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Pitot (Henri)

Sauf à être pilote de ligne, voilà un homme – et un objet – dont vous ignoriez sans doute comme moi jusqu’à l’existence, mais dont le nom est devenu (malheureusement) célèbre lors du crash de l’avion d’Air France Rio-Paris. Le patronyme de cet ingénieur revient aujourd’hui dans les titres des journaux à l’occasion des conclusions de la commission d’enquête; les sondes servant à mesurer la vitesse des avions portent en effet son nom, mais là encore, qui avait remarqué ces petites « moustaches » à l’avant des appareils ?

Triste argument de notoriété donc, pour cet ingénieur en hydraulique que l’on imagine au service d’Airbus par exemple, alors que notre brave Henri est né dans le Gard en…1695 ! A l’époque, le tube dit « de Pitot » ne risquait pas d’être utilisé dans l’aéronautique, mais dans le nautique tout court. Lui-même dira qu’il eut l’idée par hasard de faire passer de l’eau dans un tuyau pour mesurer la force du courant de la…Seine, quand on lui confia une mission d’évaluation du débit du fleuve parisien, sous le règne donc de Louis XIV. Et c’est en 1732 que Mr Pitot présentera un petit système avec un tube en forme d’angle, capable -disait le brevet- de « mesurer la vitesse des eaux courantes et du sillage des vaisseaux ». Presque trois siècles plus tard, le tube Pitot ne calcule évidemment pas le flux de l’eau sur le museau des Airbus, mais celui de l’air; il fait donc partie du système des anémomètres.

Il n’empêche, Mr Pitot porte un nom qui, comme tout le monde, a son étymologie. Au milieu de plusieurs variantes comme Pitaut, Pitault, Pitau, Pitaud, Piteau, Piteaud ou Piteault -quand on vous dit que l’orthographe n’est rien, tout est question de phonétique -, notre Pitot de souche provençale s’appuie sur un mot dont la forme était familière au Moyen-Age, et qui évoque une personne « pas vraiment aidée », comme on dirait vulgairement aujourd’hui.

Illustration spectaculaire des connotations phonétiques: Le mot peut désigner plusieurs personnes très différentes, mais qui ont toutes en point commun une certaine lourdeur, ou un défaut, ou un statut peu recommandable. Soit, en vrac: un paysan, un importun, un imbécile, un militaire buté, un mari cocu, voire même un enfant trouvé ou adopté. Ou, si vous préférez, dictionnaire de rimes en main: un Pitot, c’est au choix un péquenaud, un lourdaud, un nigaud, un troufiau, un corniaud, ou un…petiot ! Comme vous le constatez, c’est à chaque fois le son final « O », quelle que soit l’orthographe, qui donne la nuance péjorative.

Comble de désespoir, tous les patronymes mentionnés ci-dessus semblent venir de la racine latine « pietas », qui a un rapport avec la pitié, non pas la pitié que l’on a (çà, c’est la « miséricorde »), mais la pitié que l’on fait, c’est à dire, littéralement, l’état de quelqu’un de…piteux, ou de pitoyable, mots de la même famille que Pitot! Décidément, la tristesse de cette histoire est…insondable.


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