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Spiegelmann (Art)

L’homme de la semaine est peut-être le dessinateur du siècle, en tous cas en matière de bande dessinée. BD au singulier, car, même s’il a produit plusieurs albums, le voici récompensé par le Grand Prix de la Ville d’Angoulême depuis dimanche dernier, ce qui va mettre un peu plus en lumière son oeuvre majeure « MAUS », titre complet en français: « Maus, un survivant raconte », où pour la première fois on met en scène dans des bulles l’histoire de l’Holocauste et de la barbarie nazie en suivant une famille de…maus (= souris, comme mouse en anglais, même racine que Musulin, cf cet article).

Intéressons-nous à son nom, et même, rapidement à son prénom: Art! (le même que le chanteur Garfunkel, duettiste avec Paul Simon). Simon, Garfunkel*, Spiegelman…sans faire de caricature, tout cela évoque une ascendance juive (et même juive ashkénaze, « de l’Est »), ce qui ne pose aucun doute pour notre dessinateur, né à Stockolm -et pour cause- en 1948. Art, comme Artek, Artis, Arto, Artus, Arty et même Artie**, est évidemment l’une des nombreuses formes (abrégées) du prénom celte Arthur (théoriquement formé sur une racine « arz » qui signifierait l’ours, et, en tous cas, popularisé par le premier roi qui avait monté dans sa cuisine une Table Ronde à dix places pour ses Chevaliers.

Venons-en à Spiegelmann, formé de deux mots: spiegel + mann. Sans surprise, « mann » (ou man, en anglais) se traduit par « homme ». Quant à « spiegel », le mot signifie très simplement « miroir » en allemand. Ce qui nous fait donc cette forme composée, particulièrement présente, côté français, dans les familles originaires d’Alsace et de Moselle, pour désigner « l’homme du miroir », à savoir le marchand ou le fabricant de miroirs, objet précieux à l’époque où « explose » ce patronyme, en l’occurrence le 16è siècle allemand.

Côté allemand justement, le mot désigne toujours le même métier, tout comme Schuman(n) -shoeman en anglais- va désigner…un cordonnier, ou Goldman(n), « l’homme de l’or » va désigner…un orfèvre, etc.

Mais ce terme « spiegel » peut avoir un sens sous-entendu surprenant : pour cela, il faut aller chercher l’oeuvre populaire majeure de cette époque; vers 1510, apparaît un « roman » attribué à un certain Herman Bote mais vraisemblablement de création anonyme, qui s’appelle « Till Eulenspiegel », traduit en français sous le titre « Till l’Espiègle » (film de Joris Ivens avec Gérard Philippe, en 1956. Il y aura même un poème symphonique écrit par…Richard Strauss, en 1895).
Bref, « eulenspiegel » va être « mal entendu » et réécrit en « Til U-lespiegel », ce qui va nous donner le mot…espiègle, qui n’a donc aucun « fondement » étymologique sérieux!

Or, que raconte « Till Eulenspiegel »? Les tribulations d’un bouffon qui se balade avec une…chouette (eule) et un miroir (spiegel), avec lesquels il ridiculise ses contemporains. Sauf que la raison est beaucoup plus triviale (imaginez: à la même époque, on a Rabelais, chez nous!). En fait, « eulen » vient d’un verbe de bas-allemand qui veut dire « essuyer ». Quant à « spiegel », il signifie aussi le cul! Grosso-modo, le titre littéral devrait être « je t’emmerde »!

Finalement, c’est un peu le message que fait passer Art Spiegelmann dans ses dessins à destination de la barbarie nazie…

(*) Garfunkel, nom juif ashkénaze, signifie diamant (d’où, en général, le surnom du joaillier).
(**) Le clarinettiste et chef d’orchestre d’origine juive Arthur Jakob Arshawsky (!) a été américanisé en…Artie Shaw (ce qui ne fait rire que les agriculteurs français)


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