Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

Hazanavicius (Michel)

«L’Artiste» de la semaine est le réalisateur de ce film français en noir & blanc et…pas muet du tout, puisqu’il est mis en musique; disons qu’il est sonore mais pas parlant, ce qui fait une différence. On ne compte plus les récompenses glanées au fil des palmarès par ce cinéaste de génie (étymologiquement: celui qui crée, et il en a fallu -du génie- pour oser cette production)…Soixante-dix ans exactement après «Chantons sous la pluie», le public se passionne donc pour le même scénario (revoyez le film!), celui du passage du cinéma (vraiment) muet au parlant, croisé avec «Une étoile est née», la chute d’une star pendant l’ascension d’une autre dans son entourage.

Or, d’un point de vue linguistique, Michel avait pourtant toutes les raisons de ne pas laisser ses personnages muets: en effet, le patronyme Hazanavicius -très surprenant semble-t-il pour un gaulois- est d’origine balte, et plus précisément lituanienne. Il se compose de deux parties, l’une venant du vocabulaire hébreu (hazan) et que l’on retrouve également avec des variantes dans la région du Maghreb (Hazane, Hazzan ou encore Azane); l’autre (vicius) est la marque d’une influence latine intervenue au 16è siècle, au même moment où la grande langue slave voisine, le polonais, adoptait cette terminaison pour ses patronymes.

La racine principale sur laquelle s’appuie le sens du mot est donc ‘hazan’, terme hébreu qui désigne celui qui chante à la synagogue, pas n’importe quel fidèle, mais le meneur de chant, celui qui dirige le choeur de l’assemblée. Il ne s’agit pas d’un prêtre (cohen ou kahn, selon le contexte); d’ailleurs, dans les zones arabes, il désignera souvent le rabbin spécifiquement chargé de l’enseignement religieux des enfants, bref, toujours une fonction assez pédagogique, surtout s’il s’agit d’éviter des fausses notes dans l’attaque de la prière psalmodiée. Le mot s’est progressivement répandu au cours de la diaspora juive (séfarade, essentiellement), dans toute l’Europe de l’Est, puis de l’Ouest.

Pour terminer à l’ouest justement, signalons pour l’anecdote (pour le moins surprenante), l’équivalent en français d’origine latine à ce Hazan: il s’agit précisément d’un mot latin, celui du premier mot d’une prière traditionnellement entonnée dans les églises et choisi -allez savoir pourquoi!- dans l’office des funérailles, en l’occurrence «Requiem». Logique. Or, ce ‘requiem’ (suivi, dans la prière, par des centaines d’autres mots) va servir à qualifier celui qui fait chanter la messe des morts, puis la messe tout court; et, coup du sort final, le peuple du Moyen-Age, qui ne connaissait pas son latin, va déformer le mot en le transformant en…requin, créant ainsi, dans le tout-jeune Etat-Civil, de véritables bancs de familles  Requin, qui n’ont évidemment aucun rapport avec les squales!

Certains dictionnaires prétendent faire remonter le nom du requin (de mers, cette fois) à une légende qui prétendait que, face à la bestiole, le nageur n’avait plus qu’à faire sa prière (de Requiem), d’où son nom…D’autres s’appuient sur une possible déformation de (re)chien-de-mer, autre nom du méga-dentier sous-marin. Sans doute un peu fantaisistes les explications, mais, en étymologie aussi, n’a-t-on pas le droit d’avoir nos «Artists»?


N'hésitez pas à soutenir ce site ! Il vous est possible de faire un don libre pour assurer un contenu régulier et sans publicité. Votre participation serait grandement appréciée !

 
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.