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Leprince (Dany)

C’est peut-être le début de la fin (des ennuis) pour cet homme soupçonné de plusieurs meurtres en 1997, sur l’histoire duquel reviennent toutes les radios et télévisions (pas de journaux, ce 10 octobre 2012). Accusé, jugé, incarcéré, remis en liberté, puis réincarcéré, et prochainement libéré sous condition, le patronyme Leprince restera dans les annales de la Justice comme un dossier particulièrement épais. Quel que soit le fond de l’affaire, il n’est question ici que d’étymologie, a-priori assez enviée par beaucoup de lecteurs, en raison de la noblesse supposée de son origine. Profitons-en pour résumer aujourd’hui quelques éléments déjà parsemés ici et là dans de précédentes chroniques.

«S’appeler Leprince, çà pose!», m’a dit un jour une auditrice lors d’une conférence. Il est vrai qu’à choisir, entre Dupont, Machin (autre ‘erreur judiciaire’) ou Mollard, la question ne se pose même pas, en tous cas question sonorité. Un certain nombre de patronymes provoquent d’ailleurs le même mouvement d’envie, comme les Leroy, les Lecomte ou les Lemarquis, sans oublier les Leprêtre, les Lepape, les Lévêque ou les Cardinal, bref, toutes fonctions un tant soit peu officielles, laïques ou religieuses, dont on se dit que celui ou celle qui les porte doit bien avoir quelque personnage de haut rang dans sa généalogie.

Eh bien, pour tous ces mots, c’est exactement l’inverse qui se passe, à des degrés divers: il n’y a ici aucun titre de noblesse mais plutôt des serviteurs d’aristocrates, voire carrément des quolibets. C’est le cas de notre Leprince (ou Le Prince, si vous préférez), qui ne peut pas être l’héritier éventuel du roi, sinon, comment y aurait-il autant de Leprince simultanément à travers le pays? Par ailleurs, le prince (le vrai), on l’appelait ‘majesté’ (ou on ne l’appelait pas du tout, d’ailleurs), un point c’est tout. Leprince était donc, en général, un sobriquet ou une moquerie adressés à celui qui, dans une communauté, se donnait des ‘airs de prince’, c’est à dire quelqu’un de fier ou de prétentieux. Un peu comme quand, de nos jours, vous gratifiez quelqu’un de ‘bonjour, mon prince’, cela a de fortes chances d’être une plaisanterie, sauf si vous êtes pote avec le chanteur américain plus que quinquagénaire (si!) qu’on connut autrefois dans la musique funk (Love Symbol). Ou que vous vous prenez pour la brunette mangeuse de pommes qui dort au fond de la forêt en testant les matelas de sept types de petite taille, dans l’espoir que son mec viendra…

Idem pour les Lepape ou les Leprêtre, qui sont rarement des descendants de pape ou de prêtre (bien que…), mais qui désignent au mieux des gens au service de l’un ou l’autre, au pire, celui qui «se prend pour le pape» ou qui se donne «des airs de prêtre» c’est à dire quelqu’un qui a le sermon facile…Vous avez donc le choix entre une bonne du curé et un pervers de la soutane, on est loin de l’auréole escomptée. Même traitement pour les Cardinal, dont la majorité viennent du sens d’orgueilleux-tel-un-titulaire-de-la-robe-de-pourpre; les seuls qu’on rattrapera par les racines sont quelques Cardinal du sud de la France, qui ont hérité, eux, du mot ‘cardon’ occitan, qui désigne cette plante champêtre, histoire de qualifier l’endroit où ils habitaient.

Rajoutons pour faire bonne mesure les Lecomte et les Lemarquis (ceux qui travaillaient sur les terres d’un comte ou d’un marquis, et non le comte ou le marquis eux-mêmes); il existe également la version simple Marquis, surtout dans l’Ouest, qui n’a plus aucun rapport avec le propriétaire des domaines, mais avec le ‘marchis’, terme de patois qui désigne la fange ou la boue d’un marais!

On me reprocherait sans doute de ne pas dire un mot des Leroy (ou Leroi) comme la chanteuse Nolwenn, ou des Royal, comme Ségolène. Sans exagérer dans le dénigrement, là encore il n’est pas question de prétendant au trône mais de celui dont on se moque dans le village parce qu’il est le plus…pauvre. Même chose que pour Leprince: si on vous ouvre la porte en vous disant ‘Bienvenue, mon roi!’, il y a de fortes chances qu’on s’apprête à tirer le tapis sous vos pieds. Le terme peut également avoir servi à garder la mémoire d’un fidèle qui, lors d’une représentation d’un Mystère sur le parvis de l’église, a joué le rôle d’un roi, tout bonnement (sauf que c’était souvent celui du Roi de la Cour des Miracles, on n’est pas beaucoup plus avancé).

Et puisqu’on est dans les histoires d’argent, terminons par les Leriche, qui ne sont pas riches mais puissants (racine germanique -ric, c’est une sorte de ‘faux-ami’), et même les Lepaon, patronyme normand qui désigne non pas un gymnaste qui sait faire la roue mais un homme vaniteux, comme le comportement (supposé!) de l’oiseau en question. Alors, çà vous tente toujours, les patronymes royaux?


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