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Darroze (Hélène)

C’est la nouvelle récipiendaire (1) du prix Veuve Cliquot et donc titulaire du titre de ‘Meilleure femme chef au monde’, pas chef d’entreprise (encore que…) mais chef de cuisine, puisque son nom est désormais synonyme de gastronomie (2). Que vous ayez ou non l’occasion de vous être mis à table (chez elle), voici le menu -étymologique- de ce nom qui sent bon…la rose.

Pour une fois, parlons tout d’abord de l’orthographe du mot, dont il est important de conserver le ‘z’ central, sinon, on pourrait confondre avec Darros, autre nom très répandu en Sud-Ouest, dont la provenance est béarnaise comme le prouve un certain nombre de villages de la région d’Oloron. Dans ce cas, la racine renvoie à “arros’, qui désigne un lieu avec beaucoup de pierres.

Restons donc avec les Darroze et leurs cousins Darrouzès, Darroussat, ainsi que les Larrosse et Arrosès (les arroseurs); tous ces patronymes remontent au Moyen-Age, période pendant laquelle se sont développés beaucoup de toponymes et patronymes (noms de lieux et de famille) en rapport avec la racine ‘rosa’, qui signifie évidemment la rose, comme le déclinait le grand Jacques (Brel)…On suppose qu’il y a là une influence de migrants espagnols pour lesquels cette fleur avait à la fois fonction de parfum mais surtout de symbole; il faut dire qu’à cette époque, il n’y avait pas encore de botanistes scientifiques pour classer toutes les espèces (3), et le ‘nom de la rose’ servait un peu à tout! Il faut donc mettre en rapport tous les Da Rosa hispaniques, avec souvent cette fois un lien avec l’image et la vénération de la Vierge Marie, au front ceint d’une couronne de roses (les épines, c’est pour son fils).

En France, le peuple connaissait les roses ‘ordinaires’, de même couleur; mais aussi les ‘roses de Provins’ (rouges), les ‘roses de Damas’ (blanches); par comparaison ou assimilation, il y avait encore les ‘roses de Jéricho’, des fleurs sèches qui reprennent vie dans l’eau, dont on précisait (of course) qu’il fallait que ce soit de l’eau bénite. La tradition voulait d’ailleurs qu’on en offre aux femmes en couche, et que la fleur s’ouvrait au moment de la délivrance (idem).

Le très benoit St Basile (ermite turc du 5ème siècle) expliquait déjà qu’à la naissance du monde, les roses n’avaient pas d’épines, et que c’est le mépris des hommes pour leur beauté qui a fait pousser les piquants (Antoine, mon Petit Prince, tu n’aurais pas pompé quelque chose?)…Mais la rose c’est aussi des expressions qui ne sentent pas la rose précisément, comme le ‘pot aux roses’, que l’on découvre quand on met son nez dans une affaire qui sent mauvais. Tant qu’on y est, vous savez sûrement comment on appelle le bouton qui reste quand les pétales sont tombés: le gratecul (quand je vous disais…), dont on dit ‘qu’il n’y a point de rose qui ne devienne gratecul'(4), à savoir que toute beauté flétrit un jour avec le temps.

Finalement, la voie tracée par Hélène n’est pas un chemin de roses, le plus tranquille de la famille linguistique étant un arbre chinois au nom grec, l’arbre à roses, littéralement ‘rhodo-dendron’, grande pousse qui porte de grosses fleurs ressemblant aux ‘autres’, et qu’on appelait autrefois un ‘rosage’. Et comme, au Moyen-Age, certains noms communs étaient de genre ambivalent, on ne pouvait pas faire mieux que ‘la rosage’ pour une telle plante. Y compris étymologiquement!

(1) voir ce mot dans les archives en tapant…’impétrant’
(2) également en archive, pour ôter un poids sur l’estomac.
(3) grosso modo, il faudra attendre quatre siècles pour que naisse le suédois Carl Von Linné!
(4) en latin, “sic transit gloria mundi” (ainsi passe la gloire du monde), c’est quand même plus classe, non?


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