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Spirou

C’est un gamin sautillant d’âge respectable dont nous parlons aujourd’hui, puisqu’il s’agit d’un des plus célèbres personnages de bandes dessinées, le bien-nommé Spirou, dont la houpette dorée et la livrée rubiconde n’échappent plus à personne. Créé juste avant la Seconde Guerre Mondiale par le dessinateur…français Robert Vetel, cet emblème de l’hôtellerie belge -et même plus spécifiquement wallonne- va subir quelques avatars dans le dessin de sa silhouette, et ce, sous la mine de différents artistes. Vous savez déjà peut-être que son nom a un rapport avec l’écureuil (belge, toujours), petit animal familier qui cache bien d’autres aspects, en tout cas étymologiquement…

Première constatation: si le groom débrouillard a pris ce surnom, c’est justement par analogie avec le petit rongeur; d’une part à cause de son costume dont la couleur rappelle la robe de l’animal (on n’a jamais vu de boutons dorés sur le ventre d’un écureuil, mais bon…); d’autre part, parce qu’il ne tient pas en place et bondit avec vivacité sur la première occasion de se lancer dans une aventure. Bref, cet  »agité du bocage brabant » ferait passer son compatriote Tintin pour une limace picarde neurasthénique. Vif, nerveux, agile, et paraît-il économe (le futur symbole des Caisses d’Epargne, mais ceci est une autre histoire), le Spirou n’a rien à voir avec la racine ‘spir-‘ que l’on trouve dans respirer, inspirer/expirer, laquelle évoque un souffle (évident), éventuellemen tourbillonnant, d’où le terme de…spirale.

En fait, ce ‘spirou’ vient d’une déformation de ‘squirou’, directement issu du grec ‘skiuros’, puis du latin ‘sciurius’ dont le diminutif ‘scuriulus’ donnera le mot français ‘écureuil’, en conservant le ‘l’ et le ‘i’ du latin. Cet ‘escureuil’ grimpe dans la langue française à l’entrée du 12è siècle sous la forme ‘escuriol’, et sautera même au-delà de la Manche pour s’installer dans les arbres de Trafalgar Square sous la forme ‘squirrel’, un mot de même poil.

Par contre, le spirou germain va prendre une apparence plus monstrueuse avec ‘eichhörnchen’, qu’il faut comprendre comme ‘eichhörn-‘ (l’écureuil) + ‘-chen’ (suffixe diminutif, exactement comme le latin sciurus-lius). L’écureuil est donc une petite chose, mais beaucoup plus poétique que ne le laisserait croire ce terme germanique, car dans ‘eichhörn’, il y a déjà ‘eich’ + ‘hörn’, soit le chêne + la corne, ce qui éclaire le surnom que lui avaient donné les Teutons du Moyen-Age: «(sous-entendu: le-petit-être) à cornes (ses oreilles pointues) qui vit dans les chênes»! Poètes, mais myopes, les Teutons! A rendre jaloux les capricornes (les insectes).

En Gaule, puis en France, notre ‘scuriulus’ va donc se transformer en ‘escuriulus’ puis écureuil, permettant alors de créer un certain nombre de patronymes désignant, comme Spirou, des personnes sautillantes et rapides, tels les Lécureuil, les Lécureux (1), les Lécuroux, et les Lesquirol ou Esquirol, qui font tous partie de la même branche (de chêne ou pas). Rappelons ici que la syllabe centrale ‘scu-‘, sur laquelle s’appuie la racine, vient du mot grec ‘skia’, qui veut dire l’ombre (2)…Exemple (chirurgical): dans une salle d’opération, ou chez un dentiste, le ‘scia-lytique’ désigne le projecteur-réflecteur qui supprime l’ombre (-lytique vient d’un verbe qui veut dire défaire, délier). Appliqué à notre bestiole, cela nous donne très précisément comme étymologie: (sous-entendu: l’animal) qui vit à l’ombre de sa queue, performance dont peuvent se prévaloir peu de créatures, sauf le paon peut-être…

En réalité, si l’on en croit l’image projetée par l’écureuil dans certains jargons professionnels, l’ami Spirou aurait dû être coureur cycliste (c’est le sobriquet que donnent les coureurs sur route aux pédaleurs sur piste). Dans la police, si vous envoyez un collègue ‘promener l’écureuil’, c’est qu’il doit faire sa ronde de nuit. Quant à la SNCF, c’est ainsi que l’on désigne les agents chargés de l’entretien des catérnaires au-dessus des voies, pour lesquels on devrait carrément parler d’écureuils volants. Finalement, groom d’hôtel, c’est plutôt une façon de veiller tranquillement sur ses noisettes, non?

(1) Ne pas oublier l’accent, car il existe des Lecureux, sans accent, des gens dont l’activité était de…curer (des fossés, souvent). Ne pas confondre!
(2) En complément de ce sujet, lire aussi l’article sur la ville iséroise d’Echirolles, même racine. (octobre 2012).


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