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Vandenbeusch (Georges)

C’est le nom de plus étrange -pour beaucoup- dans l’actualité de la semaine. Il appartient à un prêtre en mission enlevé au Cameroun, et l’on souhaite oublier ce patronyme le plus rapidement possible, après libération évidemment. L’occasion permet néanmoins de mettre le doigt sur plusieurs aspects de l’onomastique (la science des noms propres): outre l’analyse objective du mot, les medias ont presque tous opté pour deux comportements très caractéristiques (et peut-être caractériels) vis-a-vis de cet homme : la mention systématique de sa nationalité, et l’identification rapide par le seul prénom. Curieux…

Premier aspect de cette médiatisation, l’affirmation de la nationalité. La presse n’a probablement rien contre les gens du Nord, mais il se trouve que ce monsieur est ‘vraiment’ français, malgré la consonance flamande du nom. Or, flamand n’est pas que néerlandais ou belge, puisque tout le nord de l’Europe a construit son répertoire d’Etat-Civil sur les influences, celles de tribus germano-scandinaves qui partageaient, il y a une dizaine de siècles, les mêmes racines linguistiques. De fait, préciser -inconsciemment?- à chaque fois qu’on en parle, que (sous-entendu: c’est bien un) «prêtre français» qui a été enlevé, est un poil désobligeant pour toutes les familles des départements situés entre Calais et Amiens (au minimum). De la même façon, tous les noms alsaciens ne sont pas ‘allemands’ mais, également, germains; et les noms en -ez ne sont pas forcément espagnols, et ceux terminés en -i ne sont pas obligatoirement italiens, etc…(1)

Second phénomène assez inattendu: non seulement le patronyme Vandenbeusch est trop ‘étrange(r?)’, mais il est aussi probablement trop compliqué à dire pour la bouche française, car il a produit le même effet que pour le Pape actuel, on n’a rapidement retenu que son…prénom! Pour le Souverain Pontife, on ne donne pas son ‘numéro’ pour éviter l’équivoque -principalement française- avec l’emplumé de Marignan; pour le prêtre (quel parallèle!) enlevé, il est vite devenu ‘le père Georges’, familiarité inattendue qui fait bien rire les Sétois désormais dépouillés du surnom traditionnel de M. Brassens. Ne veut-on pas déposséder ainsi la personne de son identité? Car, curieusement, quand on cite le patronyme, il est inévitablement accompagné de la nationalité; quand on le tait, on mentionne alors son prénom. Puisse ce phénomène avoir au moins pour effet d’ancrer son présence dans l’attention des autorités, en espérant que ce n’est pas l’arbre qui cache une autre forêt.

Vous allez voir que l’expression est d’ailleurs incontournable en la circonstance, puisqu’il faut bien quand même expliquer le sens précis de ce nom, si vous ne l’avez déjà deviné. Vandenbeusch se décompose en trois parties, typiquement ‘flamandes’ donc: van-den-beusch. Le premier mot est une préposition, qui marque parfois la filiation mais le plus souvent la provenance de la personne (ou du moins de son ancêtre); équivalent français: de ou du, comme Delaroche, Delarivière, Dupont, Dumont, etc…pour désigner ‘celui qui vient’ du rocher, de la rivière, du pont, de la colline, etc.

Le deuxième mot est un article (ici, neutre ou masculin, mais il y a parfois de féminin ‘der’ en néerlandais) et il fait le lien entre la préposition et le mot qui suit; on a donc affaire à (sous-entendu, encore) ‘quelqu’un qui vient de..le (on dit ‘du’ en français) quelque part.

Et enfin le ‘beusch’ est un toponyme, un nom de lieu naturel, qui représente l’habitat ou l’environnement de l’habitat de la personne. Vous pouvez aussi l’écrire busche, busch ou bush, il s’agit toujours des…racines d’un bois ou d’un bosquet (parfois même un simple buisson), pour se rapprocher au plus près du français, ou même de l’occitan bosc, boscq. Il faut croire qu’il y a beaucoup de monde dans les forêts, puisque par conséquent les Vandenbeusch sont voisins et littéralement cousins des Dubois, des Dubosc, des Dubusch, sans oublier d’une certaine façon les Dubuisson.

Georges se fût appelé Dubois, il aurait sans doute bénéficié d’une sorte de nom de scène plus facile à dire et à écrire pour les médias. Grâce à Dieu (si j’ose dire), son ancêtre n’habitait pas près d’une digue ou d’un barrage -naturel, à l’époque-, ce qui les eût obligé à l’appeler Van Damme. Ou alors, la version non pas belge mais néerlandaise Van Dam (comme le ténor José), ce qui est tout de même mieux pour faire entendre sa voix.

(1) Au train actuel, on s’attend bientôt à lire: ‘la ministre guyanaise Taubira’, ‘le ministre catalan Valls’, ‘le roumain Moscovici’, ‘le président néerlandais Hollande’…


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