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Trichet (Jean-Claude)

L’actualité a parfois de l’audace -et l’étymologie de l’effronterie- car, en pleine période de crise financière entre autres européenne, le Président de la Banque Centrale Européenne s’appelle Jean-Claude…Trichet. Egalement ex-inspecteur des Finances, ex-directeur de cabinet du Ministre des Finances, ex-directeur du Trésor, ex-gouverneur de la Banque de France, voilà un homme qui a dû essuyer suffisamment souvent une ironie aussi mal placée que linguistiquement approximative!

En effet, beaucoup de dictionnaires étymologiques vous définissent laconiquement Trichet comme un patronyme issu du verbe d’ancien-français « trichier », lequel signifiait tromper; voilà donc le surnom classique donné à un personnage trompeur ou rusé. Même punition semble-t-il pour la version péjorative de ce nom, qui est Trichard, attesté dès le 13è siècle, c’est dire…

Or, les choses ne sont pas aussi simplistes qu’elles en ont l’air, car la véritable étymologie de « trichier », c’est le mot latin « tricae », nom commun qui évoque des broutilles, des vétilles, des choses sans importantes, bref, des petits-riens, mais comme disait Raymond Devos, rien c’est déjà quelque chose…Progressivement, au fil des siècles, ces « tricae » de rien du tout vont désigner plus spécifiquement des petits ennuis, des tracas; puis cela va devenir de gros ennuis, bref des événements qui vous mettent dans une situation…inex-trica-ble.

Par ailleurs, entre le 12è et le 17è siècle, un «tricheur » (on disait aussi triqueur) n’avait rien à voir avec quelqu’un qui trompait son monde, mais avec quelqu’un qui cherchait à se sortir de ses ennuis, pour rester fidèle au sens premier. On utilisait alors pour ce pauvre homme une forme de participe présent, avec une lettre plus gutturale au milieu du mot, mais formé sur la même racine, on l’appelait un…trigant. Lequel trigant, pour arriver à ses fins devait…in-triguer, autrement dit devenir un intrigant, quitte à employer quelques moyens malhonnêtes, et voilà comment, en plus, on devient tricheur!

Remarquez, il y a une autre étymologie possible aux patronymes Trichet ou Triquet, c’est une histoire de…trique, évidemment. Le mot vient du néerlandais « striken » (que l’on retrouve de façon limpide dans l’anglais « to strike », battre) et qui évoque un mouvement de frappe. Aucun rapport avec la violence: il était question en l’occurrence de battre le grain qui pouvait dépasser d’une mesure, en utilisant pour cela un petit bâton qui faisait tomber l’excédent de marchandises du récipient; voilà la définition de base d’une trique, non pas un gourdin mais un instrument de mesure. Il y a même encore plus petit que cette trique: pour désigner un tout-petit bâton (quasiment une tige) qui sert à un usage bien précis et qu’on utilise en général par deux, on va dire un…tricot, mot qui désigne à l’origine non pas le résultat de l’opération mais les petites triques – ou si vous préférez les grosses aiguilles – qui vous permettent de…tricoter.

Voilà sans doute pourquoi il est si difficile de conserver sa pelote de laine en période de crise boursière, surtout sans tricher.


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