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Moura (Lucas)

Le premier nom de l’année -chronologiquement parlant- sera donc celui de ce footballeur brésilien dont la mise à prix permettra à quelques milliers de smicards* de liquider leur allocation en trois fois pour aller ‘supporter’ le dernier esclave acheté au marché (mercato) et se geler les fesses pendant quelques soirées sur les travées en ciment des stades où joue le PSG. «L’homme qui vaut trois milliards» (de réals) s’appelle donc Lucas Moura, ou plutôt Lucas Rodrigues Moura da Silva; ce brésilien est donc forcément…portugais, comme de très nombreux ancêtres de ses compatriotes, l’Amérique du Sud ayant été pendant longtemps le territoire d’invasion (pardon, de colonisation) de la part de puissances européennes, dont l’Allemagne (les territoires), la France (la diplomatie) et donc le Portugal (tout le reste, dont la langue). Bonne occasion pour se pencher sur chaque élément de son patronyme.

Commençons par éclairer son prénom, ce qui va se faire automatiquement étant donné son étymologie: il s’agit bien du mot grec ‘loukas’ (ou lukas), qui évoque la lumière, ou plus exactement à l’origine, la blancheur. Une blancheur virginale symbole de pureté; ou simplement la couleur (loukas devenant leukos, ce qui donnera par exemple le nom de la maladie des globules blancs, la leuc-émie). Quelques siècles plus tard, on retrouve la même racine (et presque le même son) chez les Romains, dans le mot ‘lux’ (luk-s) c’est à dire la lumière, forcément blanche si elle est naturelle. Tous ces phonèmes vont donner le surnom puis prénom Luk puis Luc, étiquette promise à un bel avenir dès qu’un médecin grec (paiën) du 1er siècle se mettra en tête d’écrire le Tome 3 des Aventures de Jésus-Christ, devenant ainsi ‘Saint-Luc’, un type qui était donc forcément une lumière.

Du coup, on trouve aussi des Luka (serbes ou slovènes), des Lukas (allemands ou norvégiens), des Loukas (grecs), des Louka (russes) et autres Lukaz (bretons). Dans compter les Luke anglais, un prénom qui a beaucoup de chance puisque les Luke sont Lucky…Faut-il y rajouter les Luca ou Lucca (italiens) dont le diminutif Luciano (Lucien) sera moins Lucky?

Même succès chez les filles, dont la Ste Luce (celle qui saute pas plus loin qu’une puce) deviendra la figure tutélaire des religions scandinaves, apportant chaque année la flamme vacillante du retour de la lumière au moment du solstice d’hiver. Même éclairage pour les cousines Lucie, Lucil(l)e, etc. Mais continuons…

Notre Lucas a forcément du coeur puisqu’il s’appelle aussi Rodrigue (ou Rodriguez version castillanne, et Rodrigues version lusitanienne). Et, après un prénom d’origine grecque, voici maintenant un second ‘surnom’ venu du Nord, puisqu’il appartient à deux sons gutturaux créés par nos envahisseurs préférés, les germains. En effet, il y a une quinzaine de siècles, quelques Goths, Wisigoths ou autres Teutons voyageurs débarquent sur les côtes atlantiques avec comme adresse mail ‘l’homme à la gloire puissante’, en l’occurrence ‘hrod’ (la gloire) + ‘ric’ (puissant). L’addition des deux va faire un ‘(h)rodrig’ qui prendra pour beaucoup d’hispaniques les yeux de Chimène. En tous cas, voilà un second surnom qui ne manque pas de panache.

Arrive alors le patronyme proprement dit, Moura, ou Mura parfois. Or, à l’époque, toute la future Europe du Nord est aux mains des Germains; celle du Sud est depuis longtemps propriété des Arabes, Portugal et même Espagne n’existant pas encore, beaucoup s’en faut…A part quelques ‘Vikings’ celtes qui ont déjà installé un empire éclaté entre les côtes des Cornouailles, celle de la Bretagne et le futur Portugal, toute la péninsule est habitée et administrée par des gens au teint mat, les Maures, lesquels deviendront par déformation les Moure ou même les Mure, qui ne ramèneront leur fraise que beaucoup plus tard. Voilà qui explique l’implantation de souches patronymiques Moura, de la Galice à Gibraltar, dont les descendants feront le saut de l’Atlantique au moment des ‘Grandes Découvertes’ du 15è siècle.

Il faut croire que l’aïeul de Lucas n’était pas le seul Moura. Alors, pour le différencier de ceux qui habitaient le village ou sur la colline, on ajouta sur sa carte de visite l’endroit où s’était installé (ou il travaillait, peut-être?), à savoir Da Silva, de la forêt (cf.sylvestre, en français, et silvestre en vieux-français, c’est le même mot!). En toute probabilité, voilà un homme destiné à briller dans la lumière (Lucas), à recevoir la gloire (Rodrigues), et qui devrait bien s’entendre avec des propriétaires qataris (Moura). Mais tout cela ne serait-ce pas un arbre qui cache la forêt (Silva)? Etymologiquement au moins.

* désolé, vous savez, vous, si on dit Rsa-iste?


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