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Ormesson (Jean d’)

Ou comment on découvre que les Immortels sont mortels. Vous aurez forcément entendu le nom de l’académicien au regard bleu-acier sur tous les médias et sur tous les tons, à raison sans doute mais pas forcément pour expliquer l’origine de son nom. Facile à comprendre mais qui réserve quand même quelques belles surprises, on va donc ne retenir que le ‘nom de provenance’ de ce…Jean-Bruno-Wladimir-François-de-Paul Lefèvre d’Ormesson : vous imaginez sans peine pourquoi le milieu littéraire parisien l’a rapidement surnommé ‘Jean d’O’ (2 syllabes au lieu de…16)!

Or donc, le fils de…Marie-Henriette-Isabelle Anisson du Perron (croyez- vous que la famille soit plutôt abonnée au Figââro Magazine qu’à l’Humanité Dimanche?) porte le titre -authenthique bien que de ‘courtoisie’, c’est-à-dire de fantaisie, sans véritable existence légale- de Comte d’Ormesson, autant dire que vous déjà trouvé qu’il s’agit là d’un patronyme qui intègre le lieu d’origine ou de propriété d’un ancêtre qui n’avait pourtant rien d’un aristocrate, puisqu’il était…laboureur. Et que, de plus, il ne s’appelait pas d’Ormesson!

C’est en effet un certain Jean Le Fèvre (1) qui va commencer à sortir la lignée familiale de la terre pour permettre à l’un de ses descendants (au 16è siècle) d’acheter un jour les terres de la Seigneurie d’Ormesson en région parisienne (Val d’Oise) qui deviendront un jour (au milieu du 18ème) le nom d’un village de la Marne, lequel sera à son tour le berceau ‘moderne’ de notre bonhomme. Voilà pourquoi Jean (etc, etc) sera d’Ormesson, tout ‘simplement’ (2).

Bon, ça fait déjà trois paragraphes que je vous tiens (j’espère) sans rien dire de la racine de cet ‘ormesson’, mais, en fidèles lecteurs, vous avez peut-être déjà deviné ou vous vous doutez qu’il y a là un suffixe (-sson) qui suit une racine (orme-). Commençons donc par nous appuyer sur la première surprise de ce mot, la marque d’un diminutif qui s’applique à un ‘petit quelque chose’, et qui plus est pas toujours très élogieux. Exemples…

Un paillasson, c’est un petit carré de paille où vous essuyez les pieds; un polisson, c’est un petit gamin, un galopin ou un voleur (sens du 18ème siècle); un saucisson, une petite saucisse, forcément; un nourrisson, un bébé qu’il faut nourrir. Et un canasson, c’est un…petit canard (une petite cane, si vous préférez), le mot s’étant appliqué par la suite à un cheval…ca(g)nard, qui courait mal donc un mauvais cheval (3)!

Et maintenant il nous reste le plus évident, cet ‘orme’ qui désigne bel et bien le nom de l’arbre, une variété qui devait être particulièrement abondante sur le territoire du domaine puis d’une commune qui aurait tout aussi bien s’appeler l’Ormaie, y compris même avec un petit exercice d’agglutination en Lormaie, Lorme, ou Delorme (pour commencer avec les patronymes qui en découlent; non, plutôt qui en descendent, vu qu’il s’agit d’arbres) comme la comédienne Danièle.

Le plus intéressant est que les branches de ce végétal sont très flexibles, y compris linguistiquement, car ils vont permettre quelques exercices assez inattendus, dans deux directions différentes:

D’une part, le simple nom commun ‘orme’ va subir un passage en ‘liquide’, une transformation du ‘r’ en ‘L’ (vous connaissez sans doute des régions où on rrrroule les rrrr jusqu’à en faire des loucoulades). Ainsi l’orme va-t-il pousser sous les noms Olme, Olmès (en Languedoc), Olmeda (en Espagne) et aussi…Olmeta (en Corse) pour les amateurs de foot à la télé.

D’un autre côté, par un phénomène de ‘vocalisation’ (création d’une voyelle) qui s’appuie sur la version précédente, on va entendre (et puis écrire) dans certains patois un ‘o’ ou un ‘ou’ à place du L. Ce qui va cette fois donner naissance à des Delhoume (ex-de l’orme, donc), des Delhomez ou Delhoumez (dans le Nord), Delhoummeau (en Sarthe ou Vendée), plus simple en Delhommeau et donc en…Delhomme, ce qui interdit de chercher le garçon en quoi que ce soit avec ce nom puisqu’il n’y a pas la moindre feuille (de vigne) sur cet ‘homme’ mais un tronc d’arbre, en tous cas étymologiquement!

(1) Que de coïncidences! Mais rien à voir évidemment avec le nom de l’acteur (mais avec une orthographe différente, il s’agit bien du même mot), le ‘fèvre’, du latin ‘faber’ désignait le forgeron. Voir aussi le dernier (récent) paragraphe sur…Johnny-Smith-Hallyday!

(2) Petite précision: il paraît qu’il faut dire «d’Ormésson» à l’ancienne, logique avec le ‘e’ devant deux ‘s’.

(3) Encore une, au passage: un…Ardisson (anciennement hardisson), c’est un ‘petit dur’, formé sur la racine germanique ‘hard’. No comment.


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