Papandréou (Georges)

Au nom du Père…Ainsi pourrait commencer cette chronique, au moins autant comme prière afin de sauver la Grèce (et l’Europe, dit-on) que pour définir l’homme qui en est en ce moment le ‘maillon faible’, le premier ministre grec Georges Papandréou. Sauf si vous pratiquez la langue héllène couramment, le mot ne vous dit peut-être rien. Les quelques tests effectués au moment d’écrire ces mots ont évoqué aux personnes interrogées des réponses aussi inattendues que « çà me fait penser à filou » (la terminaison); « Il doit y avoir un rapport avec le Pape » (le début du mot); « C’est pas: André est où? » (découpage syllabe après syllabe)…Eh bien, dans tout cela, il n’y a quasiment que des bonnes réponses, et voici pourquoi.

Dans Papandréou, il y a effectivement deux mots, papa+andréou, l’un et l’autre de ces éléments ayant un sens très riche, au contraire des caisses de l’état concerné. Commençons par Papa, qui est une quasi-onomatopée, un son que l’on retrouve dans beaucoup de langues avec toujours le même sens: celui du père. (Y compris dans des orthographes qui semblent différentes, mais qui ne sont que des variantes locales: c’est le cas du ‘pater’ latin devenu ‘father’ en anglais mais aussi daddy; ou ‘vater’ en allemand, où l’on constate qu’il s’agit toujours du même mot, sauf l’initiale). Bref, tout çà, c’est une histoire de père, qu’il faut prendre en grec sous la forme qu’on lui donne dans le registre religieux français: « mon père », c’est très exactement le sens originel de ‘prêtre’. L’étymon grec (le mot-racine) est d’ailleurs ‘Pappas’ (ou Papas) = le prêtre.

Ce ‘pappas’ va évidemment être à l’origine du très ordinaire ‘papa’ français, mais aussi de l’italien ‘pape’, lequel représente bien le père de tous les fidèles, qui diront par ailleurs ‘notre Mère l’Eglise’. La boucle est bouclée, et la famille est donc ceinte.

La seconde partie représente le prénom du prêtre concerné; on va alors pouvoir ‘conjuguer’ ce ‘père/prêtre’ avec tout ce qui va tomber sous la main, comme le Père André (Papa-Andréou, les deux ‘a’ à la suite se simplifiant en Papandréou), le père Nicolas (Papanicolaou), le père Christophe (Papachristoforou), ou, de façon générale, Papadopoulos (poulos signifie le peuple, mais ici il faut le prendre au sens de ‘peuple familial’, à savoir une seule personne : le patronyme a donc valeur de ‘fils du prêtre’ -orthodoxe).

En ce qui concerne précisément notre André (Andréas, en fait, à l’origine), le nom de cet apôtre du Christ, qui fut l’un des premiers à abandonner ses filets de pêche pour devenir disciple et aller prêcher jusqu’en Russie, va devenir célèbre dès son martyre, au 1er siècle. D’abord, il fut crucifié selon la tradition générale (contrairement au support où fut cloué Jésus), à savoir en « X », d’où le fait que cette forme s’appelle Croix de St-André…Ajoutons également que le prénom Andréas vient d’un mot grec qui signifie masculin, viril, le terme ‘aner/andros’ (rien à voir avec la confiture) désignant un homme puissant (à prendre au pied de la lettre, c’est à dire…le contraire d’impuissant). Tout cela va faire d’André l’un des piliers des églises, surtout celles qui lui sont dédiées, donnant au passage leur nom au village ou à la ville, ce qui explique les centaines de lieux appelés St André de quelque chose en France.

On ne peut pas terminer sans revenir sur le papa(andréou) qui n’est donc pas forcément l’homme fort du moment, et remarquer que le nom du président grec (et non plus premier ministre) est Carolos…Papoulias, une sorte de diminutif de Pappas, signifiant petit papa, voire souvent papy pour ne pas dire papounet. Ce n’est pas sûr que la chose ajoute du sérieux à la situation, sauf à citer l’un des (nombreux) patronymes français dérivés de cette racine, à savoir…Papon (Maurice), terme d’ancien français du vocabulaire occitan dans lequel il désigne un aïeul. Maman!

N'hésitez pas à soutenir ce site ! Il vous est possible de faire un don libre pour assurer un contenu régulier et sans publicité. Votre participation serait grandement appréciée !