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Taylor (Rod)

Il ne s’appelait pas Charlie, alors vous avez peut-être raté l’information: le célèbre héros hitchkockien, grand ‘chasseur’ des «Oiseaux» est mort cette semaine. Il a promené sa silhouette carrée de rugbyman…australien pendant plus de cinquante ans dans le cinéma hollywoodien. Rien de très affolant dans l’étymologie de son nom, mais une belle occasion de réviser très simplement quelques synonymes faciles. Et parfois surprenants…

Je ne sais pas si ‘my Taylor était rich’, mais le patronyme anglo-saxon est évidemment vieux de plusieurs siècles (environ une dizaine), et s’est développé surtout à partir du 12ème siècle pour désigner un…tailleur (non?). Sauf que, comme le mot français qui va apparaître à la même époque, les Tailleur ou Tailleux, nom de métier devenu surnom puis nom ‘de famille’, désignaient surtout les tailleurs de pierre, de bois ou de cuir (*), et non pas de tissu, comme pourraient le faire croire les vendeurs d’étoffe et les confectionneurs de costumes, qui récupèreront finalement le terme. N’oublions pas au passage les Taillis (ceux qui défrichaient des clairières) ou les Taillan (ceux qui habitaient près d’un rocher aiguisé, donc ‘coupant’)!

Quant aux manipulateurs de coupons de soie, on les appelait plutôt les Tellier ou Letellier, d’après le mot latin ‘tela’, la toile. Presque par opposition, la taille (du tailleur) vient d’un autre mot, proche mais sans équivoque, qui est ‘talea’, et qui désigne pour les Romains une pointe ou une pique, et plus généralement un objet à l’arête coupante! C’est ce sens qui prévaudra quand, en priorité, il faudra qualifier les ‘découpeurs de pierre de…taille’ pour lesquels de vulgaires paires de ciseaux ne seraient d’aucun secours (sauf à bois, le cas échéant). Or, cette idée de pointe va également s’appliquer dans deux autres domaines: l’un est le végétal, où la taille va devenir une greffe, donc la définition d’un bourgeon ou d’une bouture (une petite pointe); l’autre -plus rare- est le financier, où le petit bout que l’on va couper va représenter un…lingot (je ne garantis pas la conformité auprès de la Banque de France, mais finalement my taylor is plutôt rich).

Bref, notre Taylor, tout comme l’actrice…anglaise Rosemonde, dite Liz en raison de son autre prénom Elizabeth, sont les descendants, avec des milliers d’autres, de travailleurs de la pierre (jusqu’au 16ème siècle) puis du tissu (à une époque plus ‘moderne’). C’est en Europe que s’est le plus rapidement imposé le sens de spécialiste de la confection, mais toujours en partant d’une idée d’artisanat ou de ‘faiseur’ (terme classique français), que l’on retrouve dans la forme Snyers en néerlandais, décalque abrégé du germanique Schneider. Dont on rappelle ici que c’est le patronyme d’une autre actrice prénommée (à l’écran) Romy, qu’on a eu le bon goût de ne pas rebaptiser Rose-Marie Tailleur (traduction littérale de son nom) en France (**). Ca vous la coupe, non?

(*) Et même de fer, d’où le nom francophone de Taillefer (plus exigeant musculairement que les Taillevent, qui n’étaient pas des cuisiniers mais des gens dont la maison était abritée des courants d’air…

(**) Pour d’autres détails, voir aussi la chronique sur la marque éponyme (mars 2014) en tapant le mot dans le champ de recherche en haut à droite de cette page.


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