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Preynat (Père Bernard)

Pas vraiment facile de dénoyauter ce patronyme, qui aura été au coeur d’une affaire de pédophilie tout autant que de liberté d’expression en raison d’une demande de report de sortie d’un film qui raconte, sous forme de fiction, une certaine réalité. L’une a-t-elle dépassé l’autre? En tous cas il y a débat, y compris étymologiquement.

L’orthographe originelle de ce nom est Prénas ou Prénat, selon une souche géographique localisée entre Loire et Ardèche. On trouve également des variantes plus patoisantes en Savoie et Franche-Comté sous la forme Preney voire Pren(n)ez, encore plus au nord. Notre Preynat semble avoir hérité d’un suffixe ‘-at’…auvergnat assez traditionnel qui marque un lieu ou un domaine; nous reste donc la racine ‘preyne‘, préne ou presne (avant élision du ’s’ en accent), écriture médiévale de la prune.

Nous aurions donc affaire à un toponyme, un nom qui désigne le propriétaire ou l’exploitant d’un verger qui produisait ce fruit. Pour tout arranger, ces pruniers ont une branche qui a donné le diminutif de petite-prune soit le pruneau (souvent plus gros aujourd’hui que certaines prunes), lequel existe bel et bien comme surnom, non seulement avec le même mot mais aussi en tant que Presneau, Praineau ou Preyneau.

On doit cette récolte au vocabulaire latin de la fin de l’Empire, d’après le terme neutre ‘prunum’ (*), lequel permettra de fabriquer le métier du prunellier, mais aussi la ‘toute-petite-prune’ à laquelle vous tenez sans doute beaucoup puisqu’à partir du 12ème siècle on l’appellera prunelle dans le langage commun, à la place du mot savant de pupille (de l’oeil, évidemment).

Plus surprenante a été, temporairement, l’utilisation de l’idée de prune ou de pruneau pour qualifier ironiquement un homme à la peau sombre (noir comme un…), avec le ventre rond comme le fruit ou ridé comme un pruneau! Par contre, il faudra attendre le 19è siècle pour voir apparaitre dans le vocabulaire militaire la comparaison avec des munitions sombres et ovales comme un pruneau pour en faire un synonyme de balle de fusil.

Le pépin de ce pruneau, c’est qu’un certain nombre de linguistes en feraient bien au contraire une déformation de…Pierre, dont plusieurs diminutifs (Pernet, Perney, Prénas et justement Preynat) auraient subi un phénomène de ‘métathèse’ assez classique (le changement de position du ‘r’), pour, historiquement, des raisons de simple capacité de prononciation. Exemple parmi tant d’autres: les Crabit n’ont aucun rapport avec les crabes mais avec les chèvres, puisqu’il est question de…’cabris’!

Si l’on admet plus facilement un changement identique entre Pierre et Peyre (et tous ses dérivés occitans), il faut dire que l’exercice demanderait quand même ici un ‘saut’ de plusieurs consonnes; et je ne sais pas si s’appeler Petit-Pierre arrange vraiment les choses pour un sujet pareil. En tous cas, voilà une question que l’on peut sans erreur considérer comme une affaire de ‘drupes’ (la classification botanique du fruit)! Y compris donc étymologiquement.

(*) …et pas ‘pruna’ de forme féminine, qui signifie au singulier une braise, un charbon ardent. Comprenne qui pourra…

NB: Egalement ‘Barbarin’ en archives…


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