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Froome (Christopher)

A nouveau champion tout en jaune pour cette édition du Tour de France, le ‘kenyan blanc’ Chris Froome vient de voir valider sa victoire par le comité de lutte contre le dopage; le voici donc entré pour la seconde (deuxième?) fois dans la légende du vélo pour l’éternité (sauf accident d’ici quinze ans…). L’homme est donc de naissance et de (demi) nationalité kenyane (et non pas sud-africaine, comme certains l’ont dit à la télé*), même s’il court désormais sous licence britannique, terre d’origine de ses père et grand-père, donc forcément aussi de son nom, un patronyme qui n’a pas cessé de poser question et curiosité pendant tout ce mois de juillet.

C’est l’évolution du mot qui va être la plus intéressante, et plus précisément son ‘trajet’, à la fois à travers les siècles et les continents. Car s’il y a aujourd’hui des Froome sur la côte équatoriale est-africaine, c’est grâce à un émigré anglais qui a fui un jour son pays à cause de quelques tracasseries politico-religieuses. Mais reprenons les choses dans l’ordre: le tout-début du voyage commence sur la côte nord de…l’Allemagne (à l’époque, la Germanie) ou des Pays-Bas (à l’époque, la Flandre), très probablement avant que les premiers normands ne viennent faire du canoë-kayak dans la Manche pour s’échouer sur les rives verdoyantes de notre future ‘Normandie’, qui n’en demandait pas tant en ce 5ème ou 6ème siècle. Mais qu’importe, ‘ils’ sont là et le mot avec eux, un adjectif qui va servir de surnom à quelque(s) vaillant(s) guerrier(s).

Car cinq siècles plus tard, tout ce beau monde traverse le Channel dans les bagages d’un certain Guillaume qui va Conquérir l’Angleterre, et voilà les Froome sur le territoire de leurs (futures) Majestés. On repère les premiers au sud-ouest du pays, dans les comtés du Somerset et du Dorset (au-dessus de la pointe de la Cornouaille), sur des écrits qui portent la mention ‘Fraw’ puis Frow, et enfin Fro(o)m, qui appartient à une famille installée sur les bords d’une rivière…Passent cinq autres siècles, et les désormais Froome vont quitter la région pour s’embarquer, avec quelques autres migrants, vers d’autres destinations dont, en 1646, le…Texas!

Quel ancêtre de Christopher arriva le premier en Afrique, peu importe, car le plus intéressant est quand même le sens de cette racine assez rare. Ah, c’est vrai! Je ne vous ai pas dit? Les Froome anglo-saxons, comme les Fromm allemands, et les Frome ou les De Froome néerlandais, viennent tous de cet adjectif flamand prémonitoire qui signifie…honnête! Dans ces conditions, était-il indispensable de soupçonner notre coureur cycliste de quelque indélicatesse avec le règlement anti-dopage? Au moins étymologiquement.

* Il semblerait que l’équivoque vienne d’une estimation un peu hâtive d’un commentateur sportif; mais il est vrai que, quand on ne dépasse pas la Porte de Vincennes, Nairobi ou Johannesburg, c’est aussi proche que Paris-Moscou, à peine 3000 kilomètres d’erreur…


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3 commentaires au sujet de Froome (Christopher)

  1. Bonjour,
    Merci pour toutes ces explications vraiment savoureuses.
    Alors ma question est : comment prononce-t-on Froome, comme un allemand, un néerlandais, ou un britannique ?
    La prononciation la meilleure me parait être toujours celle du pays d’origine, quand pensez-vous ?
    Un petit paragraphe prononciation serait peut-être utile pour les noms d’origine étrangère ( surtout pour les locuteurs français, dont les capacités à écorcher les noms étrangers est phénoménale).
    Cordialement
    E.

  2. Vous avez raison, la question se pose (presque) toujours de la prononciation des noms étrangers. Mais, justement, c’est un aspect intéressant de la linguistique: une fois un nom formé d’un point de vue ‘technique’, chaque nation va adapter à sa langue et à ses possibilités vocales le mot en question. Parfois fidèlement à la ‘version originale’, parfois pas! (*)
    En ce qui concerne Froome, le porteur concerné étant originaire de la zone anglo-saxonne (aussi bien britannique que kenyane), il vaut mieux dire ‘froume’, confirmé d’ailleurs par l’orthographe de ce double ‘oo’…En Europe du Nord, les gens vont spontanément dire From, Fromm ou Fromme, ce qui correspond à leur phonétique locale…

    (*) En ce 29 septembre (anniversaire du mariage de feue la Princesse de Galles!), regardez par exemple ce qu’est devenu le ‘Lady Di’ (prononcer ‘Daï’, abréviation de Diana-Daïana, forcément). Spontanément (inconsciemment?), le français a opté pour un ‘Lédidi’ ridicule pour un anglais, mais qui évitait un ‘lady daille’ très équivoque dans la langue de Molière.

  3. Merci de votre réponse.
    L’adaptation du mot étranger est sans doute inévitable, mais cela me parait, à notre époque cosmopolite et multilingue, un peu anachronique.
    Dans la chanson « Malbrou s’en va-t-en guerre », le patronyme Malbrou est en fait Malborough, francisé à la manière de l’époque.
    A présent diriez-vous que vous fumez des Malbrou ou des Malborough ?
    Je ne souviens d’un professeur de physique qui voulait à tout prix prononcer « neuton » le nom du célèbre Newton lorsqu’il s’agissait des unités utilisées en physique. J’avoue que je ne m’y suis jamais fait.
    Cela m’a toujours paru une injure au personnage, et à la langue anglaise.
    Cdt
    E.

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