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Monaco (Grace de)

C’est donc l’australienne Mary la Gamine (ou, si vous préférez Nicole Kidman, en v.o) qui a ouvert le dernier Festival de Cannes, avec la projection d’un ‘roman de vie’ (en français: biopic) consacré à Grace Kelly, dite Grace de Monaco. Le film est assez critiqué par la famille princière (qui confirme ne pas l’avoir vu), mais il faut dire qu’avec un nom comme Kelly, difficile de rester calme: il s’agit en effet d’un adjectif d’origine irlandaise qualifiant quelqu’un d’agressif ou de querelleur; quand ce n’est pas -selon les voisins anglais- une déformation du verbe ‘to kill’ (tuer). «Grac(ieus)e La Tueuse», même Hitchkock n’aurait pas osé en rêver! Mais intéressons-nous à cette occasion à ce territoire glamour et pourtant si peu paisible, en tout cas étymologiquement parlant.

Pour ceux qui n’ont pas la chance d’associer Monaco à casino, et pour ceux qui ont la malchance de n’y associer que bière-limonade-sirop (le blanc de la limonade et le rouge de la grenadine rappelant les couleurs de la Principauté!), voici donc quelques petits compléments de recherche, à défaut d’information, car Monaco suscite des interprétations et des rumeurs parfois curieuses, en linguistique aussi.

Première précision, la Principauté est un état à part entière, et, par rapport à la France, ce n’est pas une «enclave» comme on le dit souvent, mais une…encoche. L’enclave, comme son étymologie l’indique est en-clavée, en-serrée dans un autre pays (le Vatican ou St Marin en Italie. Llivia, territoire espagnol en France, ou St Pierre & Miquelon, confetti français au Canada, etc). Monaco ayant une frontière maritime, on parle alors d’encoche. Mais on ne va pas se battre sur les kilomètres de plage.

Contrairement à une idée assez communément -et plutôt confusément- répandue, on pense que Monaco existe depuis deux ou trois siècles seulement, depuis sa période de «pipolisation» comme on ne dit pas en monégasque…Car le monégasque (le parler) existe, même si la langue officielle est le français. Si vous habitez à Monte-Carlo, vous dites alors «la Principatù de Mùnegu».

Les mots en question sont très probablement ligures (un dialecte qui n’est pas l’italien), c’est à dire qu’ils viennent de la région de Gênes, que l’on parlait déjà dans l’Antiquité. Les grecs connaissaient aussi Monaco, eux qui ont fondé (entre autres, en Méditerranée) la ville de Marseille. Ce sont eux sans doute qui ont donné le nom de «Monoïkos» à la colonie ligure, créant ainsi le futur «Monaco».

A l’époque, on surnommait même l’endroit «Monoïkos, polis ligustiki», littéralement «Monaco, la cité des ligures». La légende veut que le mot de Monaco soit également attaché au personnage d’Hercule, lequel aurait fait une pause entre deux travaux en posant une fesse sur le rocher, à un moment où il venait de se faire plaquer par la déesse Astarté, qu’il convoitait. Conséquence: Hercule s’est retrouvé «monachos» (monos signifie seul, en grec) c’est à dire solitaire, pour ne pas dire célibataire. CQFD.

Quelques siècles passent, et Monaco devient (et ça, c’est de l’Histoire) une place-forte romaine; les Sarrasins passent par là quelques temps, se font virer à leur tour par les Ligures (le retour), jusqu’au début du 13è siècle où un ancêtre d’Albert, un certain François Grimaldi réussit à s’emparer de la forteresse en se déguisant en…moine. Coup du sort: étymologiquement, «monoikos» signifie également en grec «celui qui habite seul», et désigne donc un ermite ou un moine, les deux vivant -théoriquement- seuls dans une grotte ou une cellule. La ruse dudit François lui vaudra d’ailleurs le surnom (officiel!) de «François la Malice», et voilà pourquoi on peut voir, sur le blason de Monaco, deux moines ‘soldats’ tenant une épée (rien à voir avec les cours de kendo de Rainier). Pour l’analyse héraldique, je vous laisse avec votre moteur de recherche préféré.

Signalons au passage que ce ‘monos’…monastique va influencer la création d’autres mots, comme celui de l’animal dont le pelage a les mêmes couleurs (marron et noir) que le moine anglais, qui se dit ‘monk’; de fait, le ‘petit moine’ va devenir monkey, c’est à dire le singe! Je ne voudrais pas faire de mauvais esprit, mais avoir comme origine une histoire de demi-dieu solitaire ou un moine qui fait des grimaces, ça ne fait pas très sérieux, non? D’autant que Grimaldi vient d’un surnom germanique (grimmwald), qu’on peut traduire par ‘le gouverneur cruel’. Pas de tout repos, le couple Grace-Rainier! Y compris étymologiquement.


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