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Tabary (Jean)

The new is not good: le grand vizir Iznogoud et le calife Haroun El Poussah (entre autres) sont orphelins, car le dessinateur de celui qui voulait devenir calife à la place du calife nous a (aussi) quitté en ce mois d’août, occasion supplémentaire pour rappeler son patronyme, en mémoire et pour mémoire.

Il s’appelait donc Jean Tabary, mot assez peu répandu et originaire des lointaines brumes du 13è siècle et de la Mer du Nord, débarqué sur les plages de Calais avec quelques probables visiteurs moustachus d’origine germaine. Le terme va donc s’implanter surtout dans le Nord, le Pas-de-Calais ou la Somme (logique), mais aussi donner une version proche Tabari, qui va descendre, au fil des siècles, jusqu’à la Loire-Atlantique via la Normandie, pour finir en Charente-Maritime, qui est justement le territoire familial et la dernière demeure de notre Jean.

Tabary est formé de deux éléments: une racine ‘tabar’ + une lettre finale ‘y’, simple marque d’un locatif, terminaison donnant en général au mot le sens de ‘celui qui habite à tel endroit, ou qui habite à l’endroit où il se passe telle ou telle chose’. Ici, on a plutôt affaire à une sorte d’étiquette (de vêtement!), puisque le ‘tabar’ désigne, dans les sociétés guerrières du Moyen-Age, une sorte de long manteau que l’on portait par-dessus l’armure (1). Tabary est donc le surnom donné au porteur de ce manteau, ou, parallèlement, à celui qui le fabriquait; on applique à la personne qui avait un rapport caractéristique avec un objet le mot qui définit cet objet; exemples: celui qui « pérégrine » (qui fait du chemin) va s’appeler un pèlerin donc porter une pèlerine; celui qui fabrique des bijoux va être nommé bijoutier, etc…

Autres formes de ce porteur de tabar: on trouve aussi des versions Tabard ou Tabart dans d’autres régions ( en Manche, Rhône, et Aveyron) des Tabar (aux Antilles), des Tabareau (en Vendée), et même des…Tabarly (oui, comme Eric, mais pas forcément qu’en Bretagne). La variante la plus inattendue est tout de même Tabarin, sonorité qui parlera sans doute à nos plus anciens lecteurs, car, dans les deux derniers siècles, il y a eut des théâtres Tabarin, des cinémas Tabarin, et encore aujourd’hui des restaurants ou des bars Tabarin (surtout à Paris, quartiers Montparnasse ou Sacré-Coeur).

Le mot évoque en effet un Paris-canaille, Pigalle et petites-femmes, à cause de cabarets réputés pour leur(s) liberté(s) dans les années 1900. Or, on doit toutes ces histoires et cette réputation à un contemporain de…Henri IV (!), charlatan très connu dans la capitale, bateleur qui haranguait les passants sur le Pont-Neuf, vendant tout à la fois des produits-miracle et débitant des monologues d’une vulgarité qui choquait une bonne société qui n’avait donc de cesse d’accourir pour écouter ses improvisations théâtrales, dont l’un des sujets philosophiques favoris était «Pourquoi les chiens lèvent-ils la patte pour pisser?»(authentique).

Il n’empêche: on dit que sa gouaille a inspiré (parce qu’ils en ont parlé eux-mêmes dans leur correspondance!) aussi bien…Molière, que Boileau ou Voltaire, excusez du peu! Quoi qu’il en soit, pareil personnage ne pouvait qu’avoir des origines plus ou moins fantasmées. On le disait parisien ou normand; il était en fait de naissance italienne, descendant d’une famille Tabarino, ce qui signifie en patois milanais…’le petit manteau’. Comme quoi, il n’y a pas de hasard, mais  que ce manteau ne recouvre jamais l’oeuvre de Jean Tabarin!

(1) Revisionnez, si possible, l’excellente série d’Arte sur « Les Germains », voire la séquence d’ouverture du film «Gladiator»


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