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Lopez (Jennifer)

Pas de panique, même les plus de 30 ans vont pouvoir lire cette chronique, dédiée à la sculpturale chanteuse ‘Jilo’ pour les intimes, laquelle a deux avantages dans l’actualité du moment: d’une part, elle vient de sortir son nouveau ‘single’, illustré par un clip que vous connaissez peut-être; d’autre part, elle n’a -sauf erreur de ma part- aucun lien avec des frégates vendues à Taïwan et n’a jamais résidé au Sofitel de New-York, on est donc au moins tranquille de ce côté-là.

Jusqu’à l’irruption de la brune new-yorkaise aux jambes agiles, le seul Lopez connu dans la musique se prénommait…Francis, et il a été le compositeur des plus lancinantes rengaines chantées par Luis Mariano sur scène, voilà donc deux générations bien séparées, mais une seule étymologie, facile à trouver si l’on revient au mot latin « lupus », qui signifie le loup. Une histoire de bête qui sort du bois dès l’Antiquité donc, un animal que beaucoup de sociétés vont repousser, voire persécuter au long des siècles, alors que, statistiquement, on n’a aucune preuve de « ravages » perpétrés par des loups dévorant des enfants ou des adultes, y compris dans des zones comme l’Oural, où il était très présent.

En fait, le problème du loup, dont on a oublié que c’est l’ancêtre de notre brave chien (le chien n’est qu’un loup domestiqué), c’est qu’il est sauvage, vit dans les bois et a le sourire carnassier. Pour ces quelques raisons (tout à fait indépendantes de sa volonté), le loup va être le fantasme de tous les contes, passant du démolisseur de maisons à petits-cochons à dévoreur de petite fille habillée en rouge chargée de livrer du beurre à Mamie. Sans parler de la bête du Gévaudan et autres silhouettes terrifiantes.

Ce long préambule, pour expliquer, et peut-être justifier, la fascination exercée par la bête. Car on se dit que, si le loup inspirait de la terreur, pourquoi le choisir aussi fréquemment comme patronyme? En fait, il était probablement question, dans l’esprit de nos aïeux, de s’approprier la force et le courage du-dit animal, d’où les noms suivants:

A commencer par…Lupus tout court, usité en Europe centrale puis aux USA, comme le nom de l’acteur Peter (‘Mission Impossible’). Puis les Lopez donc, ou Lopes version portugaise; les Louvet, proches des noms communs louve ou louveteau (alors qu’on a gardé le ‘p’ de loup dans ‘Lopez’). En ce qui concerne Louvet ou Louvier, il peut s’agir soit d’un amalgame sur l’animal (mâle ou femelle, je vous défie d’aller voir de près, de nuit, quand il hurle); soit d’un lieu où venait mettre bas une louve, la tanière devenant alors le lieu-dit ‘la Louverie’, ‘La Louvière’ ou ‘Louviers’, territoire d’une commune bien connue grâce à une route où il y avait un cantonnier qui cassait des tas de cailloux!

Puisqu’il existe une consonne ‘v’ dans louve, elle peut varier et se transformer en ‘b’, ce qui nous donne les Loubès (St ou pas), les Loubet (Villeneuve ou pas), Loubère, ou même Loubatière, surnom gascon donné en général à une sorcière, parce que la femme avait la réputation de ‘vivre avec les loups’; pour autant qu’on puisse en juger, il ne s’agissait en fait souvent que de dénigrer une pauvresse qui vivait à l’écart du village et qui était hirsute, d’où le sobriquet de ‘poil de loup’ (de toutes façons, à l’époque, les femmes n’avaient pas d’âme -seulement au 18è siècle!- et représentaient des créatures du diable, alors…). Idem pour les Laloubère (en un seul mot) en Bigorre, ou les Loubeyres, lieux-dits ou communes diverses partout en France.

On pourrait en rajouter plusieurs dizaines, mais je vous ai gardé pour la fin deux ou trois variantes assez inattendues: tout d’abord l’adjectif qui qualifie une plante (la luzerne, entre autres) dont les feuilles ont la forme des oreilles (ou de la langue) du loup, le mot ‘lupuline’. Sans parler des « gueules de loup » de vos massifs et des…vess(i)es de loup si vous êtes amateur de champignons.). Sans compter les louves parisiennes à prendre au sens figuré de prostituées (on les a longtemps appelées ainsi, y compris dans le cinéma de Claude Chabrol pour désigner des lesbiennes), ou louves romaines aux mamelles pendantes sur les sculptures classiques et dans les films de Fellini…Des louves (lupa, en latin) qui ont donné leur nom à l’endroit où elles se tenaient, le lupa-nar.

La pauvre bête n’aura pas plus de succès dans les romans (le loup, c’est toujours le crétin, face au renard rusé) que dans le langage professionnel: en effet, dans beaucoup de métiers (édition, métallurgie, productions ou artisanats divers), « faire un loup », çà veut toujours dire rater une pièce ou une création. Le moins que l’on puisse dire, c’est que çà ne colle pas avec la belle Jennifer; sauf étymologiquement bien sûr.


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