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Jérôme(s)

Mis à part le barbarisme qui prétendrait accorder un prénom au pluriel, c’est le triumvirat de l’actualité de l’année qui a bénéficié du même choix de baptême: Cahuzac / Kerviel / Lavrilleux (*). Coïncidence (?): ils ont tous un rapport avec des histoires d’argent, pour des raisons et à des degrés divers, mais ce serait plutôt des hommes en or, du moins étymologiquement.

En or comme un objet sacré (souvent religieux), puisque Jérôme est la graphie francisée d’un nom biblique d’origine grecque, celui de…Hiéronymos. D’un point de vue linguistique, simplifions les choses de la façon suivante: le ‘h’ grec étant très ‘mouillé’, hiéronymos (adjectif+nom commun) va devenir iéronymos puis jéronimos; la syllabe centrale ‘-ni-‘ va enfin se résorber dans l’accent circonflexe, le tout arrivant à jérôme.

Tout ça ne vous donne pas le sens précis de chaque partie de ce mot, composé en réalité de deux racines: hiéro+nymos. Commençons par la seconde (nymos), qui signifie clairement le ‘nom’. C’est ce même ‘nyme’ que vous retrouvez dans le patro-nyme (le nom du père), le topo-nyme (le nom du lieu), le syno-nyme (le nom proche), l’homo-nyme (le nom identique), le pseudo-nyme (le faux nom), et bien sûr l’anonyme (le sans-nom).
La première partie ‘hiéro(s)’ veut dire sacré (comme les ‘inscriptions sacrées’: les hiéro-glyphes), donc de nature divine ou en tout cas supérieure, suprême. D’où le sens plus ordinaire de mots comme hiératique (souvent en rapport avec des prêtres ou des monarques), qualificatif d’un pouvoir…hiérarchique (même racine: la hiér-archie, c’est le commandement (-archie) par quelqu’un de (con)sacré (hiéros). Du coup, rajoutons-y les Hiérarques, titre officiel des évêques ou archevêques de la religion orthodoxe; et aussi les Hiéronymites (casez ça dans un diner un ville, c’est cool) qui sont les moines de l’ordre de…St Jérôme. CQFD.

«Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé…» (vous connaissez la suite), il faut signaler deux sens assez intéressants sur la racine des Jérôme à l’époque grecque: le premier désignait un endroit ou un animal consacrés, l’un et l’autre étant désignés par avance pour un sacrifice rituel (no comment); le second est beaucoup plus favorable aux porteurs du prénom puisqu’à l’époque classique il s’appliquait exclusivement à des gens remarqués pour leur bravoure, leur hauteur morale et la puissance de leur forte personnalité (CQF pas D).

Et tant qu’à faire -et à dire- remontons jusqu’au saint-patron de nos loustics du 21è siècle: ce modeste prêtre qui vivait quatre cents ans avant JC n’était ni trader à la Bourse de Jérusalem ni organisateur de conventions en Palestine mais simple ermite. On lui doit surtout la première traduction ‘vulgarisée’ de la Bible, adaptée de l’hébreu au latin (d’où son nom de Vulgate), ainsi qu’une suite innombrable de lettres à visée pédagogique où il expliquait à des parents, sorte de Mme de Sévigné avant l’heure, comment il fallait éduquer et surtout scolariser les filles (pas étonnant qu’il soit devenu saint, avec un tel discours à cette époque!). En guise de conclusion, difficile d’éviter l’une de ses citations -authentique-: «On instruit bien mieux par de bons exemples que par de belles paroles». C’est sûr, celui-là n’aurait jamais pu faire de politique…

(*) voir dans archives pour le sujet consacré à chacun
(**) merci à un fidèle lecteur niçois de m’avoir soufflé l’idée de cette chronique


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