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Kittel (Marcel)

Plusieurs victoires d’étape en quelques jours, ça vous fait sortir un coureur du peloton, et même devrait-on dire du coton. Je ne sais pas vraiment si  »de toutes les matières c’est la ouate qu'(il) préfère », mais c’est en tout cas, étymologiquement, ce qui pourrait amener le cycliste allemand à endosser la blouse du meilleur spécialiste du sprint au(x) millimètre(s), 6 dans la dernière étape, quatre fois moins que le dernier ‘coup’ l’année dernière à Limoges (28mm devant le français B. Coquard)…

Aucune surprise avec la racine de ce patronyme, de sonorité et de provenance clairement germaniques, que le véloce (forcément) Marcel partage avec Walter, ex-ministre d’Etat allemand. L’un et l’autre portent un nom que l’on retrouve -forcément aussi- en Alsace ou Moselle françaises, ce qui correspond toujours avec le nom commun actuel de ‘kittel’, lequel désigne à l’origine un vêtement de travail assez court mais large, plus fidèle que sens dérivé actuel qui en fait un tablier ou une tunique, et même de plus en plus souvent une blouse, spécialement blanche et à enfiler par-dessus la chemise ou le corsage quand il s’agit de personnel médical.

On constate d’ailleurs la même évolution de ce vêtement dans le mot français ‘sarrau’, cette blouse épaisse souvent de couleur bleue qui fut jusqu’à la fin du 19ème siècle quasiment réservée aux ouvriers (agricoles ou industriels); puis le terme passe aussi dans le vocabulaire des blocs opératoires et sur les épaules des chirurgiens, en changeant pour la couleur verte…Dans tous les cas, historiquement, les Kittel ont donc à voir avec un ancêtre qui fournissait ou fabriquait, il y a plusieurs siècles, les vêtements de travail en question, le nom prenant alors également la forme de métier Kittler ou Kittelmann (pas besoin de vous faire un dessin, je pense).

D’un point de vue linguistique, il est presque certain que ce kittel a pour origine le mot arabe ‘kittun’ ou ‘kattun’, qui définit un vêtement couvrant le haut du corps, tissé dans une étoffe épaisse qu’on appellera en français le…coton! Si la filiation est certaine avec l’arabe pour notre langue, il est surprenant de constater que, pour parler d’une tunique, les Grecs avaient déjà le terme ‘Chitôn’ (prononcez Khitone, comme dans chorégraphie); les Russes utilisent une ‘kutnya’, et l’on trouve enfin un ‘kitl’ en yiddish (la langue sacrée de l’hébreu qui, lui, dit kùttoneth).

Il est fort probable que le son de la racine originelle se soit largement propagée (y compris, pour une fois, en bousculant le répertoire saxon pour y faire entrer ce kittel) lors des nombreux échanges commerciaux longtemps initiés par la culture arabe dans le bassin méditerranéen. Car, si l’italien s’est rapidement conformé au ‘cottone’ d’influence latine, il est frappant de voir comment l’espagnol et le portugais ont intégralement conservé l’article oriental en le diluant dans l’algodon’ (du coup, le coton, el algodon, est une répétition de ‘al-koton’) ou l’algodào (idem).

D’accord, pour notre Marcel, on parlera davantage de maillot (de corps?!) que de blouse chirurgicale, mais après tout, c’est peut-être ce qui lui permet des victoires…au scalpel. Y compris étymologiquement.


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