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Quinon (Pierre)

C’est l’été meurtrier, pour ceux qui ont le courage du suicide. Pierre Quinon a choisi, lui aussi, de lâcher une barre qu’il avait si souvent « tutoyée ». Ancien (et premier) champion olympique français à être médaillé olympique en saut à la perche à Los Angelès en 1984, il fut aussi -en 1983 pour quelques jours seulement- recordman du monde avec une hauteur de 5,82m, balayée par la génération suivante. Quinon le varois se prénommait Pierre, or il eût été plus correct qu’il se fût appelé Jacques, du moins étymologiquement.

Quinon illustre parfaitement un processus linguistique toujours assez surprenant pour un non-spécialiste, mais qui est assez fréquent, le phénomène d’aphérèse. Rien à voir avec une maladie honteuse, l’aphérèse représente la chute de la syllabe initiale d’un mot, pour des raisons de prononciation ou de longueur du mot. Quand c’est la fin du mot qui ‘tombe’ (euro pour europe, voir deux articles avant celui-ci), on dit apocope; quand c’est le début, on dit aphérèse, et c’est le cas des Quinon. Car pourquoi s’appelle-t-on Quinon? Une déformation de ‘quignon’? Pas du tout.

En effet le quinon (en Provence), comme le quinet (en Lorraine) ou le quinot (Pays de Loire) est l’aphérèse de…Ja(c)quinon, autrement dit une forme diminutive du prénom Jacques. Tout comme on a fabriqué des Jacquot, Jacqui (ou Jacky si vous voulez la jouer à l’anglaise), on a créé des diminutifs de ce mot, souvent pour des raisons que l’on dit ‘hypocoristiques’, autre mot grec qu’on peut traduire par ‘affectueux’. Donc, traduction complète: Quinon, c’est le ‘petit Jacques adoré’.

L’évolution du mot a été la suivante: Jacques > Jacquin > Jacquinon > Quinon. Si l’on reprend le processus au deuxième stade (Jacquin) et que l’on fait tout de suite l’aphérèse, on obtient « Quin », syllabe trop courte pour être ‘agréable’, et que l’on va donc redoubler pour lui donner un peu de consistance affective (comme nounours, maman, bébé, etc…), et l’on obtient alors Quinquin, « Petit Jacques » bien connu dans le nord de la France!
Dans un autre domaine, et avec une autre racine, on constate le même phénomène par exemple pour Monet, diminutif de Momone, lui-même aphérèse de Simone; vous avez compris le système, plus besoin de vous faire un tableau; et maintenant que vous connaissez la musique, citons le même cas pour les Massenet, aphérèse de Thomas (Tho-massenet).

Voilà pourquoi un ‘Jacques Quinon’ eût été parfait pour un homme qui touchait le ciel de ses crampons; malheureusement, la chute n’aura pas fait tomber que la première syllabe de son nom.

Ps: Le seul patronyme ressemblant à cette famille de Jacques est Quiniou, un autre sportif, ancien arbitre international et meilleur arbitre de football français à la fin des années 80. Ce Quiniou-là, typiquement breton, vient d’un mot du dialecte vannetais (logique) qui n’a rien à voir avec Quinon,  et qui évoque, lui, un combattant ou un guerrier. Ce n’est donc vraiment pas un Jacques; la preuve, il se prénomme Joël.


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Un commentaire au sujet de Quinon (Pierre)

  1. Merci pour votre explication mais qu’en est-il de Jacques ? Pourquoi appelait-on les paysans périgourdins du XIX ainsi ? (Cf. Jacqou le croquant).
    Il existe une expression je crois que l’on dit à un enfant turbulent « Ne fais pas le Jacques !!! »
    D’où vient cet’ étrange prénom ?

    Merci.

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