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Tournaire (Serge)

La mise en examen du candidat François Fillon a pointé les projecteurs de l’actualité sur le juge chargé d’instruire  »l’affaire », un magistrat (re)connu pour sa discrétion (!a preuve, pas de photo) mais aussi sa détermination. Cette nomination sera-t-elle à l’origine d’un tournant dans les événements? A tout le moins d’un point de vue étymologique, quitte, à force de rebondissements, à donner le…tournis aux citoyens.

Aucun jeu de mots déplacé dans le patronyme de notre personnage, puisqu’il est indéniable que la racine originelle ne peut venir d’une autre source que le verbe latin ‘tornare’, qui signifie…tourner, au sens propre (enfin, sauf quand on a les mains dans la glaise), c’est-à-dire donner la forme d’un tour, ou faire faire un tour (qui n’est pas forcément une promenade) à de la matière pour obtenir un objet de forme ronde. Très basique donc, le tour. Ce n’est qu’à la fin du Moyen-Age que la langue française va l’appliquer, au sens figuré, à tout ce qui peut suivre une courbe, nous en reparlons bientôt…

En attendant, et bien que ce ne soit pas le métier le plus fréquent de nos jours -ceci expliquant cela, la raréfaction puis l’oubli progressif du mot- un ‘tournaire’ est la définition professionnelle du tourneur. Au 21ème siè!cle, c’est, au mieux, le producteur qui organise des ‘tournées’ (dont le tracé n’est pas plus rond que ne l’est celui du Tour de France, mais là n’est plus la question depuis longtemps). Dans beaucoup de patois, dont celui de Provence, région de naissance de Serge, mais cela ne prouve rien a-priori- on trouvera l’orthographe occitane ‘tournayre’, avec un suffixe caractéristique d’une fonction ou d’une activité (le festayre, c’est celui qui fait la fête; le paloumayre, c’est celui qui élève -et chasse- des palombes, etc).

Ainsi vont naitre également de nombreux noms issus de toponymes (des noms de lieux) dont les Tournant, les Tournier et les Tournière, ou encore les Tournerie., lesquels font allusion, dans l’ordre: à l’habitant (tourn-ant) d’un site où il y a un…virage (1); à un endroit où il fallait opérer un changement de direction (tourni-er); ou à la localisation d’un atelier de tourneur (la tourne-rie).

Quelques cas homonymes posent néanmoins question, comme certains Tournant dont on trouve des sens figurés après la Renaissance, pour qualifier des gens au caractère changeant («tu me fais tourner la tête…»); quant aux Tourne ou Le Tourne, ils peuvent aussi venir d’une racine celte (turno) qui signalait une hauteur, d’où le nom d’un certain nombre de communes françaises situées sur une crête (ce qui n’exclut pas quelques virages pour y monter, mais bon…).

Quoi qu’il en soit, le terme original a donné forme à une immense famille de mots dérivés, ce qui prouve qu’il avait plus d’un tour dans son sac: commençons donc par la ‘tournée’ (y compris celle du boulanger dans les campagnes), censée faire une boucle tournante pour plus d’efficacité (et d’économie de carburant). Si les choses se passent bien, autant dans son entreprise que dans son courrier, elles prendront alors bonne ‘tournure’ (des courbes statistiques ou littéraires en bonne harmonie); pas trop vite pour ne pas donner le tournis donc, surtout s’il y a matière à tournage (de cinéma), c’est-à-dire un mouvement régulier du poignet du caméraman pour enclencher la pellicule (2)…En cuisine, que ce soit avec un poulet (tournebroche) ou avec un steack (tournedos), il vous faudra un certain ‘tournemain’ (devenu, à tort, tour-de-main après le 16è siècle) surtout si vous battez des oeufs en neige. Dans un garage -entre autres- vous utiliserez un tourne-vis (contracté depuis en un seul mot), mais ce n’est pas l’arme la plus efficace pour faire un ‘tournoi’ (après chaque passage en lice, le chevalier est obligé de tourner, puis de se re-tourner pour croiser à nouveau son adversaire), mot devenu définitivement vide de sens quand il s’agit d’échecs ou de belote (sauf, à jouer en même temps aux chaises musicales).

Conclusion: notre héros, qui n’a rien d’un empoté (du tour), a l’esprit plutôt bien tourné et était sans doute l’homme idéal pour s’intéresser à d’éventuels dé-tournements, et à poursuivre des investigations dont rien, évidemment, ne pourra le dé-tourner. Surtout étymologiquement.

(1) fâcheuse confusion: en fait, un virage n’est qu’une nouvelle orientation du chemin que l’on suit, un tournant suppose qu’on ait abandonné une voie pour en prendre carrément une autre (sans oublier de mettre le clignotant).
(2) Ca, c’était à la fin du 19ème siècle, mais on dit toujours «ça tourne» lors de prises de vues numériques!


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