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Mekhissi-Benabbad (Mahiedine)

Champagne -forcément- pour le natif de Reims, quintuple médaillé d’or dans sa discipline (le 3000m. steeple) à l’occasion des derniers Championnats d’Europe d’athlétisme de Berlin. Je ne sais pas si l’athlète français, d’origine algérienne, goûte le-dit breuvage, mais autant ne pas fêter sa victoire comme en 2014 à Zurich, où un malencontreux mouvement de joie lui avait fait ôter son maillot avant la ligne d’arrivée dans un geste qui lui avait valu une disqualification immédiate. Et ce, malgré un patronyme on ne peut plus protecteur…

De son nom complet Mahiedine Mekhissi-Benabbad (pas facile à répéter quand vous commentez une émission de sport sur France 2), notre homme est couvert de bons augures et de chance par différents symboles influencés, comme c’est souvent le cas dans des zones de culture musulmane (1), par des qualités divines.

Commençons par la fin, avec cette suite de patronymes un peu formatée sur les habitudes occidentales, où nous trouvons un ‘benabbad’ dans lequel on voit facilement un phénomène d’agglutination (de collage) constitué de ben-abbad. Même si la traduction est toujours un peu schématique, on comprend généralement le premier élément comme ‘fils de’ (2), et le second comme l’idée de quelqu’un qui adore (sous-entendu Dieu évidemment), avec un accent tonique particulièrement marqué par le redoublement du ‘b’ pour exprimer un effort marqué et continu, quelque chose comme ’celui qui consacre sa vie à adorer Dieu’.

Le terme qui joue le rôle de prénom (comme en Occident, le mot a davantage valeur de surnom, à l’origine) est un ‘mahiedine’, là encore formé de deux parties (mahie-dine). La première suggère l’idée de redressement au sens de rénovation, de relance, de réhabilitation (selon que vous soutenez un parti politique, une tradition religieuse ou un immeuble défraîchi); la seconde évoque tout simplement l’idée de beauté, aussi bien physique que morale, dont bénéficient également les Zinedine (3), les Saladdin(e) ou les Aladdin(e)…Voilà donc quelqu’un dont l’ancêtre a contribué à redresser une pratique ou une ferveur probablement religieuses.

Ce qui apparait comme un patronyme ‘principal’ n’a par contre pas grand-chose à voir avec la spiritualité, beaucoup s’en faut. Le phonème (le son) du mot s’interprète d’ailleurs différemment selon les cultures, les uns prononçant la syllabe centrale un peu comme un ‘x’français (mekssi) pour signifier une idée de vêtement ou de revêtement de quelqu’un ou de quelque chose; dans la zone proprement maghrébine, on fait un ‘rhotacisme’ (prononcer le ‘kh’ en ‘r’); la traduction la plus plausible semble alors renvoyer à un métier, ou du moins une activité ‘artisanale’, puisqu’on y trouve l’idée de couper, et plus précisément de castrer.

Il est donc question du rôle que pouvait jouer le porteur de ce nom dans un village, auquel on faisait appel pour toute opération sur des boeuf, des chevaux ou des ânes (peu de porcs dans les environs!), l’intervention en question pouvant également consister à simplement couper (tondre)…le pelage des moutons. On n’ira pas jusqu’à dire que notre athlète a mangé la laine sur le dos de ses adversaires, mais en tous cas il a fortement relevé le défi du concours en prolongeant son effort jusqu’au fil de la victoire. Y compris peut-être étymologiquement.

(1) les trois mots sont clairement de provenance arabe, mais pas forcément maghrébine, en tous cas historiquement de lointaine souche moyen-orientale…kurde (turque, quoi).

(2) l’équivalent des Mac écossais ou des O’ irlandais, ou celui des -son (en suffixe) anglais et des -sen scandinaves, etc…

(3) lire l’article sur…Zidane


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