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Pagenaud (Simon)

Qui c’est celui-là, qui c’est ce mec-là? Si vous ne le connaissez pas encore, c’est tout simplement l’un des meilleurs pilotes (automobiles) français, qui représente actuellement la France sur le mythique circuit américain d’Indianapolis. Voilà un homme qui, en dehors de son palmarès très convaincant, a toutes les raisons de croire en lui et de voir du pays, y compris étymologiquement!

Simon est né à Poitiers, heureuse (mais pas systématique) coïncidence géographique puisque son patronyme porte la marque de tous les suffixes caractéristiques de la région Poitou-Charentes et éventuellement Limousin, ce ‘-aud’ final, allégé en ‘-eau’ dans le Val-de-Loire (jusqu’à l’estuaire)…Il nous reste donc comme racine principale ‘pagen’, qui a donné d’autres pousses comme les Pageneau donc, Pagenot et même Pagenel(le), dont l’histoire et l’évolution ne sont pas sans surprises!

Car ce patronyme, partagé uniquement par quelques centaines de personnes sous sa version initiale de Pagen (ou Pagan, principalement en Languedoc-Roussillon), a pour tout premier sens celui de…paysan, et prend de multiples formes (le paysan peut être brave, bio, ou en colère selon les les saisons). En vieux-français ou en patois, on le trouve le plus souvent dans son champ et en version originale de Payan ou Pagan, et de Payès ou Pagès, en provenance directe de la fin de l’Empire romain, dont les citoyens utilisaient le mot ‘pagus’, qui signifie le pays en latin. Attention, pas au sens de nation ou de patrie, mais plutôt de localité, de district, de canton comme on dirait aujourd’hui, ou même de simple région naturelle, pas encore administrative, mais le sens est resté jusqu’à nos jours. Exemple: Miss Pays de Loire, Miss Pays du Forez, Miss Pays de Valois, etc.

Il n’y a pas si longtemps encore, chez les Compagnons du Devoir, chez les appelés du contingent ou dans bien d’autres métiers, on retrouvait son “pays”, c’est à dire son copain né dans le même bled (*), et, après le service, on retournait voir sa “payse” qui attendait au village le retour du Martin Guerre, pour ne pas dire son ‘petit paysan’, son Pagenaud, afin de vivre tranquillement sur (ou dans) sa terre (je vous parle d’un temps où les exploitants n’avaient pas de dettes au Crédit Agricole…).

Il n’empêche: c’est ainsi qu’est né le terme de paysan, à savoir, à l’origine, quelqu’un de pas forcément agriculteur du tout, mais juste celui qui habitait un certain lieu…Les choses se sont compliquées au 4è siècle après JC, avec un mec pas très cool qui s’appelait Saint Augustin, et qui a constaté que les habitants des villages allaient facilement à l’église parce qu’ils étaient “à portée de main du clergé” si j’ose dire, et que donc on pouvait facilement les évangéliser et les baptiser.

Les autres, les ‘gens de l’intérieur du pays’, il fallait aller les chercher au fond des campagnes, voire des montagnes; ils étaient donc plus difficilement et par conséquent plus tardivement en contact avec la Bonne Parole. Du coup, on les a appelés avec le mot original de “pagan » ou  »payan”, lequels ont donné naissance au pagan-isme, donc aux…payens, vite orthographiés païens! Autrement dit des mécréants (sens premier: des ‘non-croyants’, pas forcément mauvais), simplement parce qu’à l’époque il n’y avait pas d’autoroute pour arriver à l’heure à la grand’messe de la cathédrale.

Et figurez-vous que sur la même racine que ‘pagen’ arrive le sens péjoratif de ‘péquenot’ qui apparaît au 13ème siècle sous la forme ‘pecque’ et de genre exclusivement…féminin; il sera à la base du futur nom commun ‘pécore’, pour désigner une femme de mauvaise vie et/ou pauvre. C’est à cause de ce dernier adjectif que le mot passera au masculin à l’époque de Molière, avec le sens d’homme pauvre donc mal nourri, donc maigre ou chétif, également appelé ‘pékin’ (rien à voir avec la Chine donc, malgré de malveillantes rumeurs en rapport avec la silhouette filiforme des habitants de l’Empire du Milieu, tels que caricaturés par de gras marchands vénitiens). D’où l’orthographe plus académique de ‘péquin’, puis le diminutif péquenot, sorte de forme vulgaire de ‘pagenot’!

Ironie du sort: il y a quelques paysans-Payen célèbres dans l’Histoire, qui se sont souvent illustrés dans…l’Eglise. Comme Thibault Payen, chevalier du 11ème siècle, qui a rejoint Godefroy de Bouillon lors de la première Croisade. Un siècle plus tard, l’un de ses descendants, Jean Payen, s’engage aux côtés de St Louis pour combattre les infidèles (les ‘autres’ mécréants). Et, au 19è siècle, je vous ai trouvé un allumé, un certain Nicolas Payen, médecin monomaniaque qui a passé sa vie à répertorier la composition et les qualités des eaux minérales françaises en…4000 volumes. En voilà un au moins qui a du voir du…pays.

Mais terminons sur nos ‘pagen’, dont la famille italo-corse a retenu la version ‘pagan’ pour faire des Paganucci, Paganelli, Paganello ou encore Pagani et donc son diminutif…Paganini. De quoi faire jouer les violons lors des victoires de Simon. Y compris étymologiquement!

(*) Equivalent d’origine arabe évidemment, que vous pouvez également appeler ‘plouc’, sobriquet devenu un brin désobligeant pour qualifier les Bretons arrivant à la capitale (Bienvenüe**…gare Montparnasse et son quartier) en provenance de leur ‘plou’ (de leur ‘coin’).

(**) Petit rappel pour les non-parisiens (et encore…): Bienvenüe n’est pas une formule d’accueil destinée aux survivants du TGV, mais un hommage au créateur du métro(politain), Fulgence Bienvenüe, dont vous aurez noté le tréma sur le ‘u’, indice d’une contraction puisque le nom vient de ‘bene venuto’…


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