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Johansson (Scarlett)

Une fois n’est pas (souvent) coutume, cette chronique sur l’actualité est consacrée aujourd’hui au «people du show-business» comme on dit en français (peuple du spectacle, c’est pas terrible), et plus particulièrement à celle qui fait le bourdonnement sur la toile (le buzz) ou le gazouillis dans les réseaux (tweet), l’actrice américaine Scarlett Johansson. En effet, la jeune Grace qui ‘murmurait à l’oreille de Robert Redford’ dans un film que vous aurez reconnu, «n’a pas la vie facile» (je cite). Problèmes de couple? De succès professionnel? De harcèlement par les paparazzi? Pas du tout! L’insupportable du quotidien de la (également) chanteuse, c’est un surnom de plus en plus utilisé par les médias -et donc ses fans: «ScarJo»…

Pas besoin de vous expliquer que ‘ScarJo’ (surtout avec une majuscule au milieu du mot) est la contraction de Scar(lett) Jo(hansson); et çà, on le comprend, c’est une atteinte intolérable à son identité; sauf à considérer que seules les célébrités suffisamment…célèbres sont en général gratifiées de ce type de démarche. Car étymologiquement parlant, ‘ScarJo’ serait plutôt un signe de notoriété et même d’affection, ce que l’on appelle en linguistique du terme sophistiqué de ‘hypocoristique’, en clair un surnom affectueux, comme en écopent en général les prénoms (Momo pour Maurice, Lolo pour Laurence, Mimi pour Michèle, Mireille ou qui vous voudrez, Lulu pour Lucien, Babeth pour Eliza…etc), bref rien de vraiment injurieux. Dans d’autres domaines, Teddy peut très bien être le surnom de campagne de Ted-Kennedy (ou Théodore -Roosevelt), Sarko celui de qui vous savez, ou Poivre le résumé sans équivoque d’un ex-présentateur du JT. Quant à Moma, c’est quand même plus facile et surtout plus rapide à dire que Museum of Modern Art, non?

La belle trouve néanmoins que ce ScarJo fait (citation) «trop popstar’ (ah bon, on ne savait pas que c’était une philosophe ou une scientifique), et que ‘c’est vulgaire. Il y a là-dedans quelque chose de violent et d’insultant». Et de rajouter: «les gens sont paresseux; ils ne peuvent pas prononcer toutes les syllabes? Est-ce que l’on appelle Cate Blanchett ‘CatBlan’?»* (fin de citation)…Eh bien, figurez-vous qu’à la base (des racines), elle n’a pas tout à fait tort. Car si, en français, ‘scarjo’ ferait plutôt penser à quelque chose comme ‘barjo’, voire ‘cageot’ -sic- (mais rien de proche vraiment évident), il ne faut pas oublier que nous sommes dans le registre du vocabulaire anglo-saxon, et là, çà se complique franchement; çà en deviendrait même…saignant.

ScarJo résume en effet les deux premières syllabes de son patronyme complet, et les deux ‘sonnent’ très fortement. A commencer par cette attaque en ‘scar’, mot anglais qui signifie une cicatrice ou une balafre, pour ne pas dire (y compris en français) une scar-ification! Le ‘scar’ le plus célèbre pendant longtemps sur les écrans (de la première version par Howard Hawks en 1932, jusqu’à celle de Brian de Palma au début des années 1980) était une histoire d’homme balafré sur le visage, soit littéralement «Scar-face», ce qui ne saurait en aucun cas se rapprocher du minois de Scarlett.

Précisons d’ailleurs au passage que ce ‘scar’ tranchant vient en fait d’un mot inventé par les…Grecs, pour lesquels il avait le sens de faire une trace (logique), pas forcément dans la peau mais sur parchemin, puisqu’un ‘scariphos’ (l’outil qui scarifie) désignait un stylet. On est loin du scalpel ou de la lame de couteau. Il s’agit donc davantage d’une idée de tatouage que d’une cicatrice. Il n’empêche, voilà notre actrice marquée pour toujours…Même connotation chez un autre ‘méchant’, beaucoup plus récent mais tout aussi effrayant, le frère félon du ‘Roi Lion (père)’, un certain Scar, le bien-nommé car plus ou moins inconsciemment associé (pour des anglais) au verbe ‘to scare’, c’est-à-dire faire peur, le sens pouvant aller de la simple frayeur à la terreur totale.

Il ne faut pas oublier la seconde syllabe du surnom, avec ce ‘-Jo’ qui pourrait être un Joe très masculin (re-sic!), que certains paysans texans pourraient bien entendre comme ‘ScarJoe, le mec qui terrorise tout le monde’…Tout cela est d’autant plus injuste que la pétulante blonde (ou brune, ou rousse, selon les films) est en fait originaire du…Danemark, où papa Karsten Johansson (des fois que vous auriez des doutes) perpétuait la lignée des ‘fils de Jean’, autrement dit les Johan(s)-son! Notons que fifille a probablement les moyens de se défendre, car elle est également née d’une Mme Sloan, patronyme dérivé d’un ancien nom de famille irlandais qui s’écrit…Sluaghadhan (si, si, ça se prononce -vaguement- Sloan, et non pas ce que vous avez essayé de dire en le lisant), et qui qualifie un guerrier ou un soldat. Cà ne s’invente pas.

Sans oublier que Scarlett, mise à part la peste froufroutante de «Autant en Emporte le Vent» (une autre irlandaise, O’Hara, décidément!) évoque fortement, en phonétique anglaise, la ‘scarlet’, sous-entendu ‘disease’, en français la maladie ‘escarlate’ (escarlate > écarlate > scarlet) plus connue chez nous sous le nom de…scarlatine évidemment, celle qui fait des pustules rouges sur la peau, d’où le nom. Pas étonnant que ce surnom lui donne des boutons, y compris étymologiquement!

(*) Non, mais Ji-Lo, elle (Jennifer Lopez pour les intimes) ne se plaint pas d’être un ‘fa-dièse’ (en fait un sol bémol, soit G-low en anglais…)


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Un commentaire au sujet de Johansson (Scarlett)

  1. Ton article d’aujourd’hui est complètement incroyable, c’est du beau travail, et on a l’impression que l’histoire s’arretera jamais; super!
    Des becs de Montréal par deux qui t’écoutent souvent

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