante, car, en une douzaine de siècles, nous allons passer de la fourrure au métal, pour terminer avec des étoffes plus ou moins grossières. De plus, plus on ne peut contester que Marion, elle a forcément…la cote.

Eh bien non, justement: tout sauf ce sens-là. ‘Avoir la cote’ (sans accent circonflexe!) vient du mot latin ‘quota’, qui désignait le montant d’une somme à payer, souvent en partage. D’où l’idée de quote-part, par exemple. Plus tard, la quotité s’écrira ‘cotité’, puis cotation, et enfin cote, pour exprimer la valeur donnée à un objet ou à une action en Bourse…Quant à la ‘côte’, elle a évidemment un rapport avec une ‘coste'(*), une déclivité qu’il faut monter ou descendre (ce qui, par ailleurs, peut arriver à une valeur cotée). Ce n’est pas non plus ce qui évite à Marion de rester de côté (même étymologie, y compris pour votre squelette thoracique, dont les os long sont sur le…côté du sternum).

Bref, la cote de Cotillard vaut mieux que cela, puisqu’elle est à l’origine double: la première graphie (écriture) du mot est en effet Cottillard, avec deux ‘t’, et nous voilà partis pour un long voyage à travers les âges pour retrouver la toute première racine de ce nom…

Première étape vers le 7è siècle, dans les dialectes gutturaux des tribus germaniques, où le mot ‘chozza’ désigne un manteau de laine grossière (What else? A l’époque, le nylon…). L’objet est tout à fait indispensable à la survie de nos moustachus futurs allemands, et, à la faveur de leurs invasions diverses, ce mot se transforme en ‘chotta’ (prononcez: kotta).

Deuxième étape: nous sommes en Gaule -ou peut-être déjà dans la future France, qui n’est encore que le ‘territoire des Francs’, où l’on parle le francique, lequel a absorbé sans problème le terme de Kotta, sans que cela enlève un poil de sens au fameux manteau. C’est après que les choses évoluent.

Juste avant le Moyen-Age, ‘kotta’ est définitivement francisé en ‘kotte’, puis cotte, laquelle a alors perdu de l’épaisseur pour devenir une étoffe grossière et rugueuse coupée en forme de tunique et destinée aux hommes. Du coup, la fonction de protection (contre le froid, au début) de ce vêtement va donner des idées aux soldats, qui en feront la fameuse ‘cotte de mailles’, en remplaçant la bourre ou (plus rarement) la toile par du métal, histoire de se faire un tee-shirt un peu résistant sous l’armure.

D’ailleurs, l’idée de ‘vêtement de dessous’, au début uniquement sur la poitrine des hommes, va progressivement glisser jusque sur les jambes des femmes pour devenir, à partir du 16è siècle, une robe, ou plutôt une jupe ‘de dessous’, en quelque sorte le précurseur du (ou des) jupon(s). Sauf que cette cotte/jupe est toujours aussi lourde et mal tissée; on est loin de la soie justement, et du brocard des belles dames. Donc, forcément, elle n’est portée que par les paysannes, réputées pauvres.

La France de Louis XV voit alors, dans beaucoup de régions, la cotte portée sous forme d’une tunique approximative à manches longues et unisexe, pièce de vêtement basique et toujours réservé au peuple des campagnes. Plus tard, quand les villes commenceront à aspirer les forces vives pour aller travailler à l’usine, la cotte redeviendra essentiellement masculine, sous la forme du pantalon des ouvriers.

Voilà donc l’étoffe dont est faite notre actrice, avec, pour Cotillard, un soupçon de nuance péjorative, à cause de ce ‘-ard’ final toujours détestable. La Cot(t)illard serait-elle une personne de mauvaise laine? C’est en tout cas le sens général qu’on peut donner à ce patronyme, sauf à considérer qu’il s’agit d’une des nombreuses variantes locales de la racine: on trouve en effet des Coutillard, des Cottard (et Couttard), des Cottin (ou Couttin), sans compter les Cotillec (bretons, forcément) , les Couttaz savoyard, les Lacotte, et même les…Cotillon.

En effet, dès le 17è siècle, le cotillon est un habit très particulier, puisque ses toiles (qui ont évolué depuis les germaines) s’ornent de parures et d’accessoires divers, que l’on porte pour faire la fête (chez les riches, cette fois). A l’époque, ‘ouvrir le cotillon’ signifiait qu’on s’habillait spécialement pour aller danser et ouvrir le bal (déjà une histoire de marches à monter pour entrer au château). En conséquence, quand le peuple récupèrera l’idée et la tradition en question, sans pour autant avoir les moyens de costumes somptueusement décorés, on agrémentera la soirée par des accessoires de pacotille destinés à s’amuser en se les lançant à la figure ou en les collant sur les vêtements, les…cotillons, évidemment.

Le seul membre de la famille (linguistique) à ne pas fréquenter, c’est le Cottereau (ou Cotterot parfois, mais le son est le même). En effet, l’origine de ce surnom vient d’une ‘cote-courte’ (mélangez les deux pour avoir l’effet escompté), sorte de gilet même pas doublé et principalement porté par ceux qui n’avaient pas les moyens d’une plus grande longueur: les voleurs et les bandits. Forcément des gens qui n’avaient ni la cotte, ni la cote!

(*) voir précédemment l’article sur Lacoste


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