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Kalfon (Jean-Pierre)

Emotion chez les cinéphiles, la semaine dernière, en apprenant la disparition de cet acteur à la longue carrière. Il s’agit en fait d’un parfait homonyme (ce qui n’empêche pas regrets et compassion) connu pour sa part dans le milieu musical. Créateur d’un groupe rock célèbre dans les années soixante, « les Médiators », ce ‘Chopin du rock’ fantasque a laissé quelques traces dans les faits-divers de l’époque en se faisant ‘embarquer’ pour avoir suivi la suggestion de l’acteur Jean Yanne d’aller « se faire cuire un oeuf sur la flamme du Soldat Inconnu ». Etymologiquement, ce n’était pourtant pas un Kalfon.

Comme son alter-ego linguistique, l’interprète de nombreux rôles chez les réalisateurs de la ‘Nouvelle Vague’ (Godard, Lelouch, Truffaut, Chabrol) porte un nom originaire de la diaspora juive d’Afrique du Nord, en l’occurrence algérienne. Parfois orthographié Khalfon ou Khalfan, ce mot a pour source le répertoire arabe, un ‘khâlfun’ (on adapte le son comme on peut) lui-même formé d’une racine (khâlf-) et d’un suffixe (-un/oun).

L’élément le plus important sur lequel s’appuie le mot représente la même chose dans la réalité, à savoir l’idée de quelqu’un derrière lequel on se range ou qui dirige, qui commande. C’est la même démarche qui donnera ‘khâl-ife’ (calife), c’est à dire le patron, le maître, le roi, voire le référent selon le contexte. Le suffixe, lui, sans être forcément dépréciatif, donne une nuance plus ‘ordinaire’, vulgaire si vous voulez mais au sens strictement étymologique, c’est-à-dire commun.

La combinaison des deux permet alors de désigner ‘celui qui est derrière’, qui vient après quelqu’un. Dès lors, cela peut devenir un second (vassal), un ‘sous-quelque chose’ ou un successeur (dans une fonction) sans notion de grade ni de hiérarchie, tout simplement celui qui prend la suite.

Sur un plan beaucoup plus concret, on trouve également le sens propre de ‘en arrière’ pour quelqu’un qui suit un autre sur le terrain, ou qui arrive après dans un endroit, bref tout ça nous conduit assez directement vers le rôle d’un ‘second’, une sorte de Poulidor quoi…

Mais il semble que l’usage le plus fréquent se trouve au sein même des familles pour qualifier le second-né (1). Dans l’ordre d’arrivée au monde, il est forcément second, un peu comme le Bisson ou Besson français, sauf quand il est suivi à son tour, ce qui le fait alors devenir…deuxième (2).

En ce cas, on peut dire que la coïncidence tombe bien pour Jean-Pierre puisqu’il a reçu, à deux reprises, le César du meilleur acteur pour un…second rôle. Je ne sais s’il était enfant unique ou pas, mais, question carrière, c’était un vrai Kalfon. Y compris donc étymologiquement!

(1) L’interprétation (que l’on trouve parfois) de ‘l’enfant de remplacement après la mort d’un aîné’ est un peu abusive.


(2) Voir toute l’explication dans l’article sur Luc…


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