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Cuvillier (Frédéric)

C’est probablement le pire paradoxe auquel ait à faire face un Ministre délégué, Chargé des Transports, du Tourisme et de la Mer: une opération-escargot destinée à bloquer la circulation automobile a provoqué un accident (mortel) par…excès de vitesse, probablement dû à une faute d’inattention lors d’une intervention. Alors que la sécurité routière fait partie des prérogatives d’un des membres du gouvernement les plus discrets, ce n’est peut-être pas la seule surprise liée à son patronyme, du moins étymologiquement.

La provenance géographique des Cuvillier se situe dans la zone Nord de la France (ça tombe bien, Frédéric est né à Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais, mais encore une fois, ce n’est pas une preuve absolue), où cohabite une grande famille linguistique de différentes variantes assez proches, comme les Cuvilliez, Cuvillez ou Cuveillier, ainsi que des Cuveller et des Cuvellier.

Dès que vous simplifiez le mot en ne retenant qu’un seul ‘L’, vous vous approchez de la version originale du nom, soit les Cuvelier, eux-mêmes déjà forme allongée des Cuvier. Avant d’être nom propre, les deux termes sont évidemment des noms communs, cuvelier étant le plus souvent le métier de celui qui fabrique ou utilise le cuvier, dont vous êtes persuadés qu’il a un rapport avec le vin. Pas du tout, en tout cas, pas tout de suite.

En effet, la cuve ou le cuvel (ancienne forme de cuveau) viennent du mot latin ‘cupa’, qui a désigné pendant plusieurs siècles un…baquet à lessive, qui ne voyait passer de mousseux que le savon. Selon un phénomène linguistique que vous connaissez bien maintenant (l’alternance possible des lettres V et B), les cuvels donneront d’ailleurs naissance à des ‘cubels’ qui resteront attachés à cette activité, créant au passage des familles Cubeau, Cublier ou Cubelier. Tout cela est très carré, même si pourtant cela n’a rien à voir avec un cube, au moins étymologiquement; lequel vient du grec ‘kubos’, le dé à jouer, dont on comprend aisément qu’il a une forme de…cube.

Entre ‘cube’ et ‘cuve’, ce sont les Romains qui vont faire une équivoque que reprendra le français médiéval: d’un côté le ‘cubus’ carré, de l’autre une ‘cupa’ qui nous donnera notre mot ‘coupe’ (mais rien à voir cette fois avec le verbe couper, vous suivez?). Cupa va se transformer en ‘cuva’ puis cuve, laquelle va être alors utilisée comme ‘tonneau’ (pourtant rarement carré!) pour y mettre du vin-aigre, puis du vin tout court. Ce mot aura un diminutif au destin radicalement différent, la…cuvette (la petite-cuve), dans laquelle on verse rarement du vin, sauf cas de gueule de bois après un réveillon bien arrosé.

La dernière surprise inventée par nos cuveliers, désormais vendeurs de pinard, est la création d’un mot et d’un objet hybrides, lancés par un américain au milieu du 20è siècle: il s’agit d’un récipient assez carré, en plastique bien sûr, qui s’appellera Outre-Atlantique ‘bag in box’ (BIB). Il sert à transporter des liquides, à commencer par…l’acide des batteries de voiture; puis, du lait! Une dizaine d’années après son invention, ce sont des Australiens qui ont l’idée d’y mettre du vin, idée immédiatement reprise par des négociants européens, qui le réserveront à de la production plutôt courante, histoire de le différencier de la ‘noble bouteille’.

Son nom? La caisse-outre, rapidement dégonflée au profit d’un croisement entre la forme pratique du cube et le contenu de la cuve, le cubitainer. Si vous voulez faire plus romantique, vous pouvez toujours parler de ‘fontaine à vin’, ou si vous voulez vraiment parler français, vous faites (forcément) comme les Québécois, vous dites le ‘vinier’…J’espère que Frédéric aime le bon vin; ne serait-ce qu’étymologiquement.


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