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Vassiliu (Pierre)

Bien mieux que de se demander «qui c’était ce mec-là», il faut s’intéresser à l’oeuvre musicale, littéraire et poétique de Pierre Vassiliu, chanteur français d’ascendance roumaine (comme disent les articles de presse), car il a été l’auteur de textes aussi émouvants que provocateurs («La Femme du Sergent», censuré en 1964 pour cause d’irrespect envers l’armée française). Ce qui fait de lui, sans rivalité, l’un des rois de la chanson, surtout étymologiquement.

Notons tout de suite cette provenance roumaine, marquée par un ‘u’ final caractéristique (et probablement issu d’une version indigène* ‘allongée’ en Vassiliescu). Il s’agit en fait d’un terme hérité d’une large zone euro-moyen-orientale, dont la souche principale semble venir d’Arménie (vassili- et tous ses composés). En fait, on trouve ce nom sur tout un axe Syrie-Grèce-Turquie, plus ou moins adapté aux langues locales, mais toujours issu d’un mot grec.

En effet, contrairement à une première impression, Vassiliu n’a rien à voir avec un vassal, et donc pas de relation avec les Vassel, Vasselin ou Vasselon français (eux-même dérivés d’une racine germanique évoquant un fond de garantie ou un gage de propriété). Pour bien comprendre l’évolution du mot, il faut faire appel à ce phénomène de prononciation souvent cité ici, la possible alternance entre les lettres V et B, illustré en général par des exemples franco-espagnols (vie/vida, vin/vino, vente/venta, etc).

Ici, avant d’être ‘adouci’ en V, le mot était en fait ‘Bassili(u)’, importation directe du grec ‘basiléus’, qui signifie roi. Pendant longtemps, avec une majuscule, le Basiléus était spontanément compris comme le Roi de Perse (le Roi des Rois) ou, à Rome, comme l’Empereur (sous Auguste). Il devient ensuite le roi d’un pays mais aussi très vite celui d’une province (grecque, toujours) voire d’une simple région. Au fil du temps, il se vulgarise encore pour devenir un chef de tribu puis un chef de famille**. En fin de règne, le mot n’est plus que le symbole du meilleur d’un groupe (professionnel: ‘le roi des boulangers’) et même d’un moment (‘le roi de la soirée’)!

Mais ce roi a de nombreux descendants dans le langage commun, à commencer par tout ce qui porte couronne (ou ressemblant) comme l’oiseau à la huppe appelé basiléios (littéralement: le petit roi ou roitelet); ou si vous préférez la racine originale, le basilic, ce lézard vert qui court sur l’eau avec sa crête (couronne) verte! Puisqu’on parle de vert, autant citer tout de suite le basilic ou plante basilique, autrement dit la ‘plante du roi’ à l’histoire douteuse: reconnue comme toxique dès l’Antiquité, il y a peu de chances que ce soit un titre de gloire ou un aromate réservé au(x) roi(s). Peut-être les Grecs avaient-ils remarqué la prolifération du végétal qui faisait des pousses ‘au-dessus’ des autres? Ou est-ce une allusion culinaire de l’herbe-qu’on-sert-autour (d’un plat), à l’image du sens figuré, celui de la Cour, des courtisans et de tout entourage du roi comme les ministres et ambassadeurs?

Aucune erreur en tout cas en ce qui concerne la basilique, édifice…civil représentant un portique royal, symbole de pouvoir militaire, qui ne deviendra Basilique qu’au 4ème siècle, avec la construction de la Basilique de Constantin sur le tombeau du Christ-Roi! Mais celui qui propulsera le mot sur le devant de la scène est un certain Basile, évêque de Césarée (station balnéaire au nord de l’Israël actuel), fils de très bonne famille puisque né de sainte (Emilie) et frère de deux autres saints et d’une sainte (F4 réservé au paradis!). C’est ce Basile-là, dont le renom traversera les pays, qui donnera les Basil, Basille, Basille et même les Basilletti (corses), tous possédant une version avec un ‘z’ à la place du ‘s’.

Même chose donc pour les Vasil, Vasill et Vasilliu, dernière pierre de cet édifice forcément royal. Quoi qu’il en soit, basil/vasil gardera le sens de supérieur ou principal, surtout si vous allez faire une prise de sang, souvent pratiquée dans le creux du bras sur la veine basilique, passage royal pour accéder à vos globules. Y compris donc étymologiquement.

(*) contrairement au vocabulaire colonialiste, ‘indigène’ n’est pas réservé aux populations d’Afrique, ou éventuellement d’autres continents (avec le sens permanent de ‘sauvage’) mais qualifie ce qui est ‘propre au pays’ (indi-gène).
(**) attention, au sens grec ou romain, ça peut faire du monde, en incluant les collatéraux, les employés, les esclaves et autres…


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