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Saal (Agnès)

Arrivée récemment au poste de présidente de l’entreprise publique de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel), cette ‘haut-fonctionnaire’ (1) n’aura survécu à la pression ministérielle que quelques heures, après la diffusion (on n’ose pas dire publication) de monstrueuses factures de taxi (malgré la mise à disposition d’un chauffeur), pour elle-même et sa famille, avec parfois des courses…simultanées. On ne doute pas de l’ubiquité nécessaire à sa fonction, mais quand même! Voilà donc un terrain dans lequel s’est embourbée la dame, y compris d’ailleurs étymologiquement.

Car Saal, contrairement à tous les premiers commentaires que j’ai pu entendre autour de moi, n’a rien d’un nom ‘étranger’ -en tout cas de nos jours- puisque le mot est issu d’une racine germanique qui a fait souche dans l’Est de la France, principalement sur l’axe Strasbourg-Mulhouse-Vesoul-Besançon, à cheval donc entre l’Alsace (longtemps non-française) et la Franche-Comté ou la Bourgogne (historiquement, idem!). Or, pour en préciser la racine, on est encore à cheval entre deux chaises (de réunion).

On trouve en effet des Saal (plutôt ceux de la Haute-Saône) qui ont subi l’influence de l’ancien-français ‘salle’, soit sala en bas-latin, la forme décadente du charabia de la fin de l’Empire et donc de l’occupation romaine, le gaulois et autres dialectes régionaux reprenant alors leurs droits. Ce ‘sala’ a donc donné ‘salle’, mais dans un sens beaucoup plus officiel que la notion de ‘pièce’ actuelle (salle à manger, salle de bain); il s’agit en effet, à la fin du Moyen-Age, d’un espace officiel, et souvent d’un bâtiment spécifique.

Aller à la sal(l)e, avec un ou deux L à l’origine, signifie alors se rendre à une manifestation publique, donc plutôt une ‘salle des fêtes’ ou une salle commune, pour ne pas dire communale. Dans la fonction première de l’endroit, il y a aussi bien la réception de visiteurs de passage que l’accueil, jusqu’à l’hostellerie, le relais de chevaux, ou l’hébergement de troupes militaires en campagne (pas encore le bal du samedi soir, quoi). Il y a d’ailleurs un certain nombre de communes appelées Salles en France, dont l’histoire confirme ce sens.

En ce qui concerne les Saal du ‘nord’ (ceux de Mulhouse, par exemple), on est là en pleine influence du vocabulaire germain, pour lequel il s’agit d’un toponyme, un nom de lieu, en l’occurrence la description d’un terrain de campagne humide, un endroit marécageux impropre à la culture, et dans lequel on s’enfonce facilement (ce n’est pas une raison pour patauger dans les prérogatives de fonction!)…

Dans d’autres régions de France -et à peu près toutes- on trouve également des termes spécifiques pour qualifier ce type de terrain, trop nombreux pour être signalés ici (2), tous variantes du très ‘parisien’ Marais (comme l’acteur Jean) ou les nombreux Desnarais/Desmarets. Donc, pas de jeu de mot facile et mesquin sur ce ‘Saal’, dont je ne fais que signaler l’équivalent hongrois, langue dans laquelle le même type de terrain boueux et instable se dit…Sarkozy.

Un mot quand même sur l’unique objet de son licenciement (et, sans doute, de son ressentiment): le taxi (je ne sais pas si le chauffeur s’appelait Joe), terme repris quasiment dans tous les pays du monde (sauf un ou deux!), aussi bien en allemand qu’en anglais, en arabe qu’en russe, en turc qu’en indonésien, en danois qu’en albanais…. Bref, à l’origine il y a le mot grec ‘taxis’, qui exprime un état ou une disposition particulière dont on a pris la décision (un peu le sens de ‘statement’, en anglais). Cela concerne d’abord -comme toujours- les affaires militaires, à savoir la mise en place des troupes, leur (ar)’rangement’, l’ordre de bataille, etc. Dans la vie civile, il va plutôt s’agir de la mise à disposition d’une personne pour un poste (avant de se faire virer?), puis de sa fonction, et/ou du cahier des charges dont elle est responsable…

Au sens commun, la disposition en question va vite s’appliquer à l’édition d’une règle (administrative), puis d’une contribution, puis d’un impôt, bref d’une…taxe, et c’est bien le mot qui est à l’origine du mécanisme qui permet le calcul et le paiement d’une ‘taxe de transport’, le taximètre (le compteur, quoi). Vite abrégé par ‘apocope’ (comme dit doctement votre dictionnaire étymologique), c’est-à-dire tout simplement après l’abandon de la deuxième partie du mot (on ne dit pas télévision, mais télé; cinématographe, mais cinéma ou ciné, etc).

Et voilà comment une facture de taxes en taxi(s) oblige à démissionner d’un poste, par ailleurs probablement assez marécageux. Au moins étymologiquement!

(1) Il paraît qu’on ne dit (toujours) pas ‘haute-fonctionnaire’. De toutes façons, je ne connais pas sa taille…
(2) …et dont vous trouverez de nombreux exemples en tapant le mot-clé ‘marais’ par exemple.


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